UE/Russie

La Russie et les pays occidentaux au bord d’une grave guerre commerciale

La Russie et les pays occidentaux au bord d’une grave guerre commerciale
La Russie et les pays occidentaux au bord d’une grave guerre commerciale © 2014 D.R./Info241

Aux lendemains des sanctions de l’Union Européenne sur la Russie, le gouvernement russe a réplique par une séries de mesures commerciales contraignantes qui font déjà grand bruit. Bruxelles se réserve le droit de riposter à l’embargo agricole décrété par la Russie. Moscou envisage de frapper dans l’automobile.

Moov Africa

Punitions, sanctions, ripostes, représailles. La Russie et les pays occidentaux sont engagés dans un début de guerre commerciale susceptible de dégénérer gravement. Une semaine après avoir vu ses banques publiques coupées des marchés financiers occidentaux, le premier­ ministre russe, Dmitri Medvedev, a annoncé hier un embargo sur de nombreux produits alimentaires de l’Union européenne, des Etats-Unis, du Canada de l’Australie et de la Norvège.

Suite aux instructions données la veille par son président, Vladimir Poutine, il a menacé en outre d’interdire aux compagnies aériennes occidentales de survoler son pays pour desservir l’Asie depuis l’Europe.

Il a ajouté qu’il envisageait des « mesures protectionnistes » dans les secteurs de la construction aéronautique, navale ou automobile. Une menace grave sur le papier, puisque l’Union européenne a exporté 107 milliards de dollars de biens industriels en Russie l’an dernier­, contre « seulement » 15 milliards de produits alimentaires, mais difficile à mettre en œuvre, faute d’alternatives de qualité­. Dmitri Medvedev a assuré que son gouvernement ne voulait pas de guerre commerciale, mais qu’une réponse était inévitable face aux sanctions des Occidentaux et qu’il espérait que ces derniers, aux considérations politiques « stupides », penseront à «  ne pas isoler ou faire peur à la Russie ». « Une telle chance – une occasion unique d’ouvrir et de développer notre industrie destinée à la substitution des importations – ne peut être négligée », a-t-il conclu.

Doutes en Russie

La tonalité était toute aussi déterminée hier à Bruxelles, où la Commission dit « se réserver le droit de prendre­ des mesures », et à l’OTAN. Son secrétaire général, Anders Fogh Rasmussen, a annoncé hier, à l’issue d’un entretien à Kiev avec les dirigeants ukrainiens, que l’Alliance atlantique était prête à renforcer son assistance à l’Ukraine dans plusieurs domaines face à «  l’agression russe ». Les Etats-Unis fournissent déjà une aide non létale (renseignements, conseils, gilets pare-balles) à une armée ukrainienne à l’offensive depuis un mois. Kiev a repris la moitié du territoire tenu par les séparatistes et assiège la principale ville d’Ukraine orientale, Donetsk, qui a subi hier d’intenses bombardements.

Nombre d’analystes russes doutent de la capacité de leur pays à substituer des produits locaux aux importations occidentales, «  un conte de fée » selon Igor Nikolayev, directeur de l’institut d’analyse stratégique FBK. Il souligne que l’Etat russe manque de fonds pour stimuler la production agricole, puisque l’argent disponible a déjà été affecté à d’autres besoins (les fonds des retraites ont été siphonnés pour combler les trous du budget fédéral). Moscou aurait déjà pris des contacts avec la Turquie et le Brésil pour augmenter les achats auprès de ces pays, au prix d’une recomposition mondiale des circuits commerciaux dans laquelle, à vrai dire, les exportateurs européens ne resteront pas non plus les deux pieds dans le même sabot…

Flambée des prix alimentaires

Le Kremlin ne pouvait pas ne pas répondre aux sanctions occidentales, estimait hier la politologue Maria Lipman à Moscou, «  il s’agit de fierté nationale et de souveraineté plutôt que d’économie. Lorsqu’un pays est présenté comme un paria, il se doit de répondre ». Mais l’embargo fera certainement flamber les prix alimentaires, jusqu’à 25 % pour les fruits et légumes, ce qui alimenterait une inflation déjà supérieure aux objectifs, à 7,5 % en juillet. Dmitry Polevoy, économiste de ING Groep à Moscou, estimait hier que l’embargo « amplifiera seulement les effets » des sanctions occidentales, avec un impact « général sur les ménages ». Sans vraisemblablement « faire changer la stratégie suivie par Vladimir Poutine », estime Andrew Monaghan, spécialiste de la Russie au think tank Chatham House, qui juge «  très délicat de trouver un équilibre entre une attitude de fermeté et de dialogue ».

Source : Lesechos.fr

@info241.com
Moov Africa

Newsletter de Info241.com

Inscrivez-vous maintenant pour recevoir notre newsletter quotidienne


Info241.com s'engage à ne pas vous envoyer de messages non sollicités. Si vous changez d'avis, vous pourrez vous désabonner de cette newsletter à tout moment.

Commenter l'article