Nationalité

Immigration : les grandes tribulations d’un Gabonais devenu enfin Français

Immigration : les grandes tribulations d’un Gabonais devenu enfin Français
Arnaud-Marc est français depuis le 10 septembre, plus de douze ans après être arrivé en France. © 2014 D.R./Info241

Les gabonais sont de plus en plus nombreux à immigrer à l’étranger pour y vivre mieux. Le quotidien régional français L’Est Eclair (Champagne-Ardenne) revient sur l’histoire de ce gabonais qui a bataillé pas moins de 12 ans pour enfin obtenir la nationalité française. Nous vous livrons l’intégralité de cet article paru hier.

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Arnaud-Marc Obiang est Français, mais il ne l’a pas toujours été. Il vient même de le devenir, plus de douze ans après être arrivé en France pour la première fois.

"Maintenant, j’ai la tête tranquille. Je vais partir en vacances"

Le sourire aux lèvres, Arnaud-Marc savoure. Le soleil de cette fin de septembre s’accorde bien avec son bonheur. « Être Français, c’est la clé du bonheur pour celui qui veut travailler ». Parce qu’aujourd’hui, Arnaud-Marc est Français. Il ne l’a pas toujours été. Le 26 janvier 2012, quand son histoire avait paru dans nos colonnes, il était impossible de dire qu’elle finirait bien. On avait même la sombre impression du contraire. À l’époque nous l’avions appelé Marc et aucune photo de lui ne figurait dans la page, pour conserver son anonymat.

Une vie meilleure

Né en 1971 à Libreville, dans le Gabon d’Omar Bongo, Arnaud-Marc affirme « avoir été adopté par la langue française depuis l’enfance ». Il ajoute même : « La France était ma source depuis l’Afrique ». Il a travaillé comme déclarant en douane, c’est-à-dire qu’il réglait pour des clients les formalités administratives relatives à l’importation de marchandises. Mais quand les droits de douane ont explosé à 53 %, les marchandises ont cessé de transiter par Libreville pour aller dans les pays limitrophes (Congo, Guinée Équatoriale). Et Arnaud-Marc s’est retrouvé sans emploi. Pourquoi alors ne pas partir en France, pour y vivre une vie meilleure ? Il rassemble ses affaires, un peu d’argent, et le voilà parti, visa de tourisme de six mois en poche.

Arnaud-Marc arrive à Paris en février 2002, et sa vie meilleure commence à l’hôtel, avant qu’il n’aille dormir dans la rue, son pécule de départ épuisé. Mais il n’a pas abandonné. Il a cherché du travail, et il en a trouvé. Dans le nettoyage, d’abord. Puis dans la sécurité. « Il n’y a que le travail qui paye », affirme-t-il aujourd’hui.

La rétention administrative : « Il faut y vivre pour y croire »

C’est en 2007 qu’Arnaud-Marc arrive à Troyes. Il travaille alors dans la sécurité. C’est à ce moment qu’il rencontre Frédérique, qui deviendra sa femme un an plus tard. Il quitte Paris, vient vivre dans l’Aube, tout en continuant à travailler dans la sécurité. Petit détail, il n’a toujours pas de papiers. Ce détail prend toute son importance quand un an plus tard, il est arrêté à Reims. Il se souvient encore aujourd’hui de l’adresse du centre de rétention administrative où il a attendu son expulsion : « Le 13 rue Émile-Zola, à Massy Palaiseau ». Ce centre de rétention, « de la même famille que la prison », il y a passé trois semaines. « Il faut y vivre pour y croire ».

L’expulsion, le retour

« Le 6 juin 2008 », Arnaud-Marc est expulsé vers le Gabon. Il parvient à revenir six mois plus tard, après son mariage avec Frédérique. Mais le mariage ne tient pas. Rapidement séparés, Arnaud-Marc et Frédérique divorcent en 2009. Lui a retrouvé du travail, un CDI « dans la restauration », mais quand il vient à la préfecture en 2010 pour renouveler son titre de séjour d’un an, on lui répond : « Du moment que vous n’êtes pas marié, on doit vous renvoyer dans votre pays ».

Pendant deux ans, il vient tous les trois mois renouveler son récépissé de demande de carte de séjour, qui n’est valable qu’accompagné du titre de séjour expiré depuis 2010. Et tous les trois mois, il prend bien garde à bien venir avant la date limite, « parce que je ne veux pas me retrouver en rétention si on me refuse le renouvellement ». Il rencontre Antonette, avec qui il vit aujourd’hui.

« Vous êtes le bienvenu »

À partir de 2012, la situation commence à s’améliorer : il obtient une carte de séjour d’un an, qu’il renouvellera deux fois. La deuxième fois, il demande une carte de dix ans, mais quand on lui explique qu’il faut avant cela renouveler une troisième fois la carte d’un an, il dépose un dossier de naturalisation. C’était le 23 octobre 2013.
Après cela, un entretien en décembre, un complément d’information en février 2014, le dossier suit son cours. « La femme de la préfecture qui s’en est occupé est très compétente », insiste-t-il. Inquiet tout de même, il repasse en mars, elle lui assure : « Vous n’avez pas à vous inquiéter, vous avez un avis favorable ». En août, Arnaud-Marc reçoit un projet d’acte de naissance.

Peu après, il commence à surveiller le Journal officiel, il appelle à Nantes le service central de l’état-civil. Il s’emmêle dans les décrets… à la fin, son interlocuteur de Nantes lui assure : « Vous êtes Français et vous êtes le bienvenu ». Arnaud-Marc n’en croit pas ses oreilles… « Vous êtes sûr ? », demande-t-il. Oui, Arnaud-Marc est français de puis le 10 septembre.

@info241.com
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