Portrait

Luc Marat Abyla, le mythique « père de la rigueur » du lycée national Léon Mba

Luc Marat Abyla, le mythique « père de la rigueur » du lycée national Léon Mba
Luc Marat Abyla, le mythique « père de la rigueur » du lycée national Léon Mba © 2022 D.R./Info241

Il y a des femmes ainsi que des hommes pour qui par la rigueur, la discipline et la compétence sont des ingrédients indispensables pour concocter les mets délicats de la réussite et du développement. L’évolution d’une société donnée ne saurait être dissociée du niveau d’éducation et d’instruction de sa population. Un constat global peut être dressé concernant les pays développés ou ceux en développement : le taux d’alphabétisation y est souvent significatif.

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Cet indicateur socio-économique est en effet subordonné à la qualité d’apprentissage que bénéficient ceux et celles qui reçoivent les connaissances nécessaires pour bâtir dans un futur proche ou lointain, le pays dans lequel ils vivent. Bien souvent en occident, ce paramètre explique bien souvent à lui tout seul le niveau d’industrialisation et d’avancement qui caractérisent le modèle sociétal de cette partie de la planète.

L’illustre disparu

En terre africaine, il est bien souvent plus complexe de faire un lien entre un pays en pleine croissance et son degré d’instruction tant les intellectuels sont légions mais les Etats pauvres. Mais nul ne pourrait sortir de son esprit la vérité socioéconomique qui stipule que l’éducation est l’un des piliers sinon le plus important du développement d’une nation car ce n’est que par elle et par elle seule, que seront modelés des hommes et des femmes capables de construire la société de demain.

Nous vous dévoilons aujourd’hui le portrait d’un homme originaire du Gabon et qui a, en son temps, révolutionné la structure et l’ossature éducative de l’établissement dont il avait la charge mais aussi travaillé au sein de son ministère de tutelle sans relâche pour faire progresser le niveau de l’école gabonaise : Luc Marat Abyla (1944-2015) était son nom.

 Venue au monde

C’est le 28 août 1944 que naît en Afrique équatoriale française (AEF) Luc Marat Abyla dans l’une de ses colonies du nom de « Gabon » au village « Akiéni » devenu au fil des années une ville à part entière de la province du Haut-Ogooué faisant partie du département de Lékoni-Lékori se trouvant au sud-est du Gabon.

 Formation

L’on peut dire sans se tromper que Luc Marat Abyla était un élève brillant et appliqué au travail. C’est sans encombre qu’il décrocha son Certificat d’études primaires (CEP) et qu’il poursuivit ses études de manière honorable et de façon noble. Luc Marat Abyla fut auréolé à la fin de son cursus scolaire d’un diplôme d’enseignant de mathématiques de second degré.

 Carrière professionnelle et administrative

Son parchemin de professeur de mathématiques en poche, Luc Marat Abyla décide sans sourciller d’intégrer l’administration gabonaise. Il est envoyé ça et là dans différents collèges et lycées et se met rapidement au travail. Passionné de connaissances et bon pédagogue doté d’une facilité d’expression, il n’hésite pas à se muer en professeur d’autres matières scientifiques telles que la chimie ou encore la biologie.

Durant cette période, le système éducatif gabonais n’est pas encore très élaboré et l’Etat est en perpétuelle recherche de personnels enseignants pour venir grossir les rangs des fonctionnaires du ministère de l’Education nationale. Peu après, Luc Marat Abyla devient proviseur pour la première fois au lycée d’Etat de Port-Gentil avant d’être de nouveau affecté à Libreville en 1970 pour prendre les rênes du Lycée technique de Libreville (actuel Lycée technique national Omar Bongo).

Deux ans plus tard précisément en 1972, Luc Marat Abyla est nommé proviseur du Lycée national Léon Mba, il cumule cette fonction à celle de Directeur général adjoint des Enseignements et de la Pédagogie. De 1972 à 1979, Luc Marat Abyla ne va point ménager ses efforts pour faire du lycée dont il a la charge, un exemple de réussite intra et extra frontalier. Après avoir passé près de huit ans au poste de proviseur du Lycée national Léon Mba, Luc Marat Abyla sera nommé directeur de l’Enseignement du Second degré, inspecteur général de l’Education nationale puis Directeur général de l’Education nationale Il devient par la suite Haut-commissaire auprès du Ministre l’éducation nationale, poste qu’il lui confère une marge de manœuvre considérable avec une capacité décisionnelle quasi ministérielle. Il occupera aussi la fonction de président de la commission des bourses et stages.

 Son plus bel ouvrage : l’excellence et la rigueur instaurée lycée national Léon Mba

En 1972, Luc Marat Abyla débarque à la tête du lycée national Léon et se fixe comme objectifs de redonner à ce mythique établissement ses lettres de noblesse d’avant les années d’indépendance, au temps ou l’administration coloniale instruisaient les autochtones par le canal par exemple du Lycée Félix Eboué (ancêtre du lycée national Léon Mba). Luc Marat Abyla rétablit la discipline et la rigueur. Le travail et la bonne conduite devront conduire aux résultats d’excellence et accroître la notoriété de « son » établissement.

Pour cela, il faut compétir avec les autres établissements et mieux, il faut les devancer aux différents examens et concours. Les écoles qu’ils faut battre sont toutes sinon presque toutes de confessions catholiques à l’instar de « Saint-Gabriel » de Mouila ou encore le collège Bessieux de Libreville et pour être la référence nationale, il faut réformer et mettre en place des mesures fortes et efficaces. Celui qui fut surnommé « le père de la rigueur » va instaurer une exclusion spéciale pour décourager les paresseux et les indisciplinés dont l’intitulé était « exclu de tous les lycées et collèges du Gabon ». Luc Marat Abyla décide aussi de mener une chasse contre les falsificateurs d’actes de naissance pour permettre aux enfants accusant un retard dans les études de les poursuivre. Une guerre est déclarée aussi aux jeunes filles attrapant des grossesses précoces : l’exclusion est choisie par « l’homme de fer » comme sentence unique et ultime.

Sur les plans sportif et artistique, Luc Marat Abyla fit du lycée national Léon Mba une référence internationale et une fierté nationale. Il mit en place une association sportive du nom de Association sportive et scolaire (ASS) dont les membres issus du Lycée Mba étaient parmi les meilleurs athlètes sur le plan national. Les beaux-arts furent aussi au rendez-vous avec la mise en place de clubs de théâtre et de musique qui ont révélé plusieurs talents dont les carrières connurent des succès non négligeables voire de haut vol. Luc Marat Abyla va ensuite créer un club de football qui deviendra mythique.

Composé de plusieurs jeunes issus du lycée national Léon Mba, la formation sportive de sieur Abyla répondant au nom de « Les Anges ABC » créera l’émoi et l’immense surprise en remportant le championnat du Gabon. Il faut dire que pour Mr Marat, l’excellence n’était pas seulement la résultante de prouesses scolaires mais aussi l’équilibre social et psychologique des apprenants qui, s’ils avaient la possibilité d’occuper leurs temps libres en s’épanouissant dans diverses activités extrascolaires, fourniraient davantage de résultats probants. C’est assurément le remède miracle combinant études et loisirs mêlés de sévérité et de rigueur qui propulsa le lycée national Léon Mba à celui de référent scolaire sur et en dehors du continent africain.

 Carrière politique

En 1990, la vie politique gabonaise se démocratise. Le monopartisme instauré par Albert Bernard Bongo devenu Omar Bongo en 1971 fait place au pluralisme politique. Plusieurs cadres d’administrations, artistes et autres actifs décident d’embrasser une carrière politique. Luc Marat Abyla s’inscrit dans cette logique. Il décide de rejoindre le formation politique au pouvoir en l’occurrence le très contesté Parti démocratique gabonais (PDG). La même année, des élections générales sont organisées et celles devant faire connaître les nouveaux membres de l’Assemblée nationale se tiennent les 16 et 23 septembre 1990.

Luc Marat Abyla se présente au 1er siège du département de Lékoni-Lékori et est élu député. Il s’y fera élire 25 fois consécutives de 1990 à 2015, l’année de sa disparition. Cette longévité s’explique par le fait que l’homme y était originaire mais aussi, Luc Marat Abyla était un consanguin à Marie-Joséphine Nkama alias Patience Dabany, épouse du président Omar Bongo. En 2002, Luc Marat Abyla devient le président du groupe parlementaire PDG et seule la mort lui prit cette fonction. Globalement, Luc Marat Abyla fut de nature discrète au sein de l’hémicycle et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il se rangeait à tout va aux différents projets de loi et réformes des membres du gouvernement issus de sa formation politique en tête desquels le patron de la Primature.

 Disparition

C’est dans son « Akiéni » natal que s’éteint Luc Marat Abyla dans la nuit du 21 au 22 décembre 2015. Il serait décédé suite à un malaise mais d’autres sources affirmaient que le diabète et l’hypertension artérielle contre lesquels il se battait auraient causés l’arrêt de son cœur. Luc Marat Abyla avait 71ans d’existence.

 Distinctions

Luc Marat Abyla a reçu les distinctions honorifiques suivantes : Commandeur dans l’Ordre de l’Etoile équatoriale, Commandeur dans l’Ordre du Mérite gabonais, Commandeur des Palmes académiques gabonaises et Commandeur des Palmes académiques françaises.

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