Brutalités policières

Commerçant immolé : le procès d’intention de la police gabonaise

Commerçant immolé : le procès d’intention de la police gabonaise
Beranger Ntoutoume (en medaillon) s’est immolé le 1er novembre à Libreville © 2015 D.R./Info241

La police gabonaise qui a décidément mauvaise presse, s’est défendue hier sur l’un des premiers cas d’immolation enregistré dans le pays. Loin de faire son propre examen de conscience sur ses pratiques quotidiennes, la police gabonaise s’est fendue en procès d’intention pour « banaliser » l’immolation du jeune commerçant de 28 ans, Beranger Ntoutoume, le 1er novembre dans les locaux du commissariat central de Libreville.

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Pour les autorités policières, le jeune commerçant dont la marchandise a pourtant été confisquée arbitrairement, aurait eu "aussi" des ambitions politiques mortifères. « L’objectif d’un tel geste n’était pas seulement de récupérer sa marchandise, mais de provoquer un soulèvement populaire comme en Tunisie en 2010 et plongeait le pays dans le chaos  », a affirmé un enquêteur de la brigade anti-criminalité de la préfecture de police cité par l’AGP.

Mieux, l’infortuné serait un activiste politique de l’Union Nationale (opposition) qui aurait voulu par son "sacrifice" provoquer l’embrasement de toute la République ! Une couleuvre bien trop grosse à avaler.

Derrière ce subtil procès d’intention d’une police à l’image grandement écornée se cache une omerta sur des pratiques policières très peu reluisantes. La semaine dernière en plein cœur de l’affaire des "commerçantes dénudées", le ministère de l’Intérieur s’était réfugié dans un corporatisme insoutenable déniant les manquements à la dignité humaine dont ces femmes commerçantes ont été l’objet de la part des forces de police.

Tout comme il est difficile de croire que le commerce à Libreville serait le théâtre de kamikazes prêts à de telles extrémités pour parvenir à la chute du régime au pouvoir. Le cas de l’immolation de Beranger Ntoutoume met à nouveau à mal une administration policière malade de sa corruption et de l’excès de zèle qui gangrènent ses agents brillant par un certain mépris et le racket des populations.

Le jeune commerçant de friperie, brûlé au 3e degré est toujours aux soins intensifs à l’hôpital militaire de Libreville. Sa version de faits est attendue devant le procès d’intention déclaré des responsables des forces de police gabonaise. Un rassemblement est prévu ce vendredi à Libreville pour dénoncer les violences policières.

@info241.com
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