Grève illimitée au Samu social gabonais pour dénoncer des conditions de travail « indignes »

L’antenne de Port-Gentil du Samu social gabonais est entrée dans une grève générale illimitée ce jeudi 25 septembre. Les travailleurs, regroupés au sein de la Confédération syndicale démocratique du travail (CSDT) et représentés par Jean-Robert Boundzanga, dénoncent des conditions de vie et de travail qu’ils qualifient d’« indignes ». Ils pointent du doigt des salaires dérisoires, l’absence de couverture sociale, des bâtiments vétustes et un plateau technique obsolète. Pour eux, leur employeur, le coordonnateur général du Samu social, le Dr Wenceslas Yaba, est directement responsable de cette situation.

Des revendications ignorées depuis plus d’un an
Les grévistes rappellent qu’en juin 2024, un cahier des charges avait été transmis à la direction générale. Ce document contenait des revendications précises : revalorisation salariale, clarification des types de contrats (CDI ou CDD), et garanties sociales effectives. Mais aucune suite concrète n’a été donnée.
Principaux points de la grève :
Éléments clés | Constats des agents | Conséquences dénoncées | Exigences syndicales (CSDT) |
---|---|---|---|
Salaires | Entre 120 000 et 150 000 FCFA par mois | Revenus insuffisants, retards de paiement depuis juin 2024 | Revalorisation salariale et régularisation des impayés |
Contrats | Absence de clarté entre CDI et CDD | Insécurité professionnelle, confusion statutaire | Attribution de contrats clairs et conformes au Code du travail |
Protection sociale | Pas de CNSS, pas de CNAMGS, pas de bulletin de paie | Agents livrés à eux-mêmes, absence de couverture maladie | Enrôlement obligatoire à la CNSS et à la CNAMGS + bulletins de salaire |
Infrastructures et matériel | Bâtiments vétustes, plateau technique obsolète, absence de véhicules adaptés | Impossibilité d’assurer des interventions efficaces | Rénovation des locaux et dotation en matériel moderne |
Dialogue social | Cahier de revendications ignoré depuis juin 2024 | Frustration, perte de confiance, radicalisation du mouvement | Ouverture d’un dialogue social autour d’une table de négociations |
Respect du Code du travail | Violation de l’article 385 alinéa 8 (remplacement des grévistes) | Atteinte aux droits syndicaux et légaux | Arrêt immédiat des recrutements illégaux et respect strict de la législation |
En guise de protestation, les agents ont érigé une pancarte de plus de trois mètres devant leurs locaux, situés sur la route de l’aéroport international Rendjambé Issani, pour symboliser les violations répétées du Code du travail. « Ils sont payés en monnaie de singe, sous forme de forfait, et le coordonnateur ose dire que ses agents sont mieux payés que ceux de la fonction publique » , a fustigé Jean-Robert Boundzanga.
La pancarte des grévistes
Sur le terrain, la précarité est manifeste : absence de véhicules adaptés, matériel médical défaillant, plateau technique insuffisant et locaux délabrés. Les agents soulignent également l’absence de classification professionnelle, qui entretient la confusion et fragilise leur statut. Malgré de multiples interpellations adressées à la primature de la transition, au ministère des Affaires sociales, au ministère du Travail et à celui de la Santé, aucune mesure corrective n’a été prise. « Lors des caravanes médicales, on met en avant des spécialités comme la chirurgie ou l’ophtalmologie, avec distribution de dons. Mais pendant ce temps, les agents s’enfoncent dans la misère avec des salaires impayés depuis juin dernier » , a dénoncé un représentant de la CSDT.
La loi du travail bafouée
Les syndicalistes accusent en outre le Dr Yaba de violer l’article 385 alinéa 8 du Code du travail, qui interdit tout recrutement en remplacement de travailleurs en grève tant que le conflit n’est pas résolu. Selon eux, le coordonnateur général aurait envoyé des émissaires depuis Libreville pour remplacer les agents grévistes, une pratique jugée illégale. « Nous allons saisir un huissier et le tribunal pour que le Samu social gabonais soit fermé définitivement. Nous ne sommes pas là pour la guerre, mais ouverts au dialogue social. Pour lever la grève, il faudra que le coordonnateur accepte de se mettre autour d’une table » , a prévenu Jean-Robert Boundzanga.
Les agents sur le piquet de grève
La situation salariale illustre l’ampleur de la crise. Infirmiers, laborantins ou sages-femmes perçoivent entre 120 000 et 150 000 FCFA par mois, sans bulletin de paie. Aucun n’est affilié à la CNSS ou à la CNAMGS, et la plupart ne possèdent pas de compte bancaire. « Ces agents ne sont pas assurés, ne sont pas bancarisés, et le pire, ils n’ont aucun bulletin de salaire » , a conclu Boundzanga, dénonçant une véritable « torture morale et professionnelle ».
Une crise aux répercussions nationales
Cette grève, qui paralyse une structure censée incarner une réponse rapide aux urgences sociales et sanitaires, risque d’avoir de lourdes conséquences au-delà de Port-Gentil. Privés de moyens humains et techniques, les services du Samu social ne peuvent plus remplir leurs missions, au détriment de milliers de citoyens. Les syndicats estiment que sans une intervention urgente des autorités, la situation pourrait dégénérer et accentuer une crise sociale déjà profonde au Gabon. Pour l’heure, les agents maintiennent leur position : la grève restera illimitée tant que leurs revendications ne seront pas satisfaites.
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