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Crise post-électorale

Menace terroriste d’Aba’a Minko, le curieux silence du régime d’Ali Bongo

Menace terroriste d’Aba’a Minko, le curieux silence du régime d’Ali Bongo
Roland Désiré Aba’a Minko, posant avec son affiche de campagne présidentielle © 2017 D.R./Info241

Le vendredi 16 juin, le peuple gabonais a vécu un feuilleton rocambolesque, un acte qualifié de "simulacre de terrorisme’’ de Roland Désiré Aba’a Minko, ancien candidat à l’élection présidentielle, membre de la coalition pour la Nouvelle République, présidée par Jean Ping. Beaucoup ont crié à la manigance politique, à la diversion face à l’arrivée d’une délégation de la CPI. Mais à y regarder de très prêt dans les archives de l’histoire politique gabonaise, les menaces d’Aba’a Minko sont à l’image d’une œuvre d’un machiavélisme réputé des ’’Rénovateurs’’ qui avaient pour membre influent, Ali Bongo. Réactions politiques.

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Les Gabonais ont eu la peur au ventre tout le vendredi après-midi. Des personnes cagoulées et armées ont tenté simultanément à Libreville de faire diffuser une vidéo de "révolution du peuple" donnant 72h à Ali Bongo pour quitter le pouvoir. L’auteur de cette vaste opération de menace terroriste est Roland Désiré Aba’a Minko. Toutefois, ce dernier a eu le temps d’organiser ce même vendredi sur la place publique une conférence de presse pour informer la nation gabonaise et le monde entier, la mise en exécution de son plan de bombardement des administrations gabonaises avec pour relais les médias étatiques et à un jet de pierre du commissariat central de Libreville. Méthode terroriste curieuse dont le Gabon est devenu le berceau originel.

Il nous tient de rappeler les incohérences de cet acte qui n’est pas à négliger, malgré la tristesse de ce raté qui en dit long. C’est la première fois au monde qu’un ’’Kamikaze’’ fasse une déclaration terroriste avant la mise en œuvre de son plan. En plus, une déclaration enregistrée par Gabon24, un média d’état dont le ministre de la Communication Alain-Claude Bilie Bi Nzé, très proche d’Ali Bongo à une mainmise totale. Et sur un lieu typique, à 300 mètres d’un commissariat de police, jouxtant presque le ministère des finances. Lorsqu’on scrute les archives de l’histoire politique gabonaise cet acte de menace de faire bombarder tous les edifices publics de l’administration gabonaise perpétré par de l’éphémère terroriste, Roland Désiré Aba’a Minko, ressemble à l’époque des rénovateurs où des milices avaient été créées pour aller embastiller à coups de matraques dans une violence indescriptible des honnêtes gens afin de l’imputer aux opposants gabonais.

Toujours en convoquant l’histoire politique on ne doit pas oublier que Jean Pierre Lemboumba, homme politique de renom a reçu des balles dans sa propre concession. Fort heureusement il n’en est pas mort. Et pendant qu’il était à l’hôpital pour suivre des soins d’urgence, le parti démocratique gabonais d’Omar Bongo conduit par don Secretariat général est passé à la télévision publique pour imputer son assassinat manqué à l’opposition. Il a fallu les déclarations de la victime et de sa famille pour contredire et taire le PDG. Tout le monde connaît la suite de l’affaire. Ceux qui étaient accusés par la victime continuent de gouverner et diriger le Gabon.

A beau chasser le naturel, il revient au galop, n-a t-on pas trouvé étrange qu’alors que le siège de l’Assemblée Nationale était gardé par les forces de l’ordre, on a accusé de simples manifestants sans arme d’avoir incendié les bâtiments. À qui profitait le crime ? Ce qui s’est passé vendredi n’est que la répétition des actes antérieurs dans un scénario encore plus étonnant : Où sont passées les quatre personnes encagoulées ? Sont-elles passées inaperçues dans un pays où les services de renseignements écument tout le pays ? Va-t-on nous dire qui a fabriqué les bombes maintenant que le terroriste est arrêté ? Et si le terroriste racontait une autre version des faits ? Quid de la vérité sur cet acte.

La journée du 16 juin 2017 marquera le triste tournant que revêt la crise post-électorale suite à l’élection contestée d’Ali Bongo refusant la vérité des urnes. Et pour cause, un ancien candidat à la présidentielle zélé, Roland Désiré Aba’a Minko a tenté de réaliser avec d’autres ’’révolutionnaires’’, un acte terroriste d’un ridicule inquiétant. Pour selon le présumé terroriste médiatique afin d’en finir l’hégémonie du système Bongo-PDG au pouvoir depuis 1968. L’opposant, a semble-t-il mis en œuvre à l’aide quelques autres citoyens "déterminés", une opération d’envergure, bien que ratée. Et ce au nez et à la barbe des services secrets, de la DGR et des nombreux policiers postés à tous les artères de la capitale gabonaise. Quelle tristesse !

Jusqu’à cette heure et nous mettons notre analyse sous presse, outre l’ouverture de l’enquête par le procureur de la République, Steve Ndong aucune réaction officielle du gouvernement d’Ali bongo n’a fusé face à la gravité des faits. Pourquoi un tel mutisme du Palais du bord de mer, de la Primature gabonaise lorsqu’on sait l’empressement, la prolixité et la rapidité avec lesquels le régime d’Ali Bongo affectionne la communication publique et médiatique face à l’opposition gabonaise. Pourquoi un tel silence assourdissant ? Qu’est-ce qui se trame derrière ce pétard mouillé d’acte terroriste d’Aba’a Minko ?

Réactions politiques

Dans une adresse diffusée sur sa page officielle avec pour titre « Instrumentalisation et inintelligente tentative de légitimation internationale d’un pouvoir illégitime et tortionnaire au Gabon », le président de l’ONG UNITE, Dr Séraphin Moundounga, a fustigé « La manipulation grotesque, faute d’intelligence suffisante » visant plutôt « à retourner l’opinion nationale et internationale contre le Président élu Jean Ping ». Selon l’ancien Garde des sceaux, « des explosifs étant des armes militaires, la traçabilité de leur acquisition, depuis le fabricant jusqu’à cet acheteur et / ou utilisateur et ancien candidat insignifiant de la présidentielle de 2016 au Gabon, en passant par le vendeur, peut être aisément élucidée si telle est la volonté populaire pour que prennent définitivement fin de pareilles instrumentalisations ».

Le président de l’ONG UNITE voit dans cet acte malhabile « un nouveau prétexte pour de nouvelles arrestations arbitraires et des nouveaux assassinats si la mobilisation de tous et de chacun ne se fait de façon définitivement libératoire. Des mobilisations multiformes doivent être organisées, partout où nous nous trouvons, pour dénoncer ce machiavélisme honteux et de plus, pour mettre en garde les dirigeants de fait et illégitimes, contre toute action attentatoire à la sécurité et à l’intégrité du Président élu Jean Ping, à celles de tout leader politique ou de la société civile ainsi que de toutes les Gabonaise et tous les Gabonais, qui en souffrent trop, sans que plus personne n’accepte de rester silencieux et inactif, face l’accentuation de la dérive autoritaire de la Tyrannie sanguinaire contre laquelle nous sommes tous appelés et interpellés, pour en mettre un terme, avec la contribution de tous les épris de paix , et notamment l’Union Européenne dont la manœuvre, heureusement malhabile, vise à retourner cette organisation contre le Président Jean Ping, avec l’intention manifeste de le faire passer pour un terroriste aux yeux du monde libre et particulièrement de l’UE, de la CPI et de toute la Communauté internationale luttant contre le mal du siècle, le terrorisme  ».

Paul-Marie Gondjout, secrétaire exécutif de l’Union Nationale n’est pas allé de main morte : « Après la mascarade de vendredi d’un ancien candidat à l’élection présidentielle du 27 août dernier allant sans être inquiété de rédaction en rédaction des chaînes de télévision et radio, menaçant de faire sauter des édifices publics si Ali Bongo ne quittait pas le pouvoir dans les 72 heures ; il est temps d’ouvrir les yeux et de dire stop à cet enfumage faussement révolutionnaire qui voudrait nous faire croire que la France est la responsable de tous nos maux. Oui elle a une part de responsabilité pour avoir contribué à asseoir très durablement le pouvoir des Bongo-PDG ».

Mais de grâce, a-t-il ajouté « qu’on ne prenne pas les Gabonais pour des dupes. Nous sommes fatigués de ces méthodes avec lesquelles le pouvoir a installé un climat de peur et de tyrannie pour contraindre les Gabonais à accepter l’inacceptable au soir du 31 août 2016. Nous devons absolument refuser cet état de fait. Le comportement de M. Aba’a Minko est condamnable et ne peut se justifier par une quelconque révolution qui libérerait le Gabon. Dans ce cas, il n’aurait pas dû se présenter à l’élection présidentielle pour en valider le principe régulier de l’alternance. » Avant de conclure son propos en ces termes : « Si Ali Bongo doit quitter le pouvoir, les Gabonais n’ont jamais pensé que les méthodes terroristes étaient le moyen d’y parvenir. Elles ne peuvent que desservir la cause de la lutte pour l’alternance. L’instrumentalisation du terrorisme est irresponsable, le Gabon n’en a pas besoin. Ceux qui manipulent Aba’a Minko doivent le savoir ».

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