Crise post-électorale

Dialogue pour l’alternance : Jean Ping sonne la fin de la légalité républicaine

Dialogue pour l’alternance : Jean Ping sonne la fin de la légalité républicaine
Dialogue pour l’alternance : Jean Ping sonne la fin de la légalité républicaine © 2016 D.R./Info241

Le dialogue national pour l’alternance (DNA) de l’opposition gabonaise s’est ouvert hier à Libreville, après une journée hommage à tous les martyrs tombés au soir du 31 août dernier après la proclamation tendancieuse de Pacôme Moubelet, jadis ministre de l’Intérieur des résultats des élections présidentielles du 27 août. Jean Ping qui conteste toujours la victoire d’Ali Bongo à la présidentielle, y a tenu un discours de gravité sur la crise post-électorale évoquant même la fin de la légalité républicaine. Un discours incisif qui a vite fait bondir les ministres de l’Intérieur et de la Défense qui ont brandi comme à l’accoutumé le bâton et des représailles.

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S’exprimant sur le déroulement de la présidentielle du 27 août dernier et sur la la crise post-électorale, le Président élu de la République Gabonaise s’est indigné du hold-up électoral perpétué par Ali Bongo, Jean Ping a regretté en ces termes : « Mais c’était sans compter avec des hommes et des femmes qui, dans leur imaginaire diabolique, avaient pris le Gabon et les Gabonais en otage, après leur avoir fait subir douloureusement sept (7) années d’amateurisme, d’arrogance, de dictature, de kleptomanie, d’incompétence, de mensonge et de violences gratuites. Dès lors, le Gabon a inexorablement basculé dans l’inconnu et dans l’incertitude. »

Le candidat du consensus engagé pour une alternance démocratique consenti par le peuple gabonais a affirmé dans son discours de circonstance à l’ouverture des assises du ’’Dialogue National Pour l’Alternance’’ : « Pour affronter ce pouvoir déterminé à se maintenir par le fer, le feu et le sang, l’Unité de la Nation se présentait comme le plus grand défi que devait relever le peuple gabonais pour reprendre son destin en main. Cette unité de la Nation avait une exigence en forme de préalable : l’Unité de l’opposition dans sa diversité. »

Jean Ping est plus déterminé que jamais à en croire son discours prononcé hier en ouverture du Dialogue national pour l’alternance que l’opposition, sous sa houlette, organise toute cette semaine. « Ici et devant vous, je confirme que nous sommes parvenus au terme de notre démarche de la légalité républicaine. Plus que jamais, aucune option ne doit être écartée. Toutes les hypothèses sont sur la table. Grâce à vous et avec votre soutien, nous devons prendre notre destin en main, oui nous devons prendre notre destin en main. La résistance est en marche, ne lâchons rien et allons jusqu’au bout. », a-t-il lancé devant les participants.

« Désormais, désormais, tout peut être envisagé », a t-il ajouté en référence à la posture diplomatique qui est la sienne dans la reconnaissance de sa victoire par la communauté internationale, notamment après le rapport de l’UE très critique sur la transparence du scrutin présidentiel et les "graves anomalies" du Haut-Ogooué qui n’ont pas été corrigées par la Cour constitutionnelle. "Nous serons peut-être amenés à nous battre et c’est peut-être l’ultime épreuve pour que la Nation gabonaise devienne enfin une réalité tangible, pour que le peuple gabonais assume pleinement ses responsabilités devant Dieu et devant l’Histoire...Rendre au peuple sa souveraineté est le premier défi qui se présente à nous ici et maintenant. Les Gabonais qui espéraient faire changer les choses par leurs bulletins de vote, croyaient que le vote était supérieur à la force des armes. La junte au pouvoir lui a brutalement répondu que c’est plutôt par la force des armes que les choses doivent demeurer en l’état.", a indiqué Jean Ping dans un discours musclé.

Jean Ping a rappelé tout son souhait et son engament à s’inscrire en défenseur d’une démocratie du peuple gabonais : ’’Nous continuons de croire en la Démocratie parce que nous sommes des Démocrates. Etre démocrate, c’est rendre l’horizon de l’indispensable Etat de droit possible. Mais, c’est aussi croire en la République. Or, défendre le République, c’est rechercher l’intérêt général, et le préférer à l’intérêt personnel. Le 27 août dernier, le peuple gabonais a clairement fait le choix de la démocratie et de la République. Mais, depuis ce mois de septembre 2016 de triste souvenir, son espérance, née de la victoire de son choix dans les urnes, s’est transformée en une colère profonde et compréhensible."

Retrouvez l’intégralité du discours de Jean Ping dans ce lien :

La déclaration du ministre de l’Intérieur d’hier

Les réactions du gouvernement d’Ali Bongo ne s’est pas fait attendre. Les ministres de la Défense et de l’Intérieur ont vite déboulé sur la chaîne publique nationale pour condamner les propos de l’opposant qui revendique toujours sa victoire présidentielle. « Le Gabon est un Etat de droit qui ne saurait laisser personne quelque soit son statut, s’aventurer à mettre à mal les institutions de la République » », a martelé le ministre de l’Intérieur Lambert Noël Matha sur Gabon télévision peu après 21h hier.

Une intimidation et menace de plus à peine voilées du régime dictatorial d’Ali Bongo qui semble déterminé a brandir le bâton et la baïonnette en vue de légitimer son deuxième coup d’état militaro-électoral et sa fraude grossière épinglée par le Mission d’observation de l’Union Européenne. De quel état de droit parle-t-on au Gabon ? Un pays où le règne du régime Bongo Ondimba-PDG à la tête du pays depuis 1968 n’accepte jamais le verdict du suffrage universel des urnes. Une nation dite démocratique où les crimes rituels, assassinats, enlèvements et arrestations arbitraires, pillages abusifs des deniers publics, l’enrichissement illicite et la corruption font légion. De qui se moque le gouvernement usurpateur gabonais ?

Voilà qui promet une semaine électriquement politique entre les autorités gabonaises et l’opposition réunie autour de Jean Ping pour parvenir à l’alternance. D’autant que le Dialogue national pour l’alternance se soldera vendredi par un grand meeting populaire animé par le même Jean Ping.

@info241.com
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