Justice

L’étudiant Bruno Mboulou Beka toujours pas inhumé depuis son décès en décembre

L’étudiant Bruno Mboulou Beka toujours pas inhumé depuis son décès en décembre
L’étudiant Bruno Mboulou Beka toujours pas inhumé depuis son décès en décembre © 2015 D.R./Info241

Les incidents du 20 décembre 2014 demeurent à ce jour un mystère pour les autorités judiciaires Gabonaises. L’on ne sait toujours pas 8 mois après la manifestation publique de l’opposition, les raisons ayant entraîné la mort de l’étudiant Bruno Mboulou Beka. La famille du défunt avait conditionnée son inhumation à la manifestation de la vérité sur ce crime imputé à la puissance publique Gabonaise.

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Le corps de Mboulou Beka, 30 ans, étudiant à l’école nationale d’arts et manufacture (ENAM), abattu par les forces de sécurité et de défense le 20 décembre 2014 à Rio, à Libreville, se trouve encore à la morgue de la société Gabosep.

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Le 20 août, les proches de Mboulou Beka se sont rassemblés à Konoville, dans la province du Woleu-Ntem (nord du Gabon), la région natale du défunt, pour une manifestation de recueillement. A l’issue de cette manifestation, ils ont décidé de ne retirer le corps de la morgue qu’après l’éclatement de la vérité. « Nous exigeons une autopsie consensuelle où il y aura les représentants de la famille, du clergé que les représentations diplomatiques et de l’Etat. Une fois que cela sera fait, nous pourrons organiser les obsèques », a conclu le frère aîné du défunt.

La sortie de la famille du défunt le mois dernier

La famille du défunt conditionne le retrait et l’inhumation de la dépouille à l’ouverture d’une enquête et à l’autopsie. Dans un climat politico-social explosif, où sont rassemblés tous les ingrédients d’une révolution, ce dossier apparaît comme une véritable patate chaude pour le régime du président Ali Bongo Ondimba.

Ce dernier avait reconnu lors d’une manifestation publique qu’il s’agissait bien d’un assassinat. Il avait ordonné l’ouverture d’une enquête pour déterminer les circonstances exactes et de ce crime et en démasquer les auteurs. Pourtant, les autorités judiciaires s’étaient montrées dubitatives, allant jusqu’à insinuer que le crime n’avait pas été commis par les forces de sécurité et de défense.

L’on se souvient que Mboulou Beka était vêtu d’un tee-shirt et d’un pantalon sombre, couché en décubitus dorsal, les bras écartés, gisant au sol, une balle logée dans la tête. Le 20 décembre 2014, les Gabonais découvraient, à la télévision et sur la toile, les images de l’étudiant - père de trois enfants - qui s’était effondré sur le théâtre d’une manifestation de l’opposition, autorisée puis interdite in extrémis par le gouvernement.

CRIME DE DISSUASION. Quelques heures plus tard, les opposants avaient accusé les escadrons de la mort à la solde du régime d’Ali Bongo Ondimba, parlant d’un crime de dissuasion. Mais le gouvernement a réfuté ces accusations. Depuis lors, le corps de la victime n’est toujours pas inhumé. Le parquet n’a toujours pas ouvert l’enquête censée faire la lumière sur cette affaire.

Lors d’une conférence de presse tenue le 23 janvier dernier, l’avocat de la famille, Me Paulette Oyane Ondo, a expliqué que ses clients ont décidé de porter plainte contre les pouvoirs publics afin de faire toute la lumière sur les circonstances de ce décès. « On a porté plainte sur la base des instruments internationaux des droits de l’homme qui disposent qu’en cas d’assassinat, les ayants droit ont droit à la vérité », avait déclaré l’avocat, s’exprimant au domicile familial du disparu en présence des parents de ce dernier.

Et de renchérir : « On attend qu’on nous dise qui a donné les ordres, qui a tiré bref, on veut connaître toute la chaîne qui a abouti à l’assassinat de Mboulou Beka », a-t-elle relevé, précisant que la plainte a été déposée au cabinet du premier juge d’instruction. Les ayants droit de Mboulou Beka sont officiellement partie civile. En réalité, cette plainte vise le président de la République, les ministres de la Défense et de l’Intérieur, les commandants en chef de la gendarmerie et de la police ainsi que le procureur de la République.

Avec Jonas Moulenda

@info241.com
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