La police gabonaise se déploie pour empêcher une conférence du mouvement « Appel à agir »

La liberté d’expression serait-elle devenue une vue de l’esprit au Gabon ? La question, inopportune en démocratie, mérite pourtant d’être posée au regard des multiples interdictions de manifester imposées à l’opposition et à la société civile ces dernières années. Ce dimanche, la police gabonaise s’est une nouvelle fois illustrée en interdisant l’accès de la Chambre de commerce de Libreville au “groupe des 10”, un collectif citoyen qui avait prévu d’y tenir une conférence de presse en vue d’exiger la vacance du pouvoir suite aux nombreux ennuis de santé d’Ali Bongo.

Près de de 30 ans après l’instauration de la démocratie au Gabon, le régime au pouvoir semble dans l’incapacité de s’accommoder des principes les plus élémentaires de ce système politique. Hier, les forces de l’ordre dont l’une des missions est pourtant de garantir la libre expression des opinions sur la place publique, ont décidé unilatéralement d’interdire l’accès à la Chambre de Commerce, pourtant un lieu privé, au “groupe de 10”.
Le mouvement citoyen réagissant à l’interdiction dont il a fait l’objet
Le mouvement "Appel à agir", un collectif composé de membres de l’opposition et la société civile n’a pas pu tenir sa conférence de presse prévue hier. En effet, le 28 février, ce mouvement citoyen avait lancé “un appel à agir” avec pour but de contraindre les tenants du pouvoir à déclarer la vacance de pouvoir. Une demande qui ne fait visiblement pas le bonheur des autorités gabonaises en têtes desquelles le ministère de l’Intérieur.
En réponse à cette énième privation de leur liberté, les leaders de ce mouvement citoyen par la voix d’un député ont lu une déclaration publique dans laquelle ils ont condamné cette nouvelle dérive "dictatoriale" avant d’inviter le peuple à continuer à exiger la vacance du pouvoir. Cette nouvelle interdiction faite à l’opposition d’exprimer ses opinions contribuera inéluctablement à réchauffer un climat social déjà tendu.
