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Statut des magistrats : roulé dans la farine par le gouvernement, le Synamag durcit sa grève

Statut des magistrats : roulé dans la farine par le gouvernement, le Synamag durcit sa grève
Statut des magistrats : roulé dans la farine par le gouvernement, le Synamag durcit sa grève © 2023 D.R./Info241

Rien ne va plus entre le gouvernement et le Syndicat national des magistrats du Gabon (Synamag). Alors que ce mercredi, la ministre de la Justice présentait devant le parlement la proposition de loi portant statut des magistrats, les syndicalistes ont dénoncé jeudi un texte édulcoré, détricoté par le gouvernement. Loin de celui validé par les grévistes et entériné pourtant en conseil des ministres. Une entourloupe qui a mis le feu au poudre avec l’annonce de la suspension du service minimum sur l’ensemble du pays.

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Le gouvernement gabonais et le ministère de la Justice ont-ils tenté de gruger les magistrats gabonais ? C’est le sentiment qui s’est dégagé de la déclaration de presse de ce jeudi après-midi des magistrats regroupés au sein du Synamag. Par la voix de son président, Germain Nguema Ella, les magistrats du Gabon ont dénoncé un texte édulcoré, loin de celui pourtant acté par les deux parties en conflit depuis plusieurs longs mois.

Le contexte de ce projet de loi

« Il y a six mois les magistrats reprenaient leur mouvement de grève suspendu au mois de février 2022 », a d’entrée rappelé Germain Nguema Ella. « Cette période de suspension nous avait permis de rédiger un Projet de statut de magistrat avec le ministère de la justice de manière consensuelle, contradictoire, accepté par tous, sans aucune contrainte », a martelé le Synamag pour en rappeler le contexte.

C’est fort de ce consensus que ledit texte avait été adopté entre magistrats et autorités en commission paritaire. « C’est ainsi qu’après le quitus du Conseil d’Etat et son adoption en Conseil des ministres, il ne restait que son vote par les parlementaires », a précisé le Synamag. Une attente qui aura duré finalement 5 mois avant de voir le texte parvenir au parlement. Un texte qui au finish aura été raboté par le gouvernement.

La manipulation éhontée du gouvernement

« Le secrétaire général du gouvernement dont le rôle est de veiller à la régularité juridique de l’ensemble des textes normatifs et individuels soumis au Premier ministre ou soumis à enregistrement, a pris la décision unilatérale et historique de s’asseoir sur ledit texte et de le faire jaunir dans un tiroir », a dénoncé le Synamag. D’où la colère des magistrats qui croyaient voir poindre le bout du tunnel à cette crise qui handicape les tribunaux et les usagers.

« Le texte soumis à l’Assemblée nationale dans la précipitation relève ni plus ni moins que d’une provocation de notre corporation », a interjeté Germain Nguema Ella. Car « Toutes les avancées visant à éradiquer la corruption ont été supprimées comme si le gouvernement de la République a choisi délibérément de continuer à clochardiser les magistrats », a-t-il fait observer. Avant d’annoncer une plainte contre les auteurs de cette roublardise administrative.

La contre-attaque des magistrats

« Nous déposerons ce jour (jeudi, ndlr) une plainte avec constitution de partie civile devant le juge d’instruction contre monsieur Jonas Prosper Lola Mvou, en sa qualité de secrétaire général du gouvernement et autres pour faux, afin de tirer au clair la situation rocambolesque qu’il a créé en manipulant grossièrement le projet de loi qui devait mettre un terme à certains dysfonctionnements dans le milieu judiciaire tant décrié et gangrené par tous les maux dont la corruption qui n’est rien d’autre que la réponse à la précarité dans laquelle vit les magistrats gabonais », a précisé le Synamag.

Avant de marteler que « Le texte objet de l’audition du ministre de la justice le 7
juin 2023 n’est pas celui validé par toutes les parties prenantes pendant les négociations. A ce titre, le Synamag ne s’y reconnait pas, et le rejette avec la dernière énergie
 ». Et de renchérir : « Il est désormais clair aux yeux de tous, que pour le gouvernement, l’indépendance de la justice et la levée de la grève ne sont pas sa préoccupation ».

Le durcissement de la grève

« Aussi pour répondre à cette provocation, les magistrats du Gabon qui ne se reconnaissent nullement dans le texte soumis à débat à l’Assemblée nationale, appellent au retrait immédiat dudit texte et à son remplacement par la monture qui a été séquestrée au niveau du secrétariat général du gouvernement », a proposé le responsable syndical. Avant d’annoncer la couleur du rapport de force pour faire passer le bon message au gouvernement.

« Face à la gravité de ce traitement d’arrogance et de mépris à l’égard du pouvoir judiciaire, il est demandé à tous les magistrats de la République en affectation à l’intérieur du pays, toute affaire cessante à regagner Libreville pour la tenue d’une concertation nationale de la magistrature d’où sortiront toutes les actions qui seront menées dans les prochains jours », a annoncé le Synamag. Avant de conclure : « D’ores et déjà nous vous signalons que le service minimum est suspendu jusqu’à nouvel ordre ».

@info241.com
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