Analyse

Echecs et reculades des réformes engagées par le gouvernement : qu’est-ce qui coince ?

Echecs et reculades des réformes engagées par le gouvernement : qu’est-ce qui coince ?
Des grévistes de la faim à Libreville avaient réussi à faire faire des reculades au gouvernement © 2014 D.R./Info241

La diversification de notre économie, la mise à niveau de notre système éducatif et de formation, pour ne citer que ceux-là sont des réformes existentielles pour notre pays mais qui pourtant rencontrent des difficultés dans leur mise en œuvre.

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Une causalité historique

D’abord secoué par la baisse exponentielle du prix du baril de pétrole en 1985 suivi par un déclin inévitable de la production, le pic pétrolier ayant été atteint en 1996-1997, deux facteurs qui ont asséché nos finances publiques, il a fallu atteindre les années 90 pour que le Gabon se résout à engager des réformes en matière de diversification de son économie et ce, sous l’injonction des bailleurs de fonds qui exigeaient des réformes comme condition sine qua non au prêt.

Pour autant plus de dix ans plus tard, la restructuration de notre économie est restée un vœux pieu pour la plus part des gouvernements qui se sont succédés ; les recettes de l’Etat proviennent toujours en grande partie de la production pétrolière qui ne cesse de décliner, l’agriculture, la pêche et le tourisme restent sous-exploitées à ce jour.
Même constat au niveau des réformes de notre système scolaire, à l’exemple du système LMD dans nos universités qui font l’objet d’un tropisme à la gabonaise. Pour ajouter à cela, la reculade du ministère de l’Education nationale suite à la grève de la faim des recalés du Bac 2014 illustre parfaitement ce constat d’échec.

Des raisons, des raisons...

Comment expliquer autant d’échecs alors que les chantiers sont nombreux dans l’économie, la santé, l’éducation, l’environnement et exigent des réformes rapides et efficaces ?

Les responsabilités sont partagées. D’abord nos différents gouvernements qui ont brillé par un manque de volonté politique pour plutôt répondre à des enjeux partisans ou subjectifs, ou encore faisant prévaloir le court terme sur le long terme. Mais surtout, les réformes entreprises sont souvent mal préparées à travers des dossiers ficelés à la va-vite ou qui ne prennent pas en compte tous les acteurs pouvant donner leur avis afin que le projet fasse l’unanimité dans un secteur. Résultat, on assiste à une reculade du ministère donné face au refus des acteurs concernés de la mise en pratique de la réforme.

Bien-entendu, c’est le management du secteur public qui pose la plus grande difficulté avec notamment ces fonctionnaires qui ne sont pas souvent outillés ou ne maitrisant pas les enjeux pour engager une réforme.

Cependant, si nos différents gouvernements sont à plaindre, les autres acteurs non-étatiques et le reste des populations ont aussi leur part de responsabilité.
A l’exemple des entreprises du secteur bois qui refusaient de se plier à la mesure de Ali Bongo de l’industrialisation de leur activité en janvier 2010, alors que cette réforme attendait depuis de nombreuse années d’être appliquée. Aujourd’hui tous les indicateurs de ce secteur sont au vert, au grand bonheur ceux là-même qui s’y opposaient hier.

Un autre exemple, aujourd’hui Libreville est engorgée suite à une urbanisation non maitrisée, pour cela le gouvernement a entrepris de faire déguerpir les populations de certains quartiers moyennant des indemnisations. On a enregistré ici et là le refus de ces derniers de quitter des habitats mal lotis.

Un sursaut de l’Etat attendu

Au regard ce qui précède, il incombe donc à l’Etat de se doter d’une réelle volonté politique et des moyens (humains et financier) tout en informant les populations sur le bien-fondé de mener des réformes avant que la force reste à la loi.

La situation du Gabon exigeant des réformes rapides et efficaces, encore une décennie, on risque de vivre un contexte ingérable pour nos gouvernants et invivables pour les populations et autres.

@info241.com
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