Hommage national

Obsèques Moukagni Iwangou : la République salue un homme d’État resté digne jusqu’au bout

Obsèques Moukagni Iwangou : la République salue un homme d’État resté digne jusqu’au bout
Obsèques Moukagni Iwangou : la République salue un homme d’État resté digne jusqu’au bout © 2025 D.R./Info241

La dépouille de l’ancien ministre d’État Jean de Dieu Moukagni Iwangou a été exposée ce jeudi 20 novembre 2025 à la salle des fêtes Nka’ Ayago, dans la cité Damas, au quartier Awendjé à Libreville. Tout au long de la journée, une foule émue est venue s’incliner devant cette grande figure de la scène politique gabonaise. Parmi les personnalités présentes figurait le Chef de l’État, Brice Clotaire Oligui Nguema, qui a tenu à rendre hommage en personne à celui qu’il considérait comme un homme de principes.

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Pour beaucoup, Moukagni Iwangou représentait une parole libre, une conscience politique sans compromission. S’il avait rejoint un temps le gouvernement d’Ali Bongo, ses proches rappellent qu’il considérait cette parenthèse comme une étape assumée de son engagement, sans jamais dévier de la ligne morale qu’il s’était fixée. Fait remarqué par ceux qui ont suivi le procès des Bongo-Valentin : malgré ses responsabilités passées, son nom n’apparaît dans aucun dossier, signe d’un parcours resté intègre jusqu’à la fin. Il s’est éteint sans fortune, mais riche d’une réputation de droiture rare dans le paysage politique gabonais.

Un héritier de l’école UPG

Jean de Dieu Moukagni Iwangou appartenait à cette génération façonnée par l’Union du Peuple Gabonais (UPG) de Pierre Mamboundou. Aux côtés de Richard Moulomba Mombo, Ange Kevin Nzigou ou encore David Badinga, il représentait cette “écurie UPG”, connue pour produire des personnalités politiques rigoureuses, idéalistes et profondément attachées à la République. Un héritage précieux à l’heure où une partie de la jeunesse reste déconnectée de l’histoire politique récente du pays.

Juriste brillant, magistrat hors hiérarchie, Moukagni Iwangou était considéré comme l’un des meilleurs orateurs de sa génération. Sa vision de la justice était exigeante : ferme, droite et indépendante. Dans un environnement politique souvent marqué par le compromis, il revendiquait une posture d’intransigeance éthique qui lui a valu respect et inimitiés.

Les dernières années d’un homme affaibli mais digne

Décédé le 1ᵉʳ novembre 2025 à l’âge de 65 ans, l’ancien ministre d’État se battait depuis plusieurs mois contre une santé déclinante. Sa famille révèle qu’il avait d’abord été admis à l’hôpital de Bongolo, dans la Ngounié, avant d’être évacué vers Libreville après une nouvelle rechute. C’est à la clinique El Raphà qu’il a finalement rendu son dernier souffle.

Ses dernières années ont été marquées par une grande discrétion et une situation matérielle précaire. Privé de revenus stables après son départ du gouvernement, il vivait modestement, soutenu par ses proches et quelques amis fidèles. Mais jamais il ne s’en est plaint, préférant se retirer avec dignité plutôt que de renier les principes qui avaient guidé toute sa carrière.

Une page du Gabon politique se tourne

Jean de Dieu Moukagni Iwangou laisse derrière lui l’image d’un homme d’État contrarié par les dérives de son époque, d’un intellectuel indocile et d’un patriote lucide. Sa disparition marque la fin d’une époque où la parole politique était encore l’expression d’une conviction profonde et non d’un calcul.

Il sera inhumé ce samedi 22 novembre à Mouila, sa terre natale, où reposent déjà plusieurs membres de sa famille. Là-bas, dans la province de la Ngounié, un dernier hommage lui sera rendu avant que le pays entier ne referme ce chapitre d’une vie publique marquée par la droiture et l’engagement.

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