29 ans. Il aura fallu 29 ans à la justice américaine pour reconnaître l’innocence de David McCallum, ce gamin de 16 ans qui était passé aux aveux sous la contrainte policière, non sans rappeler les pires ouragans judiciaires américains. Aujourd’hui, l’ouragan s’est trouvé dans la poitrine de cet homme de 45 ans, ému aux larmes, lorsque le juge a fait voler en éclats une condamnation aussi longue que les deux tiers d’une vie. C’était aussi le dernier souhait d’un autre ouragan, Rubin Carter, qui avait témoigné tout son soutien pour la cause de McCallum. Retour sur cette terrible erreur judiciaire.
Des aveux biaisés, qui remontent à 1985
Octobre 1985, David McCallum et son acolyte Willie Stuckey sont des habitués des virées nocturnes dans Brooklyn. Une nuit, ils sont interpellés et interrogés par la police en vue d’une inculpation pour le kidnapping et le meurtre de Nathan Blenner, 20 ans, retrouvé avec une balle dans la tête dans un parc de Bushwick. A l’époque, ils ont tous deux 16 ans, vont vivre un interrogatoire musclé et livrer l’un et l’autre des aveux incomplets et contradictoires se rejetant la responsabilité du meurtre mutuellement, avant de se rétracter.
Mais il est déjà trop tard. Ils sont tous deux condamnés. Willie Stuckey ne survivra pas à l’enfermement, mourant en 2001 dans sa cellule. En 2012, devant un parterre de représentants de l’institution judiciaire américaine en vue d’une demande de remise en liberté conditionnelle, David McCallum témoignera avoir été « battu par les policiers et forcé à faire cette confession », alors vieille de 27 ans.
Un soutien de poids, en la personne de Rubin ‘Hurricane’ Carter
Quelques mois avant sa mort, le champion de boxe, injustement condamné et à la tête d’une ONG dont l’objectif est de venir en aide aux condamnés à mort injustement invités à patienter dans le Death Row, avait écrit une lettre à charge – une de plus – contre la justice américaine.
« L’unique regret de ma vie, c’est de savoir David McCallum toujours en prison », écrivait Hurricane Carter dans une tribune d’un quotidien américain, tout juste deux mois avant sa mort, invoquant la raison des juges, pour qu’ils réexaminent le cas de ce condamné qui croupit derrière les barreaux.
« Rubin serait totalement submergé par l’émotion, à l’idée de voir David être libéré après tant d’années », a expliqué John Artis, qui lui aussi avait été condamné à tort pour un triple meurtre survenu dans le New Jersey, avec 19 ans de prison ferme à la clé.
David McCallum avait également fait l’objet d’un documentaire - ‘David & Me’ – réalisé par Ray Klonsky (photo ci-dessous) et dévoilé en juin 2014, les commentateurs judiciaires estimant que ce documentaire aurait très largement contribué à la libération du principal intéressé, soulevant des erreurs judiciaires majeures entachant la condamnation.
Les sanglots d’un ex-condamné, libéré et exonéré
Imaginez cette scène. McCallum, prenant sa tête dans les bras, de gros sanglots sont entendus dans cette Cour de justice de Brooklyn. La mère de Willie Stuckey vient à sa rencontre et pose sa main sur son épaule, comme pour le rassurer. David est libre, 29 ans après. Inespéré.
« C’est une émotion pure. Je suis très, très heureux ». Il sortira de la salle d’audience aux bras de sa mère, Ernestine, sous les applaudissements de ses nombreux soutiens présents sur place. « Un moment de joie et d’amertume, puisque je sors libre mais je sors seul », faisant référence à son compagnon de l’époque, mort derrière les barreaux en 2001.
Il s’agit là, respectivement des 9e et 10e exonérations qu’effectue le District Attorney chargé des affaires de ce type à Brooklyn, depuis le début de l’année. Là encore, les analyses a posteriori de l’ADN auront permis de déterminer que les deux condamnés n’étaient pas présents sur la scène de crime ce soir d’octobre 1985. Combien d’autres attendent aujourd’hui ces tests ADN pour qu’on veuille bien les innocenter ?
Source : itele.fr
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