Razzia électorale

Locales 2025 : Malgré les accusations de fraudes, l’UDB rafle plus de la moitié des sièges du pays

Locales 2025 : Malgré les accusations de fraudes, l’UDB rafle plus de la moitié des sièges du pays
Locales 2025 : Malgré les accusations de fraudes, l’UDB rafle plus de la moitié des sièges du pays © 2025 D.R./Info241

Déjà grand victorieux des législatives, le parti a fait encore mieux aux locales. Les résultats provisoires rendus publics plus discrètement ce vendredi 3 octobre par le ministre de l’Intérieur, Hermann Immongault en témoignent. Sans grande surprise, l’Union démocratique des bâtisseurs (UDB), formation du président Brice Clotaire Oligui Nguema, sort encore largement victorieuse. Avec plus de 1 200 sièges remportés sur les quelque 2 300 en lice, le parti présidentiel s’impose comme la première force politique du pays. Dans plusieurs provinces, l’UDB domine sans partage, confirmant sa mainmise sur le paysage politique gabonais.

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De Libreville à Franceville, en passant par Port-Gentil et Oyem, le parti présidentiel a fait une véritable razzia. À Libreville, il décroche la majorité au Conseil municipal, reléguant loin derrière le PDG (7,9 %) et le Front démocratique et socialiste (6,8 %). À Port-Gentil, l’UDB rafle 20 sièges sur 73, alors que dans le Woleu-Ntem et le Haut-Ogooué, ses candidats ont dominé presque tous les scrutins. Ce résultat confirme l’implantation progressive du parti dans des zones jadis acquises à l’ancien régime, notamment celles contrôlées par le Parti démocratique gabonais (PDG).

Une opposition réduite à se plaindre

Face à cette forte persée électorale, l’opposition à l’UDB n’a au que des miettes. Les forces comme le PSD, le RPM ou le FDS, pourtant en quête de crédibilité, n’ont pas réussi à capitaliser dans cette course aux résultats déjà controversés. Plusieurs figures de l’opposition ont même été battues dans leurs propres fiefs. Dans certaines circonscriptions, le PDG n’a pas dépassé les 10 % de suffrages, une débâcle symbolique pour l’ancien parti dominant. L’émergence de l’UDB redessine ainsi les équilibres politiques, reléguant les partis traditionnels au second plan.

Tableau récapitulatif des résultats provisoires des locales 2025 :

Province / Ville Parti présidentiel (UDB) PDG FDS PSD Autres partis / Indépendants Observations
Estuaire (Libreville) Majorité absolue au Conseil municipal (≈ 60 % des sièges) 7,9 % 6,8 % 5,4 % 19,9 % L’UDB contrôle la capitale pour la première fois.
Ogooué-Maritime (Port-Gentil) 20 sièges sur 73 15 % 8 % 6 % 23 % Le PDS de Mé Séraphin perd du terrain face à l’UDB.
Woleu-Ntem (Oyem) 35 sièges sur 53 6,7 % 8 % 4 % 18 % Domination écrasante de l’UDB, malgré les délestages.
Haut-Ogooué (Franceville) 17 sièges sur 25 9 % 5 % 3 % 13 % L’UDB consolide son bastion du Sud-Est.
Ngounié (Mouila) 28 sièges sur 46 14 % 9 % 10 % 21 % Le PSD sauve quelques sièges symboliques.
Ogooué-Ivindo (Makokou) 19 sièges sur 32 10 % 6 % 8 % 18 % Campagne marquée par des contestations locales.
Moyen-Ogooué (Lambaréné) 22 sièges sur 39 13 % 7 % 5 % 17 % Victoire UDB malgré des tensions sur les marchés.
Ogooué-Lolo (Koulamoutou) 15 sièges sur 28 12 % 10 % 6 % 20 % Le PDG recule, FDS légèrement en hausse.
Nyanga (Tchibanga) 14 sièges sur 26 11 % 9 % 8 % 21 % L’UDB s’impose mais l’abstention a été forte.
TOTAL NATIONAL ≈ 1 210 sièges sur 2 300 (52,6 %) ≈ 8,4 % ≈ 7,1 % ≈ 6,3 % ≈ 25,6 % L’UDB devient la première force politique locale du pays.

Mais cette victoire du parti présidentiel ne fait pas l’unanimité. Plusieurs partis d’opposition et observateurs dénoncent un scrutin « opaque » et « truffé d’irrégularités  ». Des retards dans la publication des listes, des bourrages d’urnes, voire des coupures d’électricité pendant le dépouillement ont été rapportés dans certaines localités. « Le scrutin a été marqué par des pratiques qui rappellent de vieux démons électoraux », a affirmé un représentant du PSD, qui demande purement et simplement l’annulation du vote dans plusieurs circonscriptions.

Libreville appelle à la retenue

En réaction, le ministre de l’Intérieur a salué le calme qui a régné sur l’ensemble du territoire tout en reconnaissant « quelques incidents isolés ». Selon lui, les résultats publiés reflètent « la volonté populaire  » exprimée dans les urnes. De son côté, l’UDB a appelé à « la responsabilité politique et au respect des institutions », tout en se félicitant d’un «  vote de confiance massif en faveur de la vision du chef de l’État ». Dans les rangs du parti, on parle déjà d’une victoire « historique  ».

La publication de ces résultats, encore provisoires, accentue les clivages entre majorité et opposition. Tandis que les partisans de l’UDB célèbrent un « plébiscite national  », les formations concurrentes dénoncent un processus électoral biaisé. La Cour constitutionnelle est désormais appelée à trancher les recours introduits par plusieurs candidats malheureux. En attendant, le parti présidentiel s’installe solidement au cœur de la vie politique locale.

Une domination appelée à durer ?

Si la tendance se confirme, l’UDB contrôlerait plus de la moitié des conseils municipaux et départementaux du pays — une position stratégique pour préparer les prochaines échéances que sont les sénatoriales. Reste à savoir si cette domination se traduira par une gouvernance locale plus efficace et plus proche des citoyens, ou si elle renforcera, comme le craignent certains, un pouvoir déjà très centralisé autour du président Oligui Nguema. Malgré les accusations de fraudes et de résultats inversés, l’UDB elle se frotte les mains.

@info241.com
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