Mascarade électorale

Pas d’élection en 2016 au Gabon sans reformes de fond du cadre institutionnel

Pas d’élection en 2016 au Gabon sans reformes de fond du cadre institutionnel
Le président de la CENAP à gauche et la présidente de la Cour constitutionnelle réputés proches d’Ali Bongo © 2015 D.R./Info241

Dans une tribune libre intitulée « Pas d’électation en 2016 sans réforme du cadre institutionnel » publiée sur sa page Facebook, Martin Edzozomo Ella pointe les préalables à l’élection présidentielle de 2016. Pour l’ancien candidat à la présidentielle gabonaise, les figures actuelles de l’opposition devraient s’atteler à réclamer une refonte du cadre institutionnel comme préalable à cette élection « libre ». Au risque d’être finalement ce qu’il nomme des « oposantpdgistes ».

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Il invite notamment Jean Ping à "prendre des mesures concrètes allant dans le sens de la réussite d’une alternance véritable". Car le cadre institutionnel actuel est allègrement fomenté pour "donner une caution morale à un pouvoir illégitime" en 2016. Une analyse soyeuse que la rédaction d’Info241 vous livre dans son intégralité.

C’est à juste raison que le groupe " Jeunes Souverainistes " a raison de déclarer : - Pas d’élection en 2016 sans réforme du cadre institutionnel. Et écrit dans le réseau social Facebook : « Chers compatriotes, Combattants de la liberté, Ceux qui dans l’opposition comme dans la société civile soutiennent le changement par les urnes sans poser les préalables d’une élection libre et transparente sont tout simplement des OPOSANTPDGISTES.
 
Nous disons qu’il est inconcevable d’aller aux élections en 2016 si le cadre institutionnel n’est pas réformé en profondeur. Cette élection, si elle est organisée en l’état actuel des institutions gabonaises ne sera qu’une mascarade consistant à donner une caution morale à un pouvoir illégitime. L’opposition à la tête de la quelle semble se trouver Monsieur Jean Ping ne peut se contenter de crier que le pays va mal sans prendre des mesures concrètes allant dans le sens de la réussite d’une alternance véritable. Ali Bongo compte sur l’armée et l’argent pour se maintenir au pouvoir. Tous nous le savons, mais tous nous faisons comme si cette réalité n’avait aucune sorte d’importance alors même que la clé du changement est à ce niveau. Monsieur Jean Ping et nos aines des Souverainistes doivent éclairer le peuple sur les garanties légales qu’ils ont pour appeler le peuple aux urnes en 2016. Le peuple Gabonais souffre, il ne faut plus jouer avec son avenir, la jeunesse gabonaise libre à laquelle nous nous réclamons ne le permettra plus. »
 
Et René Ndemezo’o Obiang de conclure sa fameuse déclaration du 28 février 2015 en ces termes : « Je suis convaincu en effet que les réformes les plus urgentes dont a besoin le Gabon, aujourd’hui, ce sont des réformes politiques, notamment toutes celles qui des préalables indispensables à toute élection crédibles et transparente dans notre pays. »
 
Anne Marie DWORACZEK-BENDOME, une compatriote très proche dans les arcanes du microcosme politique du régime actuel écrit :- LE DIAGNOSTIC N° 38 -Mercredi 25 juin 2014 :
« […] De surcroît, on apprend que depuis que Jean Ping se la joue rebelle et fait du petit retenez-moi, je vais faire un malheur, son ex-compagne, Pascaline Mferri Bongo Ondimba serait revenue dans les bonnes grâces de son frère de président. Finie la première classe d’Air France pour elle. Comme au bon vieux temps avec Omar Bongo Ondimba, Madame Mferri a à nouveau droit au Falcon présidentiel, comme quoi, il faut très peu de choses pour rabibocher un frère et une sœur ! Après ses propos qui ont enflammés la bio-gosphère, une question se pose : Jean Ping ferait-il simplement de l’esbroufe ? Ce qui serait une insulte pour tous les Gabonais qui courbent l’échine depuis toujours. "[...] Ali Bongo Ondimba n’est meilleur que quand il joue à ce qu’il affectionne le plus, le rapport de force. Son rouleau compresseur risque de ne faire de chaque opposant qu’une bouchée comme en 2009.
 
Vos histoires de biométrie n’empêcheront rien ! ... Il (Ali) a à sa disposition toute l’administration gabonaise, les postes clés, les plus emblématiques :
- Marie-Madeleine Mborantsuo, sa belle-mère présidente de la Cour constitutionnelle.
- Son neveu, Ernest Mpouho Epigat, au ministère de la Défense nationale ;
- Guy- Bertrand Mapangou, ancien secrétaire général adjoint du ministère de la Défense nationale sous Ali Bongo a été nommé au Ministère de l’Intérieur et de la Sécurité ;
- François Banga Eboumi, autre proche d’Ali Bongo, il assure le secrétariat général du Conseil National de Sécurité (CNS, coordination des services spéciaux) ;
- Frédéric Bongo Ondimba, frère du président à la tête des services spéciaux de la Garde.
- Le général Rock Onganga, un autre cousin germain du président, a été nommé numéro deux de l’Etat-major général des Forces armées gabonaises. (NDLR : Il serait depuis quelque temps devenu Chef d’Etat –major en remplacement du général Ella Ekogha, malade à Paris)
- Jean François Ndougou , l’ancien ministre de l’Intérieur (…) a été nommé président du Conseil national de la communication (CNC) ;
- René Aboghe Ella président de la Commission nationale électorale permanente (CENAP), en poste depuis 2006, a été reconduit…
 
En y ajoutant les forces économiques qui mangent dans les mains du pouvoir et un parti politique qui malgré les défections reste cependant bien présent sur l’ensemble du territoire, on sent que tout ce beau monde ne joue pas dans la même division et avec les entêtements divers et variés, on s’achemine irrémédiablement vers ce qui a toujours été le point faible des opposants durant ces quatre décennies. […]Jean Ping n’a aucune chance de croiser le fer avec Ali Bongo Ondimba en 2016, dans ses "oui", dans la réalité "non". Ceux qui le laissent faire son petit numéro sans rien dire sont tout aussi coupables que lui. »
 
Et de renchérir par ailleurs : « Gabon 2016 Pour une élection à 2 tours et 2 mandats pas plus – Elle écrit : « Aux oubliettes les véritables sujets qui minent le Gabon et la vie quotidienne des gabonais, en se focalisant uniquement sur l’acte de naissance d’Ali bongo et sa filiation naturelle ou pas avec le défunt Omar Bongo Ondimba sur la base du livre du Français Pierre Péan intitulé « Les nouvelles affaires Africaines ». Les élites gabonaises spécialistes de prébendes et autres passe-droits tentent de faire passer au second rang les vrais soucis, ils prennent les gens simples pour des niais.
 
En effet, comment expliquer qu’après plus de 50 ans, d’indépendance et de partage de pouvoir entres les uns et les autres, alors qu’ils n’ont pas fait grand-chose, ni pour le pays, encore point pour les populations tous autant qu’ils sont, ils reviennent par un autre biais avec de telles bêtises. A part les promesses, les discours sans actes concrets, des mots vides de sens, qu’ont-ils fait pour le Gabon et les gabonais ?
Ils ont tous fait miroités aux gens des lendemains moins difficiles et ce quel que soit le type d’élection. Sauf qu’à l’arrivée, certains sont devenus milliardaires, millionnaires, bons bourgeois, etc.… Tandis que les gens ordinaires, les laissés pour comptes, les oubliés des richesses gabonaises beaucoup sont morts ou vivent dans le dénuement complet. Et eux, sans remords, continuent le jeu d’abus de consciences, ils oublient cependant que « la fin ne doit jamais justifier les moyens »
Conclusion : Il faut sortir de cette histoire d’acte de naissance qui mène à rien et concentrer l’attention des gabonais et de la communauté internationale sur un sujet éminemment plus sérieux et susceptible de faire renaître l’espoir chez les gabonais.
 
Quoi qu’on dise, qu’on le veuille ou Non, la France a toujours un rôle à jouer au Gabon. Or, dans cette France, quand on rencontre des responsables officiels ou officieux, ceux qui ont conscient du mal commis sur le malheureux peuple gabonais vous répondent tous : Votre histoire d’acte de naissance, c’est du passé, concentrez-vous sur un sujet qui vous permet de préparer l’avenir de votre pays.
 
Au Togo, autre pays africains qui aspire à plus de démocratie comme au Gabon, là-bas, la mobilisation se fait sur la demande l’application des clauses de l’Accord politique global (APG) de 2006, qui concerne : - la Commission électorale Nationale Indépendante (CENI), – le mode de scrutin à 2 tours, – la limitation du mandat présidentiel, – le découpage électoral, le recensement et le fichier électoral, – les cartes d’électeurs, – l’observation des élections, – l’accès aux médias d’Etat.
Dans ce cas, puisque nos situations sont proches sur de nombreux points, pourquoi donc au Gabon le branle-bas de combat se fait uniquement autour de l’acte de naissance d’Ali Bongo Ondimba et pas sur « le rétablissement la constitution du 26 mars 1991 ? » – Se moque-t-on une fois de plus des gabonais ?
 
Constitution du 26 mars 1991 – Rappel des faits : Après le soulèvement populaire et l’organisation de la conférence nationale en 1991, il a été mis fin au règne du parti unique avec pour “candidat naturel”, le camarade Albert Bernard Omar Bongo. Au sortir de cette rencontre, un consensus national venant du peuple Gabonais était adopté, c’est la Constitution du 26 mars 1991, elle instituait en autre : - un mandat présidentiel de 5 ans ; – renouvelable une seule fois soit 10 ans de mandature ;
– des élections à 2 tours ; – les organes d’État impartiaux notamment la Cour Constitutionnelle, le respect des libertés plurielles (la presse, l’audio-visuel) et les libertés individuelles ; – liberté d’expression.
 
Or, le calme revenu, les responsables du pays procéderont à des révisions constitutionnelles successives qui détricoteront « un à un » les dispositions les plus favorables à une possible alternance démocratique au Gabon et ce, jusqu’à ce jour. Quant aux martyrs de 1990, On dit « qu’ils seront tombés pour rien ». Par contre, certains leaders de cette époque « eux sont devenus les pires défendeurs de l’immobilisme« dans le pays. La Constitution gabonaise ainsi taillée est mise uniquement au service des ambitions politiques du Président de la République en place, qui est aussi : - Le chef de l’Etat ; – chef suprême des armées ; – chef suprême de la magistrature. »
 
En effet : De tripatouillages en tripatouillages de la Constitution avec la complicité des grands défenseurs du droit aujourd’hui, un Président de la République gabonaise « est rééligible indéfiniment » et bénéficie d’un système de « scrutin à un seul tour ». Ce qui en fait au final un président à vie. Il est important de rappeler ici que tous ces tripatouillages de la Constitution s’effectuent alors que les personnalités suivantes sont aux affaires de l’Etat aux côtés de leur timonier Omar Bongo Ondimba : Casimir Oye Mba, comme Premier Ministre Chef du Gouvernement ; Jean Ping, Directeur de Cabinet du Président de la république, puis successivement Membre du Gouvernement ; Zacharie Myboto, Membre du Gouvernement ; André Mba Obame Membre du Gouvernement (entre autre poste, Ministre de l’Intérieur) ; René Ndemezo’o Obiang , Membre du Gouvernement, Secrétaire National , puis Secrétaire Général adjoint du Parti Démocratique Gabonais (PDG) parti-Etat. Pour ne citer que ceux-là. Tout ce beau monde, hiérarques parmi les hiérarques du PDG, Barons entre les Barons du système, se posent aujourd’hui en adversaire virulents de leur frère et camarade d’hier dans la maison du père timonier à tous : Omar Bongo Ondimba. C’est leur droit, mais dans quel objectif ?
 
Aujourd’hui, le peuple refuse « le statu quo », ce n’est plus possible, ni acceptable par personne. Ne pas agir pour remettre les choses dans le bon ordre, c’est laisser une nouvelle page s’écrire sans nous. Fort de ce constat, ne rien faire d’ici 2016, c’est faire le lit des extrémistes de tous bords. Il n’y a aucune honte à revenir sur une faute, c’est même preuve de sagesse. Mais continuer sur une voie que l’on sait sans issue est par contre impardonnable. On peut croire qu’avec le chamboulement du Burkina–Faso et le départ précipité de son ex- président, Mr. Blaise Compaoré, l’espoir renaît parce que pour tous ceux qui veulent continuer à exister, de profiter de titres, d’honneurs etc.… ils doivent accepter le changement et prendre le train de l’histoire. Quand on sert les intérêts d’une population, quel que soit le mode de scrutin et le nombre de candidat contre vous, il n’y a aucune raison que vous perdez votre poste. La démocratie ne doit plus être un leurre – chacun à sa modeste place, en tant que fils et fille de ce pays, citoyenne, mère et patriote, de ce pays meurtri par tant d’imposture un demi-siècle durant. La démocratie véritable, l’épanouissement individuel, le développement soutenable et profitable à tous, l’accès au soin, à l’éducation, l’accès à un logement décent, à l’électricité, à l’eau courante, à une répartition juste des richesses du pays, la sécurité, etc.… sont des attentes universelles de tous les peuples sur cette terre, il n’y a aucune raison que les Gabonais en soient exclus. »
 
Les membres du système PDG BONGO après avoir comme de coutume depuis 1990, participé pour les uns et organisé pour les autres, à la mascarade électorale d’octobre 2009 pour la succession à la présidence de la République ; en privilégiant leurs intérêts égoïstes, en permis le coup d’État électoral qui a intronisé le fils à la succession de son père. Aujourd’hui, ils croient pouvoir se pérenniser au pouvoir, en maintenant les mêmes dispositions institutionnelles. Ce qui est attentatoire à la paix sociale, et peut conduire à une confrontation violente pour réaliser l’alternance recherchée par les Gabonais.
 
Cette pratique constante dans la gestion politique mise en place et rondement rodée sous le défunt président Bongo Ondimba, n’a toujours servi qu’à imposer le diktat et faire avaliser par sa classe politique, les décisions du « Boss ». Le PDG (d’Ali9 et des opposants à ce dernier) utilise avec habileté ces dispositions. Les uns et les autres savent que le perdant aura toujours beau jeu de lancer par la suite des protestations, jusqu’au soulèvement des électeurs floués, le coup d’Etat électoral s’imposera, comme à l’accoutumé depuis 1993. C’est ce sur quoi escompte ceux qui se contentent du "Ali dégage", sans se préoccuper du plus important : la refonte des dispositions en matière électorale avant 2016.
 
En revenant à ce que nous avons vécu, plus personne ne doute aujourd’hui que les fameux « Accords de Paris » furent félonie des politiciens de tous bords envers le peuple. Parlant du consensus réalisée sur le partage du « gâteau » dans le cadre de l’application de ces accords de Paris, le journal gouvernemental l’union notait : « complices d’un forfait, d’une infamie, d’un abus de pouvoir, etc.. toutes choses qui les déshonorent et les disqualifient dans tout rôle de premier plan d’une alternance politique crédible et porteur d’espoir ». Que dire des différentes refontes du Code électorale issues des Accords de Paris. En 2002 en vue des élections législatives, la classe politique gabonaise s’était réunie autour du chef de l’État, et avait réalisé un « nouveau consensus » sur une question aussi essentielle et fondamentale pour la paix civile dans notre pays, que celle d’explorer les voies et moyens d’organiser les prochaines élections... dans un environnement débarrassé de toute méfiance de la classe politique, en particulier de l’opposition, à l’égard de l’outil électoral dans son ensemble.
 
Le journal l’union, notait alors que le débat que tentait d’imposer alors, comme aujourd’hui, certains leaders politiques sur le rapport des élections en militant fermement pour la refonte du Code électorale avait été quasiment clos [...] à la présidence de la République au cours d’un tour de table auquel le chef de l’État Omar Bongo avait convié les leaders politiques nationaux. ...La sortie du président de la République était en fait venue mettre, si l’on peut dire, un coup d’arrêt à la démarche que voulaient initier certains de ses hôtes issus de l’opposition venue obtenir à tout prix la révision du Code électoral.
 
En effet, aucune élection ne peut être transparente et crédible sous le système PDG Bongo. Et tout est mis en place aujourd’hui, pour qu’elle ne reste toujours qu’une mascarade : UNE JUSTICE AUX ORDRES, DES INSTITUTIONS qui travaillent pour le monarque [...] La Cour constitutionnelle, le Sénat, le ministère de l’intérieur tout est fait pour qu’un homme (Ali BONGO-ONDIMBA) même s’il a 5% [...] des voix puisse être proclamé vainqueur.
 
De ce fait, accepter en l’état actuel de la loi électorale, l’organisation de l’élection pour la présidence de la République, c’est être complice des conséquences postélectorale qui, plus qu’en 2009, ne pourront qu’entrainer des pertes en vie humaine d’innocents citoyens. Dans sa déclaration, quand l’opposant du régime de Libreville, se dit favorable plutôt à un « soulèvement populaire en cas de hold-up électoral en 2016 pour faire partir Ali Bongo Ondimba du pouvoir héréditaire », il y a lieu de demander s’il mesure les conséquences de cette position, en pensant ainsi aller aux élections en 2016 avec le cadre actuel en la matière.
 
Les protagonistes d’Ali Bongo Ondimba oublient que c’est en franchissant la ligne d’arrivée qu’on devient vainqueur. Mais quand cette ligne d’arrivée électorale est sous le contrôle d’Aboghe-Ella, de Mborantsuo et des autres redevables au pouvoir Bongo, qui peut prétendre à la victoire ? C’est ici le grand défi, le contrôle de l’appareil électoral ; c’est là que se jouera la victoire et non dans la communication, qui, bien qu’importante, n’aura finalement qu’une portée marginale, comme par le passé. Si Ali Bongo doit tomber, il faut que l’appareil électoral lui échappe. Cela tout le monde le sait, et Ali Bongo en premier.

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