Tortures de Sylvia et Noureddin Bongo : le silence coupable des autorités gabonaises
L’ancienne Première dame du Gabon, Sylvia Bongo, et son fils, Noureddin Bongo, subiraient des actes de torture ainsi que des traitements inhumains et dégradants en détention, sous le silence des autorités militaires à la tête du pays.
Arrêtés les 29 et 30 août 2024 lors du coup d’État qui a renversé Ali Bongo, Noureddin et Sylvia Bongo ont d’abord été exhibés devant les médias avant d’être emprisonnés. Officiellement, la justice gabonaise reproche à l’ancienne Première dame et à l’ancien coordinateur général des affaires présidentielles, par ailleurs fils aîné du président déchu, plusieurs infractions. Cependant, en réalité, leur détention ne respecte aucune des lois en vigueur au Gabon, y compris celles édictées par les militaires quelques jours après leur prise de pouvoir.
« Nul ne peut faire l’objet de tortures, de peines ou de traitements cruels, dégradants ou inhumains. »
La « détention » de Sylvia et de Noureddin Bongo a désormais perdu toute base légale : le renouvellement de leur détention provisoire s’est fait hors délais, et leurs avocats, notamment français, n’ont pas eu accès à eux. Plus problématique encore, les conditions de leur détention. En effet, Sylvia et Noureddin Bongo ont été, et sont encore, victimes de traitements inhumains et dégradants, en totale contradiction avec l’article 12 de la Charte de la transition proclamée par les militaires, qui stipule clairement :
« Nul ne peut faire l’objet de tortures, de peines ou de traitements cruels, dégradants ou inhumains. »
Concernant la torture, Nourredine Bongo a été battu au point de subir une perforation du tympan, sans parler des nombreuses séances de torture à l’électricité qu’il a subit…
Impunité
Malgré les dénonciations des avocats de Sylvia et Noureddin Bongo, et les promesses des militaires putschistes de respecter les droits de l’Homme, les nouvelles autorités n’ont pas jugé utile de répondre à ces accusations graves. Ce silence en dit long sur leur volonté de garantir une impunité totale aux tortionnaires de l’épouse d’Ali Bongo et de son fils aîné, tout en inscrivant leur régime dans une dynamique de violation des droits de l’Homme.
Au-delà du cas de Sylvia et de Noureddin Bongo, le sort d’autres personnes arrêtées par les autorités militaires reste également préoccupant. Qu’est devenu Vincent de Paul Massassa, ancien ministre du Pétrole, dont les rares témoignages évoquent au minimum de mauvais traitements ? Ce dernier semble aujourd’hui plus proche du statut de disparu que de prisonnier.
Quel est le sort de Yann Kogou, arrêté et battu pour avoir demandé à Brice Oligui Nguema de quitter le pouvoir ? Sans oublier Hans Otounga Obame, enlevé en juillet dernier par des éléments de la Garde républicaine, conduit dans une maison où il a été horriblement torturé, et qui a désigné comme principal bourreau... le propre frère de Brice Oligui Nguema !
Tous ces actes graves n’ont jamais été condamnés par les nouvelles autorités militaires, qui ne se sont même pas donné la peine de les nier publiquement.
Cela porte un nom : un silence coupable.
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