Résultats Présidentielle du 12 avril 2025
Délinquance

Un gabonais de 16 ans écope de 18 mois de prison pour avoir braqué au couteau pour « manger »

Un gabonais de 16 ans écope de 18 mois de prison pour avoir braqué au couteau pour « manger »
Un gabonais de 16 ans écope de 18 mois de prison pour avoir braqué au couteau pour « manger » © 2025 D.R./Info241

La session criminelle 2024-2025 de la juridiction pour enfants a été ouverte ce mardi 10 juin à la prison centrale de Port-Gentil, sous la présidence de la magistrate Greta Marat-Abyla. Seize dossiers sont à l’étude cette année  : un pour homicide, un pour viol et quatorze pour vols aggravés. Parmi ces affaires, celle de K.M.S., 16 ans, a ouvert le bal. Un cas tristement classique  : celui d’un adolescent issu d’un vide éducatif, affectif et social, qui bascule dans la délinquance avec pour seule boussole sa propre survie.

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Une agression au couteau pour un téléphone et 30 000 francs CFA

Les faits remontent à la nuit du 18 août 2024. K.M.S, armé d’un couteau, s’en prend à Christian Moutouboula au niveau du quartier PG2, dans le 2e arrondissement de Port-Gentil. Il lui ordonne de remettre son téléphone portable. La victime, paniquée, jette l’appareil, un Samsung contenant 30 000 francs CFA glissés derrière la coque. L’adolescent ramasse l’objet et prend la fuite. Mais à peine quelques rues plus loin, il est rattrapé par les enfants de la victime, alertés par leur père. Le jeune agresseur est conduit manu militari au commissariat, téléphone en main.

Une vue de l’assistance composée de proches

Devant les officiers de police judiciaire puis à la barre, le jeune K.M.S reconnaît sans détour les faits  : «  Je suis venu vers lui avec un couteau en main. Je reconnais lui avoir arraché ses biens. J’ai voulu prendre son téléphone portable  ». Un aveu brut, presque sans émotion. Pire encore, lors des enquêtes préliminaires, il affirme qu’il était sorti avec l’intention explicite de «  braquer quelqu’un   ». En cause  ? «  Un ventre vide depuis trop longtemps   ».

Une peine mesurée, un passé lourd, un avenir incertain

Le tribunal a tenté d’équilibrer sanction et prise en compte du contexte personnel. Pour ce premier dossier criminel, K.M.S a été condamné à 18 mois de prison, dont trois avec sursis. Il devra également verser une indemnisation de 30 000 francs CFA à la victime et rembourser le téléphone volé. Sa libération est attendue pour novembre prochain. Jusque-là, il est suivi par les services sociaux pénitentiaires, qui tentent de préparer sa réinsertion. Il bénéficiera également d’un accompagnement psychologique.

L’intéressé répondant de ses actes devant la justice des mineurs

Mais au-delà de la peine, c’est l’histoire de K.M.S qui glace. Abandonné dès l’âge de six mois par sa mère, confié à une grand-mère aujourd’hui âgée de 85 ans, ce garçon n’a plus remis les pieds à l’école depuis quatre ans. Incapable de lire et d’écrire correctement, livré à lui-même, il a rapidement glissé vers les petits vols alimentaires  : morceaux de pain, jus de fruit, lait caillé... Une délinquance de la faim, de l’oubli, du vide. Une spirale où, faute de toute main tendue, l’enfant devient suspect par défaut.

La justice peut-elle combler les trous béants laissés par la société  ?

Ce procès en dit long sur le délabrement du filet social gabonais. Si l’on peut se féliciter du travail de la juridiction pour enfants, qui tente tant bien que mal de traiter chaque cas avec humanité, on ne peut ignorer le contexte dans lequel ces jeunes sombrent. K.M.S n’est pas un monstre  : il est le produit brut d’une société qui n’a pas su ou voulu le protéger, ni lui assurer un minimum vital d’éducation et de soins.

Dans cette affaire, la justice a fait son travail. Mais c’est tout un système éducatif, social et familial qu’il faudrait remettre debout pour espérer ne plus voir à la barre d’autres K.M.S, aussi jeunes, aussi lucides, aussi perdus.

@info241.com
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