Bras de fer

Port-Gentil : le procureur de la République Pierre Aperano Essongué suspendu pour insubordination

Port-Gentil : le procureur de la République Pierre Aperano Essongué suspendu pour insubordination
Port-Gentil : le procureur de la République Pierre Aperano Essongué suspendu pour insubordination © 2024 D.R./Info241

Coup de tonnerre judiciaire à Port-Gentil. Pierre Aperano Essongué est suspendu de ses fonctions de Procureur de la République près le Tribunal de première instance de Port-Gentil. Il a été sanctionné pour insubordination et propos irrespectueux à l’égard de son chef, le procureur général de la République, et pour n’avoir pas respecté les dispositions combinées des articles 35 et 36 du Code de procédure pénale.

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C’est un comportement belliqueux qui a eu raison du Procureur de la République près le Tribunal de première instance de Port-Gentil. Pierre Aperano Essongué a été suspendu de toutes ses fonctions jusqu’aux nouvelles affectations et est remplacé par l’Avocat général, Armel Wilfried Boule. Cette décision fait suite à un acte d’insubordination et des paroles irrespectueuses tenues à l’égard de son chef, le Procureur général de la République, dans la nuit du 16 au 17 mai dernier, relatif à la mesure de garde à vue contre les chefs de la société Perenco Oil & Gas Gabon.

Pierre Aperano Essongué, dans une démarche judiciaire solitaire, a agi dans le cadre du dossier délicat de Perenco sans en informer sa hiérarchie. Une situation qui constitue une faute professionnelle lourde, car il n’a pas respecté les dispositions combinées des articles 35 et 36 du Code de procédure pénale. En effet, avec des agents lourdement armés, ils ont procédé à l’arrestation des responsables de l’entreprise Perenco Oil & Gas Gabon et lancé les auditions sans que sa hiérarchie ne soit informée de l’action engagée. Selon la combinaison des articles susmentionnés, qui précise que «  le Procureur Général a autorité sur tous les membres du ministère public du ressort de la Cour d’Appel  », il est clair que Pierre Aperano Essongué a outrepassé ses prérogatives.

Informée de ce qui venait de se passer par l’entremise d’une personne de bonne volonté, le Procureur général, Edith Christiane Mvou Loubamono-Mbangangoye, après s’être rendue personnellement sur les lieux et à la suite de l’échange qu’elle a eu avec le commandant du B2, a décidé de suspendre les auditions pour les reprendre le lendemain. En colère de ce que sa décision venait d’être levée, le Procureur de la République près le Tribunal de première instance de Port-Gentil s’est mis à la recherche des patrons du géant pétrolier en vain. Imbu de sa personne, il serait même allé trop loin dans son langage. « Dans un ton zélé, vous avez dit que je ne suis pas votre chef mais votre supérieur hiérarchique », se désole le Procureur général de la République dans une lettre administrative.

Avec des éléments de la brigade de gendarmerie de l’océan lourdement armés et quatre de ses adjoints, ils s’introduisent le lendemain matin dans la société Perenco sous la conduite du Procureur de la République près le Tribunal de première instance de Port-Gentil, Pierre Aperano Essongué. C’est ainsi que le directeur général, son adjoint et plusieurs hauts cadres de la société sont placés en garde à vue à ladite brigade. C’est alors que deux avocats généraux ont été envoyés sur le site par le Procureur général de la République près la Cour d’appel judiciaire de Port-Gentil, informant le Procureur de la République Pierre Aperano Essongué que le chef sollicitait une entrevue. En vain, car ils ont obtenu de lui une fin de non-recevoir exigeant au passage que son chef « lui saisisse par écrit », explique le Procureur général de la République dans son courrier.

C’est finalement vers 16h qu’il a décidé de lever la mesure de garde à vue contre les patrons de Perenco, après s’être informé que sa tutelle avait été mise au courant de la situation. « Devant pareille insubordination notoire doublée d’une méconnaissance des dispositions du Code de procédure pénale supra rappelées, qu’en vous comportant ainsi, vous vous êtes rendu coupable de plusieurs fautes graves et manifestez un comportement général incompatible avec celui qui gouverne le sacro-saint principe des Magistrats du Parquet : le principe de hiérarchisation et de subordination », précise le Procureur général, Edith Christiane Mvou Loubamono-Mbangangoye.

Pour le Procureur général de la République, ce comportement est inadmissible et intolérable. Il rend de facto leurs rapports incompatibles et, dans l’intérêt du bon fonctionnement du principe qui gouverne les Magistrats du Parquet d’une part, et du bon fonctionnement du service public d’autre part, « vous méritez une sanction sévère pour restaurer l’image fortement écornée du Parquet Général de Port-Gentil et, partant, de la justice tout entière  », tonne le Procureur général, Edith Christiane Mvou Loubamono-Mbangangoye, qui fait savoir que « je vous suspends de vos fonctions à compter de la réception de la présente note et ce, jusqu’à nouvel ordre », précise-t-elle. Durant cette période, l’Avocat général Armel Wilfried Boule assurera les affaires courantes du Parquet de Port-Gentil.

@info241.com
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