Dépénalisation de l’homosexualité : le parti d’Ali Bongo punit ses 25 parlementaires « dissidents »
Le Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir depuis sa création en 1968) ne peut tolérer la contradiction et l’indiscipline, surtout quand elles proviennent de ses rangs. C’est le sens à donner à la pluie de sanctions prises ce samedi contre les 25 parlementaires du parti pouvoir qui ont osé avoir une voix dissidente à la position du parti sur la dépénalisation de l’homosexualité qui continue de défrayer la chronique. La commission de discipline du PDG a rendu public ce samedi, les sanctions obtenues par ses « dissidents », opposés en juin dernier à la nouvelle mouture controversée du Code pénal.
Entre sanctions et crime de « démocratie » de ses membres
Il ne fait pas bon d’avoir des positions contraires à la « pensée unique » de l’ancien parti unique : le PDG. Ses parlementaires l’auront encore appris à leur dépend ce samedi. Selon la décision n°002/PDG/SE/CPD de ce 1er août, la Commission permanente de discipline (CPD) a infligé au terme d’auditions tenues du 7 au 9 juillet, des sanctions aux « camarades » opposés à la dépénalisation de l’homosexualité au Gabon, voulue par les plus hautes instances du parti présidentiel dont Ali Bongo himself.
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Parmi ces camarades dissidents, figurent en bonne place l’ancien Premier ministre Julien Nkoghe Bekale (membre du Comité permanent du bureau politique, MCPBP) qui écope d’une « mise en demeure », au même titre que Martin Mabala (Membre du bureau politique, MBP) et de Raphaël Mangouala (membre du Conseil consultatif des sages, MCCS). D’autres parlementaires dont la fille aînée d’Ali Bongo, Malika, écopent eux d’un « avertissement avec inscription au dossier ».
Les 22 parlementaires sanctionnés d’un « avertissement » sont :
Alain Simplice BOUNGOUERES, MCPBP
Guy Bertrand MAPANGOU, MCPBP
Régis IMMONGAULT TATANGANI, MCPBP
Blaise LOUEMBE, MCPBP
Martin Fidèle MAGNAGA, MCCS
Firmin Idriss NGARI, MCCS
Flavien NZENGUI NZOUNDOU, MCCS
Josué MBADINGA, MBP
Charles OTANDO, MBP
Albert Richard ROYEMBO, MBP
Alphonse NZIENGUI, MBP
Malika BONGO ONDIMBA, MBP
Irène LISSENGUET épouse LINDZONDZO, MBP
Jean Bosco NDJOUNGA, MBP
David ELLA MINTSA, MBP
Romain MIKANGA SEMBA, MBP
Pacôme MOUBELET BOUBEYA, MBP
Barnabé INDOUMOU MAMBOUNGOU, MBP
Séverin NDONG EKOMIE, MBP
Louis Elvis ENGOZOGO
Léonard ANDJEMBE
Philibert NGAYIPE.
Des sanctions vestiges de l’ère de la pensée unique
Dans sa décision, le parti présidentiel explique ces sanctions par le fait que « les camarades mis en cause ont reconnu avoir exprimé un vote dissident, attitude située aux antipodes des principes basiques du fonctionnement de notre formation politique et du style de travail édicté par le Secrétariat Exécutif ». La commission de discipline a relevé que ces parlementaires dissidents ont fait preuve « d’un management approximatif du processus ayant conduit au vote, d’une absence de concertation au sein du groupe Parlementaire PDG à l’Assemblée Nationale et d’une méconnaissance des réelles modifications apportées au Code Pénal ».
D’où les sanctions prononcées à leur encontre pour un parti « démocratique » qui ne semble l’être que de nom. Les vieux démons de l’époque du parti unique, dans lequel le parti a plongé le pays durant 22 ans, a décidément la dent dure. Heureusement pour ces dissidents que l’exclusion n’ait pas été prononcée contre eux. Ce qui aurait été la sanction suprême qui leur aurait valu de perdre leur siège de parlementaire, sans pouvoir faire acte de candidature au scrutin partiel organisé dans la foulée en raison d’une loi prise en ce sens.
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