Plaidoyer pour une “nationale du numérique” au Gabon : transformer l’essor de la fibre en emplois

Alors que la fibre optique se déploie à grande vitesse sur l’ensemble du territoire, offrant aux ménages et aux entreprises un accès inédit au haut débit, le Gabon se heurte à un paradoxe : cette révolution numérique profite peu à sa jeunesse. Derrière les promesses de modernité, les emplois liés à l’installation et à la maintenance des réseaux demeurent précaires et largement dominés par la sous-traitance. Dans cette tribune, Jobert Beau-Fils Mbadinga Boulet plaide pour la création d’une “Nationale du Numérique”, outil stratégique qui permettrait à l’État de reprendre la main, d’assurer des carrières stables et de transformer ce secteur vital en levier de souveraineté et d’emploi durable.

Le Gabon connaît une transformation numérique remarquable, marquée par le déploiement croissant de la fibre optique qui connecte aujourd’hui un nombre toujours plus grand de ménages et d’entreprises. Des acteurs majeurs comme Gabon Telecom et Canalbox ont étendu leur couverture, faisant de l’accès à internet à haut débit une réalité tangible. Pourtant, cette médaille a un revers préoccupant : cette révolution technologique, porteuse d’immenses promesses, peine à se traduire en opportunités concrètes et durables pour notre jeunesse. Le secteur est en pleine expansion, mais qui en récolte réellement les fruits ?
La maintenance et l’installation des lignes, activités cruciales et récurrentes, sont aujourd’hui confiées à un réseau de sous-traitants. Nous constatons que ces prestataires, parfois dirigés par nos amis expatriés, semblent peu soucieux de bâtir un écosystème d’emplois solides. Le modèle dominant repose sur une précarisation de la main-d’œuvre locale gabonaise : multiplication des contrats à durée déterminée (CDD), rémunérations modestes sans réelles perspectives d’évolution, et absence de plans de carrière. La valeur ajoutée de ce secteur vital échappe ainsi à ceux qui la créent sur le terrain.
Face à ce constat, nous préconisons une action forte et stratégique de l’État : la création d’une « Nationale du Numérique ».
Cette entité parapublique de droit OHADA aurait pour mission de centraliser et de gérer l’ensemble des opérations de maintenance et d’installation des réseaux de fibre optique sur le territoire national.
Plutôt que de laisser cette manne financière et ces opportunités d’emplois diluées dans un système de sous-traitance peu vertueux, l’État, à travers cette société nationale, s’assurerait que chaque intervention technique contribue à la richesse nationale et à l’épanouissement professionnel de nos compatriotes Le double bénéfice d’une telle initiative est évident :
Premièrement, elle permettrait de s’accaparer la plus-value de la maintenance des réseaux de Canalbox et Gabon Telecom, générant ainsi des revenus pour l’État.
Deuxièmement, et c’est là le cœur de notre plaidoyer, elle transformerait ces postes techniques en emplois décents et pérennes, offrant des formations qualifiantes, une sécurité de l’emploi et de véritables carrières à notre jeunesse.
Cette « Nationale du Numérique » ne doit pas seulement être un opérateur. Elle doit être un pôle d’innovation, chargé d’anticiper les prochaines révolutions technologiques, comme l’internet par satellite (Starlink) et les solutions sans fil de demain, afin que le Gabon reste à la pointe du progrès.
Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’État, Chef du Gouvernement, Mesdames et Messieurs les futurs parlementaires, ce plaidoyer n’est pas une simple proposition, c’est un appel à l’action pour plus de souveraineté économique et sociale. Il est temps de faire de notre infrastructure numérique un puissant levier de lutte contre le chômage et de redonner espoir et dignité à la jeunesse gabonaise.
MBADINGA BOULEt JOBERT BEAU-FILS
Sales Manager - Africa, ACE OCTG FZCO
Président de l’association Force Citoyenne
@info241.com
