Crise post-électorale

La Francophonie désavoue Ali Bongo : quid du rôle de la communauté internationale

La Francophonie désavoue Ali Bongo : quid du rôle de la communauté internationale
Action de résistance de la diaspora gabonaise au Trocadéro à Paris contre l’élection d’Ali Bongo © 2017 D.R./Info241

L’isolement diplomatique du régime Bongo-PDG au Gabon s’accentue de plus belle. La présidence d’Ali Bongo à la tête de la République gabonaise est contestée par toutes les institutions membres éminentes de la communauté internationale qui semblent opérer un double jeu sur le respect du vote démocratique du peuple gabonais. Après l’UA, l’UE, l’ONU, la semaine dernière avec un curieux retard, et sous la pression de la société civile, le tour est venu à l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) d’exprimer des doutes sur la crédibilité de l’élection présidentielle du 27 août 2016 dont Jean Ping revendique toujours sa victoire dans les urnes. Mais aujourd’hui une dictature condamnée ailleurs est tolérée en terre gabonaise. Pour quelles raisons ?

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Tous les rapports des missions d’observations confortent l’idée qu’Ali Bongo n’a pas gagné à la régulière, que dis-je, en toute transparence électorale l’élection présidentielle du 27 août 2016. Cette dernière a vu un moment fort de l’histoire politique du Gabon : la toute première candidature unique de l’opposition autour de Jean Ping. Ce fait politique a préparé le terrain d’une alternance démocratique pacifique tant rêvée dans un pays où le pouvoir présidentiel est à la solde totalitaire d’un même système machiavélique Bongo-PDG et ses affidés, depuis 1968, sans discontinuité.

Mais force est de constater que le récit du déroulement des élections présidentielles au Gabon et dans la sous-région de l’Afrique centrale francophone est resté conforme à la tradition dictatoriale qui règne dans cette région du monde. De 1993, en passant par 1998, 2005, 2009 jusqu’à 2016, la méthode d’accaparement du pouvoir présidentiel par la répression militaire a été réitérée au Gabon. Avec sans doute comme à l’accoutumée, l’appui des lobbys et des chantres des intérêts économiques de la France-Afrique, chers à la République française. Bien qu’elle ventile ailleurs la Liberté démocratique et la souveraineté du peuple comme valeurs cardinales. Peut-être pour renforcer des incidences des flux migratoires partant du Gabon, un ancien émirat pétrolier pour une France surendettée à bout de chômage galopant ?

En effet, le résultat de la dernière présidentielle du Gabon a été entaché d’énormités, un taux de participation à la soviétique dans le Haut-Ogooué, un abus du pouvoir des institutions garantes de l’équilibre démocratique, incarné par le rôle de Marie-Madeleine Mborantsuo , à la tête de la Cour Constitutionnelle depuis sa création en 1991. Tout ceci, assorti des massacres des citoyens qui rêvèrent et affirmèrent leur envie patriotique d’une alternance démocratique pacifique. Il faut souligner qu’un rapport de la mission conjointe Commission de l’Union africaine et de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEAC) qui avait fuité consolidait cette même thèse.

Et pourtant, il est connu de part le monde entier que la réélection d’Ali Bongo à la tête du Gabon a été marquée « d’irrégularités et d’anomalies évidentes » selon la Mission d’observation de l’Union européenne. Réuni en sommet d’urgence sur l’état de droit en RDC et au Gabon, le Parlement européen de Bruxelles avait adopté à l’unanimité une résolution qui : « considère que les résultats officiels de l’élection présidentielle manquent de transparence et sont extrêmement douteux, ce qui a eu pour effet de mettre en cause la légitimité du président Bongo  ». Tout en recommandant des sanctions ciblées. Pour quelle finalité ? Observer béant, le peuple gabonais supporter et opprimer par une violente dictature d’Ali Bongo et son oligarchie.

Le rapport de la mission de l’Union européenne dirigée par l’euro-député Bulgare, Mme Mariya Gabriel qui a séjourné au Gabon lors de la présidentielle d’août 2016, contestée jusqu’à nos jours par la coalition des partis de l’opposition présidée par Jean Ping, a mis en cause la sincérité du scrutin et avait demandé un recomptage des voix dans la province du Haut-Ogooué. Ce qui n’a pas été suivi dans les faits par le régime despotique du président sortant Ali Bongo. Ce n’est pas tout, une autre importante mission était sur place au Gabon lors de l’élection, il s’agit de la mission de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

Le rapport de la mission d’observation de la Francophonie qui n’a pas été rendu public jusqu’à nos jours, mais dont nos confrères de RFI ont pu consulter et divulguer quelques pages, pointe plusieurs constats dont les nombreux manquements observés dans l’organisation du vote dénotant d’un défaut de formation caractérisé des agents électoraux. Sur les recours, la mission relève l’absence de confiance des candidats dans la machine judiciaire, incapable d’un traitement équitable. « Une confiance très faible, voire inexistante. »

Concernant le traitement médiatique, le rapport pointe qu’une fois les résultats provisoires prononcés, le 31 août, la balance de la couverture médiatique a penché en faveur d’Ali Bongo. Et qu’internet a été fortement perturbé. Enfin, sur le résultat de la présidentielle, la Francophonie fait ce rappel : Bruxelles et d’autres partenaires du Gabon ont demandé un recomptage des voix. Plus important, le rapport de la francophonie dirigée par Michaëlle Jean, constate que la Cour constitutionnelle a annulé les résultats de 21 bureaux de vote dans l’Estuaire, soit 10 000 voix, sur demande formulée par Ali Bongo. Et que la Cour a rejeté la demande de Jean Ping d’annulation des résultats dans le Haut-Ogooué, « au cœur du contentieux ».

« Cette différence de traitement entre les résultats du Haut-Ogooué et ceux de l’Estuaire n’a pas permis de lever tous les doutes sur la sincérité des résultats tels qu’issus des urnes  », souligne le rapport de l’OIF. C’est la phrase que l’on retient de ce rapport : le « doute » de la Francophonie sur la sincérité des résultats présidentiels qui ont permis à Ali Bongo de rempiler à la présidence gabonaise. Tout compte fait, l’OIF est sur la même ligne d’observation et de constats de terrain que l’Union européenne, mais aussi de l’Union africaine qui avait, elle aussi, fait part de ses « doutes » dans un rapport paru en novembre dernier.

Mais aujourd’hui, après tous ces constats d’institutions majeures de la communauté internationale qui prônent toutes le respect du vote démocratique, Ali Bongo trône en toute illégitimité et illégalité à la présidence de la République gabonaise. Ali Bongo opprime le peuple gabonais qui crie justice suite aux massacres qui ont suivi l’attaque du QG de Jean Ping, le Président élu de la République gabonaise. Ali Bongo est désormais qualifié de « putschiste », de « dictateur », « d’assassin-pilleur » par les mouvements de la résistance de la diaspora gabonaise, par la société civile libre par l’opposition gabonaise. Toutefois, Ali Bongo en connexion avec ses lobbyistes participe en toute impunité au Sommet des chefs d’Etat de la Francophonie (Madagascar), aux conclaves de l’ONU, au mépris du respect du suffrage universel gabonais. Pourquoi un tel double jeu flagrant de la communauté internationale pour le cas du Gabon ?

Simplement parce que le Peuple Gabonais doit foncièrement se résoudre à accepter que sa libération totale proviendra d’abord de ses terres ancestrales guerrières. Aujourd’hui tout concoure à cette délivrance, l’heure est au renfoncement du combat patriotique et républicain. Au-delà des agendas insidieux, personnels, personnifiés et éphémères. Chaque Gabonais et Gabonaise doit utiliser des armes pacifiques et des outils de résistance pour restaurer un Gabon Républicain. En donnant un sens à ces deux refrains de l’hymne national gabonais, ‘’La Concorde’’ : « Oui que le temps heureux rêvé par nos ancêtres ; Arrive enfin chez nous, réjouisse les êtres, Et chasse les sorciers, ces perfides trompeurs. Qui semaient le poison et répandaient la peur. Afin qu’aux yeux du monde et des nations amies, le Gabon immortel reste digne d’envie, ensemble bâtissons l’édifice nouveau auquel tous nous rêvons. »

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