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L’invité de la rédaction

Issani Rendjambé : « peut-être que la vérité fait peur à quelqu’un »

Issani Rendjambé : « peut-être que la vérité fait peur à quelqu’un »
Issani Rendjambé : « peut-être que la vérité fait peur à quelqu’un » © 2015 D.R./Info241

L’invité de la rédaction d’Info241 est cette semaine Issani Rendjambé, écrivain Gabonais et fils de l’ancien secrétaire général du Parti Gabonais du Progrès (P.G.P.) Joseph Issani Rendjambé assassiné mystérieusement à l’hôtel Dowé peu de temps après la conférence Nationale de 1990 au Gabon.

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Issani Renjambé, revient sur la sortie de son recueil de poèmes La vérité sinon je meurs (Ed. La Doxa) qui fut pendant un temps interdit de vente au Gabon. Il nous parle surtout de son défunt père mais aussi du frère de celui-ci, un certain Jean Ping.


Pourquoi avoir choisi l’écriture plus exactement la poésie ?

Issani Rendjambé : La raison pour laquelle j’ai choisi de m’exprimer avec mes doigts plutôt qu’avec ma bouche, me vient de mon enfance pendant laquelle, en me promenant dans le métro parisien - car j’ai quitté mon pays très tôt - j’ai pris l’habitude de rêver et d’occuper mon temps à écrire. J’ai toujours aimé écrire, c’est un moyen d’expression comme un autre, mais c’est un moyen d’expression que j’aime beaucoup. Et c’est cela qui m’a permis d’exprimer après de longues années ce que je ressens avec un stylo.

le livre a été interdit de vente. Mais, je n’ai pas reçu de notification officielle, sinon cela aurait été trop flagrant. Ce qui s’est passé c’est que des agents de la contre ingérence (B2, Ndlr.) ont été envoyés pour intimider les librairies qui distribuaient mon livre. Pourquoi ? Je l’ignore".

Votre livre a été pendant une brève période interdit de vente au Gabon. Pouvez-vous confirmer l’information et si oui, pourquoi à votre avis ?

Issani Rendjambé : Je confirme l’information, le livre a été interdit de vente. Mais, je n’ai pas reçu de notification officielle, sinon cela aurait été trop flagrant. Ce qui s’est passé c’est que des agents de la contre ingérence (B2, Ndlr.) ont été envoyés pour intimider les librairies qui distribuaient mon livre. Pourquoi ? Je l’ignore. Il s’agit d’un recueil de poèmes où je parle de mon père et de la situation du pays, cela dérange-t-il quelqu’un ? Il serait mieux de poser la question à ces personnes qui ont décidé de m’interdire d’exprimer l’amour que j’ai pour mon père. Je ne fais pas de politique, j’ai parlé en tant que Gabonais et en tant que fils. Je ne sais pas, peut être que c’est le titre, peut-être que la vérité fait peur à quelqu’un, je ne sais pas. C’est une très bonne question à poser à ceux qui l’ont interdit.

Votre livre s’intitule la vérité sinon je meurs, pourquoi un tel titre ?

Issani Rendjambé : Lorsque vous avez quelque chose qui est caché dans votre poitrine, vous avez de la douleur, vous avez des émotions. Je me dis que si on n’en parle pas on finit par étouffer. C’est ma vérité à moi mais c’est aussi la vérité de millions de Gabonais, les souffrances morales, spirituelles, la pauvreté, tout ce qu’on vit. Je me dis, si on ne dit pas la vérité on finira par en mourir, parce que la vérité n’est pas faite pour être gardée au fond de soi, elle est faite pour être distribuée, vulgarisée. Si tu ne dis pas la vérité tu vas mourir, alors je me suis dit que cela ferai un bon livre.

J’ai compris qu’à la fin il s’est sacrifié, il est mort pour que les autres puissent réaliser leurs rêves, son rêve, le rêve d’un Gabon libre".

Quels souvenirs gardez-vous de votre père Joseph Issani Renjambé et que pensez-vous du parcours qui a été le sien en tant que fils et en tant que Gabonais ?

Issani Rendjambé : Je garde le souvenir d’un homme extraordinairement bon. En tant que fils, on aime forcement son père. C’était un homme bon, c’était un homme qui aimait tout le monde, c’était un rassembleur. Je le voyais dans la manière dont les gens le regardaient. J’étais dans les meetings avec lui, j’étais dans ses bras même quand j’étais petit enfant. Il me parlait avec respect, c’était aussi le mari de mère et le père de mes frères et sœurs. Quant à son parcours politique, j’en ai entendu beaucoup. J’étais très jeune mais on me dit que c’était un génie, un stratège et j’ai compris qu’à la fin il s’est sacrifié, il est mort pour que les autres puissent réaliser leurs rêves, son rêve, le rêve d’un Gabon libre.

Un des frères de votre père Jean Ping - il faut préciser que votre père était aussi le frère de Pierre Louis Agondjo Okawe - ancien président de la Commission de l’Union Africaine est aujourd’hui dans l’opposition et très probable candidat à l’élection présidentielle de 2016, qu’en pensez-vous ?

Issani Rendjambé : Je dois vous avouer que j’ai beaucoup réfléchi à la question. Nous en avons parlé en famille, même si on ne parle pas beaucoup de politique lorsqu’on se rejoint. Je dois vous dire la vérité, je suis heureux qu’il se mette du côté du peuple. J’aimerais penser que c’est mon activisme qui l’a encouragé mais cela n’est certainement pas la réalité. C’est mon oncle et plusieurs personnes me demandent si je vais le soutenir. Jean Ping lui-même a dit qu’on va soutenir le candidat de l’opposition, c’est ce que je vais faire.

La vérité sinon je meurs 2 qui donnera plus de détails sur la vie de Joseph Issani Renjambé est en préparation".

Joseph Issani Rendjambé votre père, est décédé depuis 25 ans, vous avez commémoré depuis récemment sa mémoire. Peut-on dire que les jeunes Gabonais qui sont nés dans les années 90 se souviennent de lui ? Si oui que faites-vous pour que son souvenir demeure ?

Issani Rendjambé : L’une des raisons pour lesquelles j’ai aussi écrit le livre, et je n’en ai pas parlé tout à l’heure, est le maintien de la vérité à propos de mon père. Plusieurs personnes plus jeunes que moi me disent qu’ils ont entendu parler de mon père en me disant qu’il était ministre ou autre chose de ce genre, je me suis dit - pour que la mémoire de ce grand homme ne soit pas prostituée et que l’on ne dise pas des choses fausses à son propos - qu’il était impératif que j’écrive. Je l’ai fait, ce n’est qu’un début car la vérité sinon je meurs 2 qui donnera plus de détails sur la vie de Joseph Issani Renjambé est en préparation. Il y a aussi la création d’une association qui est en cours et dont les activités débuteront dans les mois à venir. En temps utile, je pourrai vous en dire plus.

Propos recueillis par Jocksy Ondo Louemba

@info241.com
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