Plusieurs dizaines de corps abandonnés dans des maisons de pompes funèbres à Libreville

Le Gabon n’est toujours pas sorti de sa crise post-électorale et de la répression sanglante des autorités gabonaises des contestations survenues à l’annonce de la réélection controversée d’Ali Bongo. Depuis, des familles gabonaises sont à la recherche de leurs disparus.

Hier, une importante maison de pompes funèbres de Libreville, a indiqué être en possession d’une dizaine de corps non identifiés, relançant par là même la question des violations de droits de l’homme dans la gestion par les autorités gabonaises, des événements du 31 août 2016 et de la chasse aux manifestants hostiles au régime déclenchée à l’époque par les officiers de police.
Des Gabonais déplorent la disparition de plusieurs proches
Les familles gabonaises n’ont autant perdu les leurs que lors des événements post-électoraux suivant l’annonce de la réélection toujours controversée d’Ali Bongo. Au fort de cette crise, le gouvernement gabonais avait lancé un assaut armé contre le QG de campagne de l’opposant Jean Ping via la garde républicaine, une unité d’élite de l’armée n’assurant que la protection d’Ali Bongo.
Cet assaut armé aurait fait des centaines de morts que le pouvoir gabonais a toujours feint de minorer la portée. Depuis, des familles gabonaises sont sans nouvelles de leurs proches que les officiers de police judiciaire ont continué de traquer durant plusieurs mois. Des informations sans cesse balayées du revers de la main par les autorités gabonaises au service du régime d’Ali Bongo.
Des enterrements en catimini
Depuis plusieurs mois, des rumeurs font état dans Libreville d’enterrement massifs de corps retrouvés sans vie déposés dans des maisons mortuaires. Selon un habitant du quartier Mindoubé de Libreville : « Il s’agit des victimes tuées par les escadrons de la mort d’Ali Bongo au quartier général de Jean Ping. N’ayant pas eu l’occasion de les enterrer tous nuitamment comme ils avaient commencé à le faire, ils ont préféré les déposer dans des morgues hautement surveillées, où personne n’y avait accès. Ne sachant plus comment s’y prendre avec tous ces cadavres, ils sont obligés d’enterrer dans des fosses communes pour faire croire que ce sont des indigents ».
Un internaute renchérit : « Le Gouvernement veut faire passer tous ces cadavres pour indigents quand on sait que les Gabonais sont très attachés aux valeurs familiales. Ils ont le respect des morts : quel que soit le degré de pauvreté, certaines pratiques telles que l’incinération, fosses communes, carré d’indigents sont quasiment méconnues. Avec un millions huit cent mille habitants, chaque gabonais a toujours un parent qui pourrait prendre en charge la dépouille du disparus ».
Des maisons funéraires complices de crimes ?
L’on se souvient que certaines pompes funèbres ont marqué un refus catégorique aux journalistes français qui souhaitaient accéder dans leurs locaux. Que cachaient-elles exactement ? Auraient-elles reçu des ordres du régime de Bongo via son gouvernement pour dissimuler le nombre exact de décès tombé ce mercredi noir du 31 août 2016 ?
Cinq mois après ces scénarii macabres, une cinquantaine de dépouilles ont été inhumées secrètement dans des fosses communes durant la deuxième semaine de janvier. Ces informations sont une nouvelle fois confirmée par un communiqué de l’une des plus importantes morgues de Libreville, la maison Casep-ga.
Le communiqué de Casep-ga
Publiée hier dans le journal pro-gouvernemental l’Union, Casep-ga dit avoir une dizaine de corps non identifiés en sa possession depuis novembre dernier. Et que sans nouvelles des familles au plus tard ce 10 février, il sera procédé à leur enterrement en qualité d’indigents sous la supervision du Parquet de Libreville. Un communiqué qui laisse sans voix et soulève de nombreuses questions : comment et de quoi sont mortes ces personnes ? Quelles autorités ont procédé à leurs dépôts dans ces maisons funéraires ?
Pourquoi préciser les mois de novembre à janvier ? Cette précision n’est-elle pas là pour empêcher les Gabonais de faire un lien avec les massacres du 31 août 2016 ? Ne serait-ce pas dans l’intérêt du régime d’Ali Bongo de cacher la vérité et de faire passer ces morts pour naturels ? Ne devrait-on pas retrouver ces endroits et procéder à l’exhumation des corps puis à les autopsiés. Cette confusion ne cache-t-elle pas quelque chose de malsaine quand on sait que la CPI va prochainement fouler le sol gabonais pour faire la lumière sur les événements post-électoraux ?
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