Conscience citoyenne

Maât Seigneur Lion dévoile en musique sa lecture de la crise politico-sociale gabonaise

Maât Seigneur Lion dévoile en musique sa lecture de la crise politico-sociale gabonaise
Une capture d’écran de la vidéo du single « pas comme on l’entend » © 2016 D.R./Info241

L’analyse de la crise politique et sociale que traverse actuellement le Gabon, n’est pas l’apanage des seuls politiciens. Le rappeur Maât Seigneur Lion du mythique groupe Movaizhaleine, a dévoilé dimanche son nouveau single intitulé ’’Pas comme on l’entend". En résonance aux propos de Manuel Valls indiquant que l’actuel président gabonais, Ali Bongo, n’avait pas été élu en 2009 à la tête du Gabon.

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Le rappeur engagé de Movaizhaleine, Maât Seigneur Lion, décrypte à la sauce hip-hop, l’affirmation controversée de Manuel Valls lorsqu’il fût interrogé sur l’opportunisme de la présence du président gabonais Ali Bongo à la marche du 11 janvier 2015 en soutien aux victimes de Charlie hebdo à Paris. Lors d’un talk-show diffusé sur France 2, l’humoriste français Jeremy Ferrari avait vigoureusement interpellé le Premier ministre français. Cette fois-ci en revendiquant la fin du régime Bongo-PDG en place depuis 1967 au Gabon.

Maât Seigneur Lion, dans un style propre à lui mêlant les langues racines gabonaises au français, l’ironie et la satire, dénonce les priorités de la gouvernance d’Ali Bongo, « vrai vrai qu’on a faim, vous nous parlez de la CAN, carnaval brésilien, ce n’est pas ça qu’on mange man." Tout en fustigeant également le slogan ressassé à satiété par les sbires et les soutiens du palais du Bord de mer.

’"Laissez-nous avancer oh, le coche est en panne. C’est le Gabon qui perd ? Ou bien c’est le Gabon qui gagne ? Anyambiè Anyambiè Wé ré kotiza mbiambiè ?" en langue Omiènè, traduit "ah mon Dieu est-ce que tu me comprends bien ?"

La vidéo du titre engagé "Pas comme on l’attend"

Le rappeur qui vit désormais en France s’exprime aussi sur les joutes électorales présidentielles au Gabon qui mettent en scènes des hommes politiques sans vergogne. Et sans projet politique sincère pour le développement du Gabon : « Le film là a encore recommencé àh ô Anyaambiè. Mêmes Acteurs Même Chef des Bandits ! Tsuooh ! Anyaambiè ! Ils sont encore venus nous manger dans quel genre de nyembwè (sauce au noix de palme, spécialité culinaire gabonaise). On casse les cailloux, matin, midi, soir depuis trop longtemps ».

Or, le peuple gabonais selon Maât Seigneur Lion, est dans une misère généralisée, à la recherche d’un véritable leader politique intègre et visionnaire. A l’image de Sankara, Kwamé Nkumah. « Voilà les gens qu’on attend. A beau chercher avec la torche, il n’y a pas l’homme pour l’instant. A qui le tour ? Président élu ? Ah non "pas comme on l’entend" ! " Avec comme refrain : "Les chiens aboyaient, la caravane passait, mais un bon matin, les panthères vont les remplacer.

Vous allez faire comment ? Vous allez maintenant faire comment ? ». Qui fait référence à une phrase méprisante qu’aimait affirmer le président défunt Omar Bongo. Sa fille aînée, Pascaline Mferry Bongo Ondimba l’avait réactualisé à son compte. Cette fois-ci, en bafouant les armoiries et les seaux de la République gabonaise, lors d’une déclaration télévisée au sujet de la filiation douteuse de son frère Ali Bongo.

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Le membre éminent de Movaizhaleine dénonce avec finesse, l’instrumentalisation des rappeurs et groupes populaires du Hip-hop gabonais. L’exemple le plus emblématique lors de l’élection présidentielle de 2009 fût l’opportunisme artistique avec des textes racoleurs et le rapprochement de l’ancien groupe hip-hop engagé, "HAY’OE". D’ailleurs, l’ancien leader du groupe, Massassi avait été nommé conseiller du président de la République gabonaise en charge des questions de jeunesse.

D’où il clame dans son rap : « Il parait que le grand veut nous voir, oh qu’est-ce qu’il y a ? C’est à cause de nos faux petits sons là qu’on va nous sisia (jargon argotique qui signifie nous faire peur, nous faire taire, ndlr). C’est la CIA ? On ne chante plus ici hein ? Donc tout le monde... que la campagne ? Vous aussi hein ? Njiami tara, Ndjiami Tara. A Ngwalara, wé ma lara, traduit "Dieu le père ! Monsieur tu as percé.. »

Maât Seigneur Lion réactualise dans un style dénonciateur la dernière diatribe au sujet de l’enfumage des promesses d’Ali Bongo qui avait a été faite par Idriss Ngari, 2e vice-président de l’Assemblée nationale, député de Ngouoni (Haut-Ogooué), cadre du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir), général d’armée, ancien ministre de la santé, ancien ministre des travaux publics, de l’équipement et de la construction. Et au passage, présumé oncle de l’actuel président du Gabon.

Qui malgré son honteux rétropédalage qui avait effrité son audacieuse intervention dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, du haut du perchoir, le général Idris Ngari avait montré en détail les limites de l’exécution du fameux "Plan Stratégique Gabon Émergent (PSGE)" qu’il qualifie de pirouette et de mascarade (tourner autour du pot). Or, les Gabonais ne voient pas leur quotidien changer. Et ils attendent toujours la concrétisation des projets annoncés.

Idriss Ngari affirma dans une longue diatribe contre la gouvernance d’Ali Bongo ce qui suit : « On n’a pas besoin de cours de finances, macro, micro, les termes pompeux des ministres. Les Gabonais veulent du concret, des actes : l’eau, l’électricité, l’école, le logement, la santé. Les Gabonais ne comprennent pas vos discours livresques qui ne sont que du vent. Pourquoi le budget de fonctionnement ne tourne pas ? Il n’y a plus d’argent ?

Mais dites-le nous… Gabon service pour tourner, il faut un budget, même maintenant, les services de sécurité et de défense, y a rien… Là encore personne ne peut me tromper parce que je sais. Gabon industriel..les Gabonais veulent savoir le nombre d’entreprises que nous avons construits depuis 6 ans...Où sont les entreprises ?..On parle trop de politique, mais on ne réalise jamais ce que la politique veut..Il y a 3.000 milles milliards de budgets/an, il faut dire aux Gabonais ce que le Gouvernement fait de cet argent [...] ».

En ce sens, le sociétaire de Movaizhaleine s’indigne contre la longévité de ce régime, «  Laissez-nous d’abord un peu le gros français là, Njiami Tara ! Ba macro, ba croissance, ça ne nous intéresse pas ça. Une parodie du coup de gueule du député Idris Ngari au sujet de la gouvernance des concepts et théories d’Ali Bongo et de son gouvernement.

Face à la détresse et à l’appauvrissement grandissant du peuple. « Vous nous avez violé le pays, c’est ça ou c’est pas ça ? On chante la pluie quand il pleut, le feu quand il y a le feu. La parole de Dieu. Le ciel gris, le ciel bleu. Je chante la fin de ce royaume il a duré trop longtemps. Hérode ? As-tu été élu ? "Ah non pas comme on l’entend". »

Ainsi, interrogé par Info241, le rappeur activiste Saik1ry, engagé pour une alternance démocratique au Gabon, fait remarquer que « le contexte politico-social n’en fini pas de faire réagir les acteurs de la jeunesse gabonaise conscients de leur rôle et de leur partition dans la grande musique dont le titre n’est autre que l’alternance démocratique. Le groupe Movaizhaleine vient une fois de plus tirer la sonnette d’alarme en musique. »

Afin d’interpeller, explique-t-il, « les gabonais sur cette période de tous les dangers que représente les élections présidentielles et de leur rôle en tant que peuple. Disant ne pas se reconnaître dans ce qui se passe au Gabon et surtout dans ses dirigeants. Le message vise surtout à appeler à la fin du système en place et à un Gabon résolument tourner vers l’avenir. »

Maât Seigneur Lion a dévoilé sur les réseaux sociaux, le 3 avril, son deuxième opus "Pas comme on l’entend". Après le saillant "Call l’élément", traduisez "appelles ton pote ou ton frère", extrait de son second album solo "le ngozé", réalisé par son acolyte Lord Ekomy Ndong.

Tous deux sociétaires du groupe Movaizhaleine. Le Seigneur Lion appelle ainsi dans ce titre véhément tous les acteurs politiques gabonais, tours bords confondus, à faire de la politique autrement. En respectant réellement les aspirations du peuple. Dans un élan de démocratique républicain où l’ensemble des populations gabonaises jouera un rôle citoyen pour le changement de gouvernance.

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