Bilan présidentiel

Ali Bongo un président inconstitutionnel en quête perpétuelle de popularité et de légitimité

Ali Bongo un président inconstitutionnel en quête perpétuelle de popularité et de légitimité
Un président qui avait promis ’’un avenir en confiance’’ soldé par une crise politique généralisée © 2016 D.R./Info241

Au Gabon, la campagne présidentielle est désormais ouverte. Le président sortant, Ali Bongo Ondimba, vient de boucler une tournée nationale dite « républicaine » mais aux allures de précampagne électorale financée par le Trésor public gabonais. Au terme de celle-ci et à l’analyse de certains faits, gestes et discours émanant non seulement de lui-même, mais également de ses collaborateurs, anciens proches et opposants, apparaît un président-candidat plus que fébrile et toujours à la quête d’une popularité et d’une légitimité qu’il est loin de trouver.

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Au Gabon, pays qui se veut démocratique - une curiosité parmi tant d’autres- il est interdit de publier les sondages d’opinions politiques. Cela n’empêche pas le régime en place depuis un demi-siècle d’en commanditer discrètement auprès des cabinets étrangers dépêchés à Libreville et à l’intérieur du pays spécialement pour la cause. Et selon certaines indiscrétions, Ali Bongo Ondimba, même depuis le règne de son défunt père, est toujours apparu comme l’homme politique gabonais le plus impopulaire. Une impopularité dont lui-même et tout le cercle du pouvoir actuel et passé ont toujours eu conscience.

L’homme politique le plus impopulaire du Gabon ?

Aujourd’hui, à entendre ses fervents soutiens de 2009 qui l’ont quitté les uns après les autres, tous n’ont jamais ignoré ce handicap. Mais misant sur le fait qu’en sept ans, il allait s’imposer et imposer une gouvernance qui ferait oublier le long et désastreux règne de son défunt père, ils ont activement œuvré pour le porter à la tête du pays au terme d’une élection présidentielle contestée et contestable qui, jusqu’à ce jour, n’a pas encore été totalement digérée. L’impopularité d’Ali Bongo est due à sa gestion chaotique de l’Etat gabonais et sa gouvernance décriée surtout son manque criard de l’orthodoxie financière.

En effet, le talon d’Achille du président sortant gabonais, preuve de son incapacité à incarner le pourvoir présidentiel républicain est le non respect répété de la Constitution gabonaise, mère des lois du pays. Ali Bongo s’est régulièrement mis en situation illégale, notamment face au respect de l’article 10. Mais aussi, le plus flagrant est le non respect scandaleux de l’article 14 de la constitution gabonaise qu’il a violé à satiété. Son goût effréné pour l’enrichissement illicite sur le dos des deniers publics gabonais, pour la mafia de l’affairisme, le génie du festif et des gâteries à ciel ouvert (New York Forum Africa au profit de Richard Attias, course de bateau nautique, carnaval brésilien, CAN, destruction de la cité de la démocratie pour la construction d’un terrain de golf...) ont détérioré l’infime bénéfice de doute déjà contestée depuis 2009, à cause de son coup d’état électoral avéré.

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A côté de cela, Ali Bongo en manque de savoir-faire politique a contribué à monter une nouvelle oligarchie avec ses nouveaux apparatchiks qui lui ont desservi en le coupant radicalement de la réal politique. Ses acolytes les plus précieux, désormais appelés "légion étrangère", sous les auspices de Maixent Accrombessi, son inamovible gourou fétichiste béninois, naturalisé récemment gabonais estampillé malencontreusement du nom symbolique Nkani, qui signifie chef du village, en langue Téké et Obamba. Celui que tous les agents de la présidence de la république gabonaise reconnaissent qu’il est devenu illégalement, le véritable président du Gabon. Et a marqué l’incarnation d’une imposture insultante de la dignité des gabonais qui a également contribué au rejet de la gouvernance d’Ali Bongo.

Loin d’un sceau xénophobe, car au Gabon la communauté béninoise et bien d’autres cohabitent avec le peuple gabonais depuis un demi siècle sans relents de xénophobie. D’ailleurs, M. Samuel Dossou, son compatriote, conseiller pétrole très influent d’Omar Bongo avait eu l’intelligence d’opérer en toute discrétion dans la gestion des périodes glorieuses de l’or noir gabonais. Mais manque de bol pour Ali Bongo, il n’a pas eu la lucidité d’intérioriser la facette intelligible du ’’Gabon d’Abord" qui a également contribué à ceux que tous ses anciens soutiens le vomissent et cherchent désormais à ce qu’il soit considéré comme une autre erreur fatale, après Léon Mba et Omar Bongo de l’histoire politique gabonaise.

De la légitimité et du « respect » du président de la République

En effet, dans le fond comme dans la forme, l’élection présidentielle anticipée d’août 2009 a toujours été contestée. En conséquence, elle a accouché d’un président contesté et à la légitimité également contestée. Il faut déjà noter qu’au Gabon –autre curiosité- toute élection à un mandat politique se joue sur un seul tour. Ainsi, on est déclaré vainqueur avec une majorité relative. Dans le cas évoqué ici, officiellement, le président Ali Bongo Ondimba avait recueille 41% des suffrages exprimés, devançant respectivement les défunts Pierre Mamboundou et André Mba Obame, ses principaux challengers de l’époque, à qui étaient attribués des scores de 25% chacun.

Pour ses adversaires, ses contempteurs et même ses anciens soutiens à l’instar de Jean-François Ntoutoume Emane, il n’a jamais a récolté ce score, les résultats auraient été inversés. Et même en considérant ce score officiel, cela ne lui confère aucune légitimité, soutiennent des leaders de la société civile très audibles auprès de l’opinion nationale et internationale. De même, des Gabonais lambda comme des personnalités politiques tels que Zacharie Myboto, le président de l’Union Nationale (UN), et sa fille, Chantal Myboto épouse Gondjout ou les dissidents de ce parti qui avaient crée le courant des « Souverainistes », n’ont jamais évoqué le nom d’Ali Bongo Ondimba en le précédant du titre de « président » ou « président de la république ».

Tout au contraire et certainement pour clairement dénier à ce dernier ce titre républicain et la fonction qu’il incarne, ils utilisent dans le meilleur des cas, le titre de civilité « Monsieur » quand ils ne l’appellent pas simplement par ses nom et prénom, comme s’il s’agit d’un citoyen lambda. Un état de fait très mal vécu par le principal concerné et ses proches. En coulisse comme public, ils ne manquent d’exprimer leurs frustrations, réclament à cor et à cri « le respect des institutions et de ceux qui les incarnent ».

Un malaise exprimé encore récemment par le porte-parole du gouvernement sur la chaîne de télévision Africa 24 et par lui-même Ali Bongo Ondimba, courroucé par le fait qu’aux étapes de Mouila et Oyem, les maires de ces deux villes ne l’aient pas accueilli à sa descente de l’avion, comme l’aurait voulu le protocole d’Etat.Tout compte fait, on a l’impression d’avoir et de voir un président de la République qui brigue un nouveau mandat mais ne se sent toujours pas traité et considéré comme tel.

A ce qu’il semble, il reste un président à l’autorité et la légitimité contestées. Pour tenter de palier à cette crise d’autorité et son manque de popularité, deux méthodes sont utilisées par le président gabonais et ses soutiens : la chasse aux sorcières et le recrutement des figurants lors de ses « tournées ».

Chasse aux sorcières et recrutement des figurants politiques

De 2009 à aujourd’hui, le nombre de gabonais qui ont vu leurs salaires suspendus, ceux qui ont perdu leurs fonctions ou même simplement leurs emplois du fait de leurs positionnements politiques est effarant. Il en est de même pour les exclusions du parti présidentiel pour les mêmes motifs. Les nombres d’exilés politiques est lui aussi de plus en plus croissant. On se croirait trente ans en arrière, à l’époque du parti unique. C’est dire qu’au Gabon, il est plus que risqué de ne pas soutenir « la politique de l’émergence » prônée par Ali Bongo Ondimba et ses partisans.

Enfin, pour tenter de masquer son impopularité notoire, à chacune de ses sorties, à l’intérieur du pays comme à la Libreville, la capitale, des centaines de figurants sont recrutés pour faire le nombre et lui donner les opportunités de s’offrir des bains de foule scénarisés. La présence de ces badauds est cyniquement achetée au prix d’une canette de soda, d’un sandwich et 5000 FCFA par personne. En conséquence, lors de l’inauguration d’un hôpital dans la commune d’Owendo, insatisfaits des conditions et modalités de la rémunération de leur « prestation », ces intermittents du spectacle d’un autre genre, n’ont pas manqué de manifester leur mécontentement en s’en prenant à l’édile de la dite commune.

Ce sont dans ces conditions et ce contexte qu’il « part favori » à cette élection dont la vérité, aux yeux des observateurs avisés, ne se joue pas dans les urnes. Qu’advienne que pourra, les faits en politiques sont têtus. Ali Bongo peut tout tenter de vouloir masquer les évidences, remplir des meetings avec l’achat des consciences et la corruption de masse de certains citoyens affaiblis et des hommes de l’armée en civile, enjoindre tous les agents administratifs de la présidence et des administrations publiques d’assister à ses meetings d’imposture, la vérité est qu’il est au plus bas des sondages d’opinions et de popularité. Car son mandat est jonché d’une récurrence de fautes politiques, d’amateurisme en cascade, de pillages abusifs, 700 milliards de 2011 à 2014 selon Transparency International, la prolifération de Delta Synergie, de prise illégale d’intérêt, de délits d’initiés.

Si un institut de sondage fiable et sérieux une opération sondage d’opinions autour de la présidence d’Ali Bongo, il battrait de loin le score d’impopularité de François Hollande et même jamais connu par un président de la république en exercice au monde. Il avoisinerait sans doute, les quelques 0,0002% de sondages favorables à son mandat salué par sa caste des privilégiés. Car au regard de tous les indicateurs sociaux, chômage au plus haut, pauvreté renforcée, système éducatif moribond avec un taux de redoublement le plus élevé au monde, autosuffisance alimentaire relayée aux calanques grecques, un système sanitaire en panne, d’où la prolifération des cliniques privées, le mandat présidentiel d’Ali Bongo est un échec cuisant et à créer une crise politique, économique et sociale généralisée en terre gabonaise. D’où même en période électorale, on observera que le président mal élu est toujours en quête de popularité et de légitimité.

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