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La corruption au Gabon : vers un partenariat avec la Banque Mondiale pour quels résultats ?

La corruption au Gabon : vers un partenariat avec la Banque Mondiale pour quels résultats ?
La corruption au Gabon : vers un partenariat avec la Banque Mondiale pour quels résultats ? © 2014 D.R./Info241

La représentante de la Banque Mondiale (BM) au Gabon, madame Zouera Youssoufou, a été reçue, mercredi 26 novembre 2014, au siège de la Commission Nationale de Lutte Contre l’enrichissement Illicite (CNLCEI), par son président Dieudonné Odounga Awassi, pour échanger autour d’un éventuel partenariat qui pourrait renforcer la lutte contre la corruption qui souffre toujours d’un manque d’efficacité au regard des cas de corruption et d’enrichissement illicites qui gangrènent le Gabon.

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L’entretien entre Dieudonné Odounga Awassi et madame Zouera Youssoufou revêtait double intérêt. Il s’agissait d’abord, du tout premier contact officiel entre les deux personnalités. Le responsable de la CNLCEI a pris ses fonctions en juillet 2013 tandis que la représentante de la Banque Mondiale, en poste au Gabon depuis juillet 2011, avait déjà rencontré la précédente équipe dirigeante de la Commission.

Ensuite, fort logiquement, Zouera Youssoufou s’est intéressée à la nouvelle gouvernance de la Commission Nationale de Lutte Contre l’enrichissement Illicite incarnée par M. Odounga Awassi , avant de faire part de la disponibilité de la Banque à accompagner ladite commission dans ses missions : la prévention, la détection et la répression contre toutes formes de prévarications des deniers publics. Toutes ces missions sont quasiment lettres mortes étant donné que les nombreux les personnes bien connues au Gabon passibles de détournements des deniers publics sont au pouvoir. Et donc, restent impunis par la justice gabonaise.

S’il est possible de bénéficier des financements encore faut-il que son « plaidoyer » auprès du siège de la BM à Washington repose sur des « mesures plus dissuasives » qui auraient « plus d’impact » dans la croisade contre la corruption et l’enrichissement illicite, a cependant nuancé Mme Zouera Youssoufou.

Question bloquante

« Que fait-on de tous ces cas » épinglés par la CNLCEI ?, ajoutant que c’était la « question bloquante » pour un soutien potentiel de l’une des institutions de Bretton Wood dont elle assure la représentation à Libreville, non sans féliciter son interlocuteur de l’amélioration de la position du Gabon notamment dans l’indice Mo Ibrahim pour la bonne gouvernance, en 2014.

Pour sa part, M. Dieudonné Odounga Awassi , conscient des maigres résultats jusqu’ici obtenus dans la répression , a réaffirmé l’engagement du Gabon à faire reculer la corruption et leur corollaires l’enrichissement illicite ainsi que le blanchiment des capitaux à travers l’adoption, en 2013, d’un document de la stratégie nationale contre ces fléaux , et remis au président de la République.

« Je suis impatient de voir aboutir nos actions prioritaires contenues dans la stratégie (…) Il reste à mettre place les organes de suivi. Un expert a même été recruté par le PNUD pour la mise en œuvre des objectifs énoncés dans le document », a-t-il poursuivi.

Le premier responsable de la CNLCEI a rappelé que la croisade anticorruption passait, de toute évidence, par la reformulation de la loi organique, 11 ans après la création de la structure qu’il dirige.

« Exigence internationale »

L’urgence s’impose d’adapter les textes nationaux à la Convention des Nations Unies contre le Crime et la Drogue (UNODC) et celle de l’Union Africaine (UA) contre la corruption effectivement ratifiées par notre pays, a souligné M. Odounga Awassi, relayant une « exigence internationale ».

Au moment où les Gabonais estiment que les actes de corruption s’installent dans la durée en dépit de la ferme volonté des pouvoirs publics à faire bouger les lignes, il a garanti que les lenteurs observées dans l’instruction des dossiers n’avaient rien à voir avec l’impunité.

A cet effet, le patron de la Commission Nationale de Lutte Contre l’enrichissement Illicite a souhaité que l’organe chargé des investigations soit « renforcé, spécialisé » et la « procédure simplifiée » aux fins de fluidifier les rapports avec le Parquet, destination des dossiers devant être transmis, in fine, à la Cour Criminelle Spéciale (CCS).

Il a également traduit, devant Mme Zouera Youssoufou, le souci de la commission de moderniser la déclaration des biens par la numérisation des données sécurisées à l’effet d’enrôler l’ensemble des agents publics que compte le Gabon.
Autant de chantiers qui nécessiteront l’appui de la Banque Mondiale à travers un renforcement des capacités dans le cadre de la sensibilisation, l’éducation avec un accent sur la détection et la répression des actes de corruption.

« On ne peut pas s’attaquer à un mal avec des sentiments, des états d’âmes ( …) Il faut du courage et de la volonté ainsi que des hommes et femmes bien armés sur les plans juridique et comptable pour mener des enquêtes puisque l’argent de la corruption n’est jamais visible », a insisté, M. Odounga Awassi.

L’opportunité offerte par l’entretien entre les deux personnalités a permis au numéro un de la CNLCEI de transmettre une invitation à la représentante de la Banque Mondiale à prendre part aux manifestations marquant la 5ème édition de la Journée nationale de lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite, le 09 décembre 2014, à Libreville.

La Commission Nationale de Lutte Contre l’enrichissement Illicite (CNLCEI) est l’une des institutions dont la mission est certes salutaire mais dont les résultats sont dérisoires.Au regard des nombreuses familles du système PDG en place depuis 47 ans qui se sont enrichies sous le règne d’Omar Bongo et d’Ali Bongo sans être épinglé par la justice, nous sommes tentés de nous interroger sur l’efficacité et sur le réel rôle d’une telle institution dans la République Gabonaise.

@info241.com
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