Deniers publics

Fêtes tournantes : Jean Eyeghe Ndong déplore une « affaire montée de toutes pièces »

Fêtes tournantes : Jean Eyeghe Ndong déplore une « affaire montée de toutes pièces »
Jean Eyeghe Ndong lors de sa déclaration à la presse © 2014 D.R./Info241

L’ancien Premier Ministre, Jean Eyeghe Ndong a organisé un point de presse ce vendredi pour livrer sa part de vérité sur les fortes accusations de détournements de deniers publiques des Fêtes tournantes de l’indépendance de l’Estuaire des années 2006 et 2007. Pour lui, il s’agirait d’une mise en cause intuiti personae, une « affaire montée de toutes pièces ».

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Pour l’opposant aux côtés d’autres membres du Front de l’opposition, la cour des comptes qui a émis sur lui deux arrêts pour ces deux éditions des Fêtes tournantes suscitées, bien que provisoires, lui rendrait comptable de la gestion des fonds qu’il aurait reçu du Trésor public en sa qualité de président du comité d’organisation des fêtes tournantes de l’Estuaire. La cour l’accuserait de n’avoir effectué aucune dépense d’intérêt public de ces fonds (98,3 milliards au total).

La cour lui a enjoint :

de produire dans un délai de trois mois, à compter de la date de notification de ces arrêts, les comptes de gestion de fait englobant toutes les opérations effectuées dûment certifiées et signées, appuyées des pièces justificatives".

Il a déploré le fait de n’avoir pas été entendu par le gendarme des comptes publics avant la prise effective de ces deux arrêts. Il a précisé que la fonction de président du comité des fêtes tournantes n’était qu’une fonction protocolaire sans en avoir la gestion comptable ou d’ordonnateur de dépense.

Jean Eyeghe Ndong précise en quoi consistait ce poste : "Mes fonctions de Président du Comité des Fêtes Tournantes de la province de l’Estuaire se limitaient à présider les réunions (..). Suite à ces réunions, ces personnalités se mettaient en rapport avec les ministères des Travaux Publics, des Finances et des entreprises soumissionnaires en vue des procédures d’appel d’offres conformes au Code des marchés publics".

Après avoir battu en brèche sur le plan juridique et comptable les accusations qui pèsent sur lui, il s’est fendu :

je n’ai jamais joué au titre des Fêtes Tournantes le rôle ni d’ordonnateur, ni de comptable public".

Jean Eyeghe Ndong a tenu a rappeler sa probité morale : "j’ai servi l’Etat à un haut niveau. Par conséquent, je dois en principe retenir ma langue par rapport à des affaires dont j’ai eu connaissance à l’occasion ou par le fait de l’exercice de mes fonctions. Mais si on m’oblige à la délier, attention les dégâts pour tous ceux qui, en quête de légitimité populaire ont choisi malencontreusement de faire exploser la République".

Nous vous livrons l’intégralité de sa déclaration de ce 29 août :

Mesdames et messieurs les journalistes,

Mesdames et messieurs en vos diverses qualités,

Merci d’avoir bien voulu vous porter disponibles et d’avoir répondu favorablement à mon invitation de ce jour.

Mon invitation s’inscrit dans le contexte bien compris de la vie démocratique de notre pays telle que consacrée par le préambule et l’article premier de notre Constitution.

Cette Constitution, tout Gabonais de bonne foi et de bon sens le comprend parfaitement : sa formulation exclut tout acte et tout comportement assimilable à de l’opacité dans la gestion des affaires publiques. Ce qui, en conséquence, renvoie à la nécessité et à l’exigence pour nous tous, de la transparence dans la gestion de la chose publique, en d’autres termes la chose de l’Etat, c’est-à-dire la chose qui intéresse légitimement d’une manière ou d’une autre tous les Gabonais.

L’Etat, pour lequel, modestement mais fermement, j’ai toujours milité pour son respect pendant que j’étais aux affaires, non sans observer toutefois que certains compatriotes me considéraient un tant soit peu à cet égard comme un ringard. Mais où en sommes-nous aujourd’hui ?

Je parle de la gestion des affaires publiques au rang desquelles se range en très bonne place la justice, secteur de l’Etat qui fait beaucoup parler de lui en ce moment, à tort peut-être mais assurément de mon point de vue, à raison.

« Bonne gouvernance, enquêtes financières, la psychose gagne les rangs politiques » et « qui a géré les fêtes tournantes », tels sont les titres de deux articles que le journal l’Union n° 11 613 du mardi 26 août 2014 a consacré à ce qui fait l’un des temps forts de l’actualité dans les chaumières et les villas cossues des beaux quartiers. En tant que fidèle lecteur de ce quotidien, je l’en remercie pour cela.

Mesdames et messieurs,

J’imagine que vous êtes en train de vous demander où je veux en venir. Vous avez tout à fait raison.

Eh bien savez-vous que je suis l’objet de deux arrêts de la Cour des Comptes aux termes desquels je suis déclaré, certes à titre provisoire, comptable de fait de deux volumineuses sommes d’argent que j’aurai reçues du Trésor public en ma qualité de Président du Comité des Fêtes Tournantes de la province de l’Estuaire ? Et que, ayant reçu ces fonds, je n’ai effectué aucune dépense d’intérêt public. Autrement dit, selon ma compréhension, j’aurais utilisé ces fonds publics à des fins personnelles.

Ces fonds s’élèvent respectivement selon la Cour des Comptes à 1 milliard 300 millions de francs cfa d’une part, d’autre part à 97 milliards de francs cfa.

Je suis, en conséquence, enjoint par la Cour des Comptes de produire dans un délai de trois mois, à compter de la date de notification de ces arrêts, les comptes de gestion de fait englobant toutes les opérations effectuées dûment certifiées et signées, appuyées des pièces justificatives.

Telle est l’information judiciaire me concernant et qui m’a conduit à vous inviter ce jour.

Une information que je juge très grave portant sur des sommes particulièrement importantes que j’aurais reçues du Trésor public et devant servir à la réalisation des projets retenus dans le cadre des fêtes de l’indépendance du Gabon dénommées Fêtes Tournantes.

A l’entendement du commun des mortels, du Gabonais lambda, j’aurais détourné l’argent public, c’est-à-dire l’argent des contribuables Gabonais à des fins personnelles. Une mise en cause intuiti personae.

J’ai donc jugé utile par souci de transparence d’en informer l’opinion en constatant que la haute juridiction financière, la Cour des Comptes, n’a pas estimé nécessaire de m’entendre préalablement avant de prendre ses arrêts. Ce qui signifie pour moi qu’elle a obtenu et réuni tous les éléments d’information lui ayant permis de se prononcer comme tel.

Mesdames et messieurs,

Comme tout citoyen mis en cause dans une affaire, ayant reçu notification de ces deux arrêts, j’ai pris soin de saisir un avocat qui a fait à la Cour des Comptes une réponse au plan juridique, réponse pour exprimer ma surprise et dire à la Cour des Comptes simplement mon innocence totale face à de telles accusations.

Puisque je présume que la justice est indépendante et impartiale, elle est donc transparente. Puisqu’elle est transparente, elle s’exerce donc sans opacité aucune. Ainsi, s’agissant des fonds publics, en d’autres termes l’argent public que j’aurais reçu du Trésor public, les contribuables Gabonais devaient en être informés puisque c’est leur argent. C’est pourquoi, je mets l’affaire sur la place publique en demandant au peuple souverain au nom duquel la justice est rendue, soit de me clouer au pilori, soit de me laver de tout soupçon.

Cela dit, certes j’ai été désigné Président du Comité des Fêtes Tournantes de la province de l’Estuaire, il est important d’indiquer que cette désignation n’a pas été prononcée par un acte réglementaire, c’est-à-dire que le Chef de l’Etat qui en a eu l’initiative n’a pas pris un acte à caractère juridique à cet effet. Ceci m’autorise à dire qu’il s’agissait d’une fonction purement protocolaire justifiée par le fait qu’en tant que Premier Ministre à l’époque, j’étais la première personnalité politique de la province de l’Estuaire au plan de la préséance, province dont je suis originaire. C’est la pratique dans notre pays.

Mes fonctions de Président du Comité des Fêtes Tournantes de la province de l’Estuaire se limitaient à présider les réunions des personnalités politiques, membres du gouvernement, parlementaires et maires originaires et en fonction dans la province de l’Estuaire et à l’occasion desquelles ces personnalités déclinaient des projets d’infrastructures retenus dans leurs localités respectives. Suite à ces réunions, ces personnalités se mettaient en rapport avec les ministères des Travaux Publics, des Finances et des entreprises soumissionnaires en vue des procédures d’appel d’offres conformes au Code des marchés publics.

Mesdames et messieurs,

Si nous sommes dans le domaine strict du droit et si avec l’indépendance, l’impartialité, la neutralité, la transparence qui sont les fondements de l’appareil judiciaire, donc de la Cour des Comptes, qu’il me soit permis, sans faire offense aux distingués magistrats de l’ordre financier, de m’interroger à haute voix : puisque selon les deux arrêts de la Cour des Comptes j’ai reçu des fonds publics du Trésor public, dans un Etat de droit comme le nôtre, quelles sont les procédures officielles à caractère législatif et réglementaire pour obtenir du Trésor public de l’argent ? En d’autres termes, quelle en est la traçabilité ?

Sur le fondement des audits effectués par la Cour des Comptes de 2007 à 2013, en ce qui concerne la gestion des fonds débloqués par le Trésor public et devant servir à la réalisation des projets retenus dans le cadre des fêtes de l’indépendance du Gabon dénommées Fêtes Tournantes, la Cour des Comptes affirme dans ses deux arrêts que j’ai reçu les sommes de un milliard trois cent millions et quatre-vingt-dix-sept milliards sans avoir fait une dépense d’intérêt public.

La province de l’Estuaire ayant accueilli les Fêtes Tournantes en 2006 et 2007, à ma connaissance les projets retenus dans ce cadre ont été inscrits dans les lois des finances de ces deux années ainsi qu’il suit :

- Voieries de Libreville et départements : 15 000 000 000 f cfa ;

- Autres travaux : 5 000 000 000 f cfa ;

- Construction et équipement des bâtiments scolaires divers : 10 000 000 000 f cfa ;
- Construction et équipement bâtiments sanitaires : 10 000 000 000 f cfa ;

- Remise en état des réseaux divers : 5 000 000 000 f cfa ;

- Adduction en eau et électrification rurale : 5 000 000 000 f cfa ;

TOTAL : 50 000 000 000 f cfa.

Pour les deux exercices, nous en sommes à cent milliards de francs cfa. Ce qui logiquement veut dire que je suis sensé avoir distrait de ces cent milliards la somme de quatre-vingt-dix-huit milliards trois cent millions de francs cfa.

La loi n°11/94 du 17 septembre 1994 fixant l’organisation, la composition, les compétences, le fonctionnement et les règles de procédure de la Cour des Comptes dispose en son article 58 que « la procédure contradictoire est garantie par la règle du double arrêt qui demande à la Cour des Comptes de statuer par arrêt successivement provisoire, puis définitif et par la faculté qui lui est offerte de communiquer tout ou partie du rapport d’instruction au justiciable et à toute personne intéressée qui doit y répondre. »

Afin de me permettre de répondre à la Cour des Comptes dans les délais requis sur le fondement de l’article 58 ci-dessus, il conviendrait de mettre à ma disposition :

- Les rapports des audits sur le Fêtes Tournantes 2006 et 2007 réalisés par la Cour des Comptes et lui ayant permis de rendre ce jugement à titre provisoire ;

- Les quittances ou autres pièces comptables attestant des versements de ces montants à Jean EYEGHE NDONG ou à une personne morale dont il avait la gestion ainsi que l’identité de la partie versante ;

- Les références des comptes bancaires de Jean EYEGHE NDONG ou de la personne morale ayant reçu ces sommes.

De même, sur le fondement de l’article 57 de cette même loi, je demande à la Cour des Comptes d’entendre en qualité de témoin :

- Le ministre en charge du Budget en 2006 et 2007 en sa qualité d’ordonnateur principal du budget de l’Etat ;

- Monsieur le directeur général du Budget en 2006 et 2007 en sa qualité d’ordonnateur délégué du budget de l’Etat ;

- Monsieur le Trésorier Payeur Général en 2006 et 2007 en sa qualité de comptable principal du budget de l’Etat.

Ces personnalités sont en vie.

Chacun de ces témoins devra attester de ce que j’ai reçu ou pas la moindre somme d’argent relative à la réalisation des projets dans le cadre des Fêtes Tournantes. Ils devront également déclarer à la Cour de Comptes la destination des cent milliards de francs cfa de dotation budgétaire attribuée à la réalisation des projets de développement dans le cadre des Fêtes Tournantes 2006 et 2007 à l’Estuaire.

J’ajoute, qu’en tant qu’agent de l’Etat, au titre des Fêtes Tournantes, ne m’étant jamais immiscé dans les opérations de maniement des deniers publics, je n’ai jamais pu me rendre auteur de gestion de fait au sens du décret n°0653/PR/MBCPFPRE du 13 avril 2011, relatif au régime de responsabilité des ordonnateurs et des comptables publics. C’est donc dire que je n’ai jamais joué au titre des Fêtes Tournantes le rôle ni d’ordonnateur, ni de comptable public. Je ne vous agacerai pas en évoquant le cas d’une régie financière que l’on pourrait mettre en place pour les besoins d’une gestion particulière. Dans cette hypothèse, l’administration prévoit un comptable public et un ordonnateur. Or, ce n’est pas sur ce mode que les fonds des Fêtes Tournantes ont été gérés. Que la Cour des Comptes fasse donc des investigations pour connaitre le mode opératoire pour sortir l’argent du Trésor public sans pour autant vouloir lui faire des leçons.

Ce volet juridique, judiciaire et comptable étant posé, je m’en voudrai de ne pas analyser un tant soit peu cette affaire au plan politique.

Je commencerai par rappeler que depuis 2009, le Gabon connait une grave crise politique en raison du coup d’Etat électoral perpétré cette année lors du scrutin présidentiel. Tout le monde le sait, à commencer par ses auteurs. En clair, c’est la légitimité au plus haut niveau du pouvoir dont il s’agit. Le 16 juin 2009, au lendemain du décès du Président Omar BONGO ONDIMBA, lors de ses obsèques officielles mon message aux Gabonais a été très clair. Je le maintiens aujourd’hui d’autant plus que rien, absolument rien ne me convainc du contraire. Ceux qui ont cru que j’étais dans l’erreur et même dans la traitrise et qui sont au pouvoir à l’heure actuelle ont leur conscience avec eux. J’ai la mienne avec moi également. Seule, l’histoire avec un grand H nous jugera et saura de quel côté placer les partisans de ceux qui ont soutenu ce que je considère comme l’abaissement de notre pays en terme de valeurs républicaines et démocratiques et ceux qui ont résolument choisi la voie de la dignité du Gabon et des Gabonais. Je suis heureux et fier que, de ce point de vue, nous sommes des centaines de milliers de Gabonais.

Mesdames et messieurs,

Permettez-moi d’utiliser une image : le Gabon est une association de citoyens Gabonais, ne l’oublions pas. Son bureau directeur est l’Etat. Cet Etat est chargé de gérer l’intérêt général et non l’intérêt partisan des uns au détriment des autres ; cet Etat est chargé d’éviter de diviser les enfants du Gabon quelles que soient leurs divergences politiques exprimées dans le cadre démocratique consacré par notre Loi Fondamentale. Les détenteurs du pouvoir d’Etat et de l’administration publique n’ont pas le droit de faire du chantage aux autres citoyens ou d’user de menaces pour la conservation du pouvoir.

Hélas, nous en sommes là et nous le vivons tous les jours ; la preuve en est que je suis là aujourd’hui devant vous pour m’expliquer sur une affaire montée de toutes pièces, tout simplement parce que le pouvoir, considérablement gêné aux entournures du fait de son péché originel, l’illégitimité, choisit la stratégie de la diversion et de la désinformation et compte sur le temps médiatique qui fait peser le soupçon sur des personnes injustement mises en cause dans la gestion des fonds publics en général et des fonds publics relatifs aux Fêtes Tournantes en particulier et ainsi détourner l’attention de l’opinion de la réalité que connait le pays à l’exemple des véritables scandales financiers qui le gangrènent et continuent à le gangréner.

Mon patrimoine depuis le début de ma carrière publique peut être examiné à la loupe et il révèlera que le pédégiste que j’ai été naguère et l’opposant résolu que je suis devenu désormais ne cache aucune fortune ni au Gabon ni à l’étranger. Est-ce le cas de nos donneurs de leçons ? Veut-on ouvrir véritablement la boîte de pandore avec l’espoir de salir les opposants dont certains ont courageusement décidé, et avec raison, de quitter le bateau PDG ou de démissionner du gouvernement en 2009 pour ne pas passer pour complices dans des manœuvres et complots qui se tramaient entre personnalités qui profitaient de leurs positions dans l’appareil de l’Etat. A titre d’exemple, le complot le jour même de la prestation de serment de madame Rose ROGOMBE consistant à mettre en œuvre le plan du limogeage du Premier Ministre et le projet de le remplacer par son petit-fils sous prétexte qu’ils appartiennent à la même famille naturelle.

Pour ce qui me concerne, j’ai servi l’Etat à un haut niveau. Par conséquent, je dois en principe retenir ma langue par rapport à des affaires dont j’ai eu connaissance à l’occasion ou par le fait de l’exercice de mes fonctions. Mais si on m’oblige à la délier, attention les dégâts pour tous ceux qui, en quête de légitimité populaire ont choisi malencontreusement de faire exploser la République. Cette République, pour ne pas dire cet Etat, je la connais pour y avoir servi au sommet. Voulez-vous que j’ouvre quelques-uns de ces tiroirs au risque d’éclabousser plus d’un. Attention !

Pour parler encore des Fêtes Tournantes, se souvient-on encore qu’à l’Assemblée Nationale, lors d’une séance des questions orales au gouvernement, j’avais eu à dire que le Président de la République gagnerait à s’entourer d’une quinzaine d’experts pour déterminer les projets d’infrastructures qui lui paraissaient indiqués et utiles pour chaque province et assurer leur exécution ? Je me souviens encore, comme si c’était hier, de la curieuse réplique qui m’a été faite dans l’hémicycle ce jour-là : « vous n’avez pas de leçons à donner au Chef de l’Etat ». Et pourtant il se posait déjà à cette époque le problème des détournements des fonds prévus pour les Fêtes Tournantes. Un peu plus tard, le Fonds Monétaire International faisait parvenir un rapport sur ces Fêtes Tournantes mettant au jour l’inefficacité de la dépense publique. Ce fut un brulot.

Toujours concernant les Fêtes Tournantes, le Premier Ministre que j’étais n’a pas oublié qu’une partie des fonds publics prévus à cet effet se retrouvaient dans une structure bancaire privée de la place ; certainement pas à mon initiative, puisque je n’étais ni ordonnateur, ni comptable public.

Les Gabonais, j’en suis convaincu, ont suffisamment à l’esprit le mauvais rapport de certains Gabonais à l’argent et s’interrogent sur les biens privés payés par le contribuable : on en trouve à Paris, à Londres. On y compte des avions personnels, des voitures de luxe. Les mêmes Gabonais ont pu observer aussi comme par hasard le départ de leurs fonctions du Trésorier Payeur Général, du Ministre de l’Economie et du Ministre du Budget alors qu’ils venaient de réaliser une opération financière pourtant vantée par le régime. A ce sujet, des initiés des milieux financiers se souviennent qu’en 2013, le Gabon a contracté un emprunt obligataire sur le marché international pour un montant de 750 milliards de francs cfa. Une partie de cette somme a servi au paiement des échéances du précédent emprunt, celui de 2007, le reste, soit 450 milliards de francs cfa a été versé sur un compte ouvert à la Banque Centrale. Cet argent qui devait financer le budget 2013, puisque l’emprunt obligataire était inscrit au titre des ressources budgétaires, n’a jamais été mis à la disposition du Trésor pour le paiement des dépenses du budget. Quelle en est l’explication ? Voilà une question que l’on doit se poser et à laquelle doivent répondre ceux qui dirigent l’Etat au Gabon.

Chers compatriotes,

Vous qui avez choisi de soutenir Ali BONGO ONDIMBA et d’être les piliers de son régime, ne voyez-vous pas le jeu machiavélique auquel votre homme se livre ? L’enfumage juridique d’Ali BONGO ONDIMBA masque mal sa volonté de se débarrasser de tous ceux qui l’ont fait roi contre la volonté du peuple Gabonais. Monsieur Ali BONGO ONDIMBA voudrait laisser cette sale besogne à l’opposition gabonaise qui n’est pas dupe.

Mesdames et messieurs,

Nul ne peut être à l’abri des poursuites judiciaires. Même un Chef d’Etat peut voir son immunité levée par la seule volonté du peuple.

En résumé, la stratégie d’Ali BONGO ONDIMBA est connue par nous tous pour atteindre ses objectifs de 2016 : susciter des actions judiciaires à l’instar de celle ridicule de l’ONG Convergence, introduire une modification de la Constitution en y insérant le critère d’âge.

Mesdames et messieurs,

En vous informant que je détiens malgré tout le rapport d’audit des Fêtes Tournantes, je constate que trois personnalités y sont citées ; je serais heureux de savoir si elles ont fait l’objet d’un arrêt de la Cour des Comptes au même titre que moi.

De quoi parlons-nous donc ? De la gestion des finances dans notre pays ? Avons-nous la volonté et la détermination de faire la lumière et toute la lumière sur la gestion des fonds publics pratiquée depuis des décennies jusqu’à nos jours ? Ou bien, on se moque des Gabonais dont la majorité d’entre eux ne savent pas de quoi on parle.

Non messieurs ! La sauce ne prend pas, le bluffe non plus. Que le pouvoir cesse de présenter les opposants comme des affamés, des aigris ou des reliques surtout ceux qui étaient estampillés PDG et qui en sont partis, assurément pour faire œuvre utile et participer ainsi à la salubrité publique. D’ailleurs, constatant que cette tentative de diabolisation est contre-productive pour le pouvoir au sein de la population, celui-ci cherche à tout prix à noircir des personnalités dont le pêché est d’avoir dit non à un régime politique marqué par le mensonge.

Un pouvoir qui brille quotidiennement par des frasques de toute nature, qui prétend que l’opposition n’a pas de projet politique, ne sait-il pas qu’une opposition responsable ne dévoile pas ses stratégies face à un adversaire. Et quel adversaire qui s’emploie à effacer allègrement les rares traces d’histoire de notre pays comme s’il avait des comptes à régler à quelqu’un. Pour quelle raison par exemple a-t-on rasé le Palais des conférences de la Cité de la Démocratie pour abriter désormais les réunions officielles sous une tente ? Je ne suis pas sûr que le Président Omar BONGO ONDIMBA en serait fier. Pourquoi les bâtiments de l’hôpital Jeanne EBORI ont disparu du paysage ? Le Gabon a désormais véritablement l’allure d’un territoire soumis à l’autorité aveugle d’un calife. Mais heureusement, la raison prendra inéluctablement le dessus face à l’aveuglement d’un apprenti monarque des tropiques.

Qui croit-on tromper en faisant semblant de déclencher maladroitement des enquêtes financières dans ce pays où l’exemple de la mauvaise gestion vient d’en haut. L’opposition ne tombera pas dans le jeu du chantage qui a pour finalité, en organisant et en maintenant en permanence un climat de menaces dans le pays, d’amener les leaders de l’opposition à la faute aux yeux de leurs compatriotes mais aussi aux yeux des partenaires du Gabon par des déclarations à l’emporte pièces sur des comportements immoraux des responsables politiques passés ou actuels.

Nous sommes tous justiciables au Gabon : dirigeants politiques majorité comme opposition, fonctionnaires et hauts fonctionnaires, députés, sénateurs, ministres, Premiers Ministres, Présidents d’institutions, Président de la République. A tous ceux-celà je pose encore la question : sommes-nous disposés à ouvrir le dossier de l’enrichissement sans cause des uns et des autres dans ce pays ? Plus trivialement, sommes-nous décidés à ouvrir le ventre de notre Etat ?

Si nous n’avons rien à nous reprocher ou à cacher, pourquoi donc refusons-nous la tenue d’une Conférence nationale souveraine ou une manifestation similaire pour examiner le problème des biens mal acquis par exemple. Appelons madame Eva JOLLY pour faire ce sale boulot, elle respecterait la neutralité lors de ses enquêtes. J’en profite pour appeler tous nos magistrats au patriotisme, au refus de l’instrumentalisation par le pouvoir politique. Cessons de tenir ce discours d’enfumage qui nous distrait du vrai problème de la démocratie qui se pose dans notre pays.

Les vraies réponses aux événements survenus au lendemain du décès du Président Omar BONGO ONDIMBA n’ont jamais été données. Il nous faudrait aussi des enquêtes à ce sujet tant au ministère de l’Intérieur, à la Cénap qu’à la Cour Constitutionnelle pour ce qui est de l’élection présidentielle de 2009.

La mascarade électorale des législatives de décembre 2011, la question de la biométrie jamais achevée, le cynisme affiché par le pouvoir lors du dernier scrutin des locales, notamment à Libreville où on a assisté à la reconduction pure et simple d’une équipe PDG-CLR qui a pourtant lamentablement échoué dans la gestion de la capitale gabonaise sont autant d’ingrédients qui nous interpellent.

Notre rôle est décisif, celui de tous les compatriotes également qui ne doivent pas avoir peur de s’investir dans la lutte pour un Gabon démocratique, de justice et de liberté.

Mesdames, messieurs,

Le bavardage sur les performances économiques depuis cinq ans sans effet réel sur la majeure partie de la population ne suffit pas pour qu’on se taise sur l’incontournable question de la légitimité du pouvoir au Gabon.

Quid des inégalités sociales criardes sur l’ensemble du territoire national entre le prolétariat urbain et la ploutocratie régnante. Les Gabonais doivent savoir que le pacte social qu’on leur vend n’est pas une trouvaille qui mérite leurs applaudissements car ce n’est que la suite logique de la politique sociale initiée par les gouvernements d’Omar BONGO ONDIMBA dont j’observe que les héritiers veulent systématiquement éteindre l’œuvre qui est la sienne. L’annonce des 250 milliards consacrés à l’aide sociale atteste de l’amateurisme et de la légèreté dans la stratégie de la politique budgétaire de l’Etat.

Quid de l’Education et de l’Enseignement supérieur, de la politique du logement, des infrastructures routières à propos desquelles sont proférées de gros mensonges sur les antennes de Gabon Télévision. De même, le grand projet de la Marina dont le coût particulièrement élevé appelait un avis du Parlement au plan budgétaire, se retrouve de nos jours confronté à des difficultés de tous ordres dans sa réalisation.

Mesdames, messieurs,

Si les enquêtes financières et autres accusations sur la gestion des Fêtes Tournantes visent à fragiliser les leaders de l’opposition, c’est peine perdue car un nouveau Front s’est constitué au sein de l’opposition auquel adhère la majorité des Gabonais qui n’ont pas peur d’essuyer éventuellement les balles du pouvoir, qu’ils ne se laissent pas manipuler par un discours qui joue sur le fait ethnique, méthode obscurantiste pour conserver le pouvoir.

Je formule donc aujourd’hui l’APPEL DE NKEMBO à tous ceux qui m’ont toujours soutenu pour partager la philosophie du Front en vue du choix du candidat unique qui ne pourra être qu’un vrai Gabonais, quelles que soient ses origines provinciales, dans la perspective de l’élection présidentielle de 2016.

En vous rappelant que, concernant la gestion des Fêtes Tournantes, je suis tout simplement innocent.

Je vous remercie.

@info241.com
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