Enrichissement illicite

La holding familiale des Bongo, Delta Synergie muselle la CNLCEI au Gabon !

La holding familiale des Bongo, Delta Synergie muselle la CNLCEI au Gabon !
La holding familiale des Bongo, Delta Synergie muselle la CNLCEI au Gabon ! © 2016 D.R./Info241

Le gouvernement nigérian a annoncé, le 4 juin, qu’il vient de récupérer près de 600 millions de dollars de fonds soit plus de 52 milliards 255 millions de FCA provenant de biens spoliés par les mécanismes frauduleux d’enrichissement illicite. A quand une telle prouesse de notre Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite (CNLCEI) au Gabon ? L’inexistence des procédures contre la holding familiale des Bongo, Delta Synergie fait tâche au rôle de la CNLCEI.

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Rappelons à toutes fins utiles, que le journal d’investigation français, le très réputé Mediapart révélait depuis le 6 mars 2015, un vaste réseau de corruption au sommet de l’Etat Gabonais, orchestré par le génie du patriarche Omar Bongo pour ses vieux jours : Delta Synergie. Une puissante holding familiale qui s’est adjugée une présence discrète dans plus de 35 grandes entreprises majeurs exerçant au Gabon et dans de multinationales du CAC40 français.

L’efficacité de la Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite (CNLCEI) en question

Ce tolet médiatique autour de la holding familiale Delta Synergie, toujours à l’œuvre au Gabon a fait les choux gras de la presse nationale et internationale. Car cette affaire met au pilori le défunt président Omar Bongo Ondimba et tous ses héritiers dont l’actuel président gabonais Ali Bongo, face à une violation flagrante de l’article 14 de la Constitution gabonaise qui stipule ce qui suit : "Les fonctions de Président de la République sont incompatibles avec l’exercice de toute autre fonction publique et activité privée à caractère lucratif." A quand une procédure pénale des justiciers gabonais de l’enrichissement illicite contre cette arnaque du siècle ?

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Les observateurs notent que jusqu’à nos jours qu’aucune enquête n’a été diligentée par la Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite (CNLCEI) au Gabon, pour faire la lumière sur ce pillage massif de tous les pans de l’économie gabonaise. Et ce, par la famille présidentielle en étroite collaboration avec les dirigeants d’entreprises installés au Gabon dont celles du CAC 40 français font autorité. Avec l’appui bien entendu, de plusieurs hauts fonctionnaires gabonais et mêmes ministres de l’administration gabonaise.

Tous les bénéficiaires répertoriés dans les fichiers de Médiapart, sont tous connus du grand public gabonais et doivent être entendus sur cette basse manœuvre sur les rentes économiques gabonaises. Mais aujourd’hui, ils ont le sommeil tranquille. En s’arrogeant un droit divin, de bafouer scrupuleusement les lois en vigueur qui condamnent l’enrichissement illicite en terre gabonaise. Afin de tailler leur richesse par des contrats de dupes sans un rappel à l’ordre de la Cour de Cassation ni de la Cour des comptes. Tandis qu’on assiste depuis ces derniers mois, à des poursuites judiciaires à tout va, des membres de la société civile gabonaise, des anciens du régime passé du côté de l’opposition gabonaise. Pourquoi ce deux poids, deux mesures ?

Pourtant au Gabon, une commission "indépendante" dénommée Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite (CNLCEI) a pour seule mission de combattre la corruption et l’enrichissement illicite. On serait donc curieux de connaitre son positionnement face à ces faits qui pourtant lui pré-existent et contre lesquels sa constitution en est l’unique sacerdoce. Cette dernière brille par une nonchalance et surtout un silence courtois face aux nombreux cas d’enrichissement illicite au Gabon. Quand on sait que l’existence de plusieurs comptes bancaires dissimulés en France, aux Etats-unis et en Suisse sont le fruit d’un enrichissement illicite des hommes du pouvoir.

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Cette commission dite "indépendante", dénommée CNLCEI est née de l’article 19 de la loi n°003/2003 du 07 mai 2003 portant création, organisation et fonctionnement de la Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite du temps d’Omar Bongo. Depuis donc 2003, elle existe dans notre pays avec des prérogatives d’officier de police judiciaire. Ses trois missions sont l’investigation, la prévention et consultative : elle est donc spécialisée en matière de prévention et constatation des faits d’enrichissement illicite. Mais jusqu’à présent aucun montant communiqué, aucune condamnation judiciaire n’ont été menés par la CNLCEI.

L’exemple du Nigéria fait école : le président Muhammadu Buhari à la manœuvre

Or, au Nigeria, depuis l’arrivée au pouvoir l’an dernier le président Muhammadu Buhari qui a fait de la lutte contre la corruption l’une des priorités de son gouvernement, les résultats probants n’ont pas tardé à être perceptibles. « Le cash et les biens récupérés entre le 29 mai 2015, quand Buhari a pris ses fonctions, et le 25 mai de l’année en cours ont totalisé 9,1 milliards de dollars », a précisé le ministre de l’Information, Lai Mohammed, dans un communiqué, sans dévoiler les noms des personnes physiques et morales concernées par les saisies.

Le ministre a également dit attendre la restitution de l’équivalent de 321 millions de dollars « dissimulés » en Suisse, en Grande-Bretagne et aux Emirats arabes unis. Le Nigeria figure à la 136e place du dernier classement des pays les plus corrompus de l’ONG anti-corruption Transparency International. Lors d’une visite officielle effectuée aux Etats-Unis en juillet 2015, le nouvel homme fort du Nigeria avait demandé l’aide de son homologue américain Barack Obama pour localiser et rapatrier quelque 150 milliards de dollars (!) d’avoirs volés par des anciens hauts fonctionnaires corrompus.

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Au regard des dispositions légales qui existent théoriquement au Gabon, l’on serait en droit d’attendre de la CNLCEI qu’elle prenne ses responsabilités pour rétablir la vérité et prouver que les lois de la République sont et s’appliquent à tous. Surtout que le serment de ses agents anti-corruption devant la Cour de Cassation est à juste titre univoque : "Je jure de servir l’Etat avec fidélité, de remplir avec probité les fonctions qui me sont confiées, d’observer le respect de la confidentialité des déclarations de biens et de me conformer aux lois et règlements en vigueur notamment ceux en rapport avec la lutte l’enrichissement contre illicite".

Sous d’autres cieux, la simple invocation d’une telle affaire aurait conduit à des réactions de rappel de probité morale et éthique de tous les hommes et femmes soupçonnés dans ce micmac financier dénommé Delta Synergie. Mieux, les procureurs de République, censés défendre et servir la justice, se seraient auto-saisis pour mettre à nu ces crimes financiers commis devant la Nation avec la bénédiction de la plus haute autorité censée l’incarner. Sinon comment expliquer le manque de courage d’enquête de la CNLCEI devant l’implacable existence de la plus rentable entreprise de l’Histoire du Gabon ? Delta Synergie muselle-t-elle la CNLCEI et l’ensemble des Justiciers Gabonais ? To be continued !

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