Entretien exclusif

Noureddin Bongo : « Je me battrai pour mon innocence, je n’ai jamais volé d’argent de ma vie ! »

Noureddin Bongo : « Je me battrai pour mon innocence, je n’ai jamais volé d’argent de ma vie ! »
Noureddin Bongo : « Je me battrai pour mon innocence, je n’ai jamais volé d’argent de ma vie ! » © 2025 D.R./Info241

Otages, tortures, mise en scène et procès expéditif : dans un entretien fleuve, Noureddin Bongo Valentin revient pour la première fois avec précision sur les 625 jours qui ont bouleversé sa vie. Condamné à 20 ans de prison lors d’un procès qu’il qualifie de “farce”, l’ancien coordinateur général des Affaires présidentielles affirme vouloir “prouver [son] innocence” et “dénoncer les crimes perpétrés par la junte”. Entre récits de violences, spoliations, pressions, et coulisses du 30 août 2023, il dévoile une version sombre et inédite de sa détention et de la prise de pouvoir par le Général Brice Oligui Nguema. 

Moov Africa

-

Info241 : Vous avez été condamné à 20 ans de prison, quel commentaire faites-vous de ce verdict ?

Noureddin Bongo Valentin : Ce verdict est une farce, tout comme ce procès par contumace. J’ai été accusé d’avoir détourné des fonds sans qu’aucune preuve de transaction ni autre preuve recevable n’ait été présentée. Je ne sais toujours pas au cours de quelle transaction aurais-je détourné des fonds publics, ni quand, ni vers quel compte, ni comment etc. 

L’ancien coordinateur des Affaires présidentielles désormais en exil à Londres

Info241 : Ce verdict repose sur les témoignages sous contrainte de co-accusés que j’ai moi-même vu être torturés par les militaires. Le niveau d’amateurisme et de négligence dans ce procès est sans doute inédit : vous vous rendez compte que sur la liste des soi-disant sociétés qui nous appartiennent, citée par le Procureur Eddy Minang dans son réquisitoire, nombre d’entre elles n’ont rien à voir avec nous et ne sont d’ailleurs même pas au Gabon ? 

Je rappelle aussi que l’organisation de ce procès est illégale : ni ma mère ni moi n’avons été convoqués et la justice gabonaise a complètement ignoré la substantivité du pourvoi en cassation que nous avions soumis. Tout comme elle a d’ailleurs ignoré les vidéos que j’ai pu filmer en caméra cachée, que ce soit de la juge d’instruction Leila Ayombo Moussa ou des autorités judiciaires, toutes révélant obéir aux instructions du Général Oligui. De toute façon, quelle justice peut condamner des individus à 20 ans de prison en deux jours et sans aucune preuve ? Une justice aux ordres !

Info241 : Quelle suite allez-vous donner à cette affaire ?

Noureddin Bongo Valentin : Je me battrai aux côtés de ma mère pour prouver notre innocence devant des juridictions compétentes et indépendantes telles que la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples. Nous avons aussi prévu d’autres actions et recours hors du Gabon que nous annoncerons en temps voulu. Mais ce que je peux vous assurer c’est que nous nous défendrons corps et âme jusqu’à ce que notre innocence soit proclamée.

Info241 : Il y a une autre procédure judiciaire qui est engagée en France contre vos tortionnaires présumés dont des officiers supérieurs de la Garde Républicaine du Gabon et pour certains des proches parents de Brice Clotaire Oligui Nguema (les colonels Ankama et Bibang), comptez-vous aller au bout de cette procédure même si le Général Oligui Nguema vous amnistie par exemple ou vous gracie ?

NBV- Pour être honnête je ne vois pas dans quel contexte le Général Oligui pourrait me gracier ou m’amnistier étant donné qu’il a fait croire au monde entier que j’ai détourné des sommes pharaoniques, ça n’aurait donc pas de sens. De plus, aucun de ces actes ne m’innocenterait ni aux yeux de la loi ni aux yeux de l’opinion publique, ce ne serait donc pas une victoire pour moi. Ainsi, comme dit plus tôt, je me battrai pour prouver mon innocence et dénoncer les crimes perpétrés par la junte sur ma famille et moi-même, à travers notamment cette plainte en France mais pas seulement.

Info241 : Cela fait plus de six mois que vous avez quitté le Gabon. Comment allez-vous aujourd’hui ?

Noureddin Bongo Valentin : J’aimerais pouvoir dire que ma libération m’a apporté une sorte d’apaisement, mais ce n’est pas tout à fait le cas. J’essaie toujours de digérer tout ce qui m’est arrivé pendant ma captivité, je me soigne physiquement et psychologiquement. J’ai la chance de pouvoir compter sur de nombreux soutiens comme ceux de mes amis ou d’ONG telles que Hostage International. Mais le combat est quotidien puisqu’il faut mener les différentes actions en justice et que nous continuons d’être persécutés. Une chose est sûre cependant : retrouver ma famille a été la plus grande bénédiction dont j’aurais pu rêver. Sans le soutien de ma femme Léa, je ne pense pas que j’aurais survécu.

Info241 : Revenons, si vous le voulez bien, sur cette nuit du 29 au 30 août 2023. Pouvez-vous nous la raconter ?

Noureddin Bongo Valentin : Cela faisait près de 2 ans que j’habitais à Londres, j’étais arrivé au Gabon environ 2 semaines avant le début de la campagne électorale pour soutenir mon père. Le soir du 29 août, nous attendions les résultats des élections. Soudain, des éléments de la Garde Républicaine menés par le Lieutenant Mannix P. Engone Ovoundza se sont présentés à la porte de la maison où je séjournais avec ma famille et ont voulu nous faire sortir précipitamment en disant devoir nous sécuriser sur ordre du Général Brice Oligui Nguema. Évidemment, c’était un mensonge. J’ai été séparé de ma femme et de mes trois fils et emmené dans un blindé militaire avec notamment Steeve Diecko Diecko, Abdul Oceni et Oun Kim. Lorsque j’ai réalisé que ma famille ne venait pas, j’ai voulu sortir du blindé et là un militaire m’a poussé violemment en me disant « c’est fini, tu es fini » ! On nous a conduits à la Cité de la Démocratie, qui était déjà sous le contrôle des militaires vers 23h le 29 août 2023 (plusieurs heures avant le coup d’état officiel), où se trouvaient Cyriaque Mvourandjiami et Ian Ghislain Ngoulou, tous deux le visage tuméfié et ensanglanté, les mains liées derrière le dos et arme sur la tête. À ce moment-là un militaire me dit que Ngoulou et moi-même allons payer car nous avons essayé de « faire un coup d’état contre Ali », ce qui était évidemment faux. On nous emmène tous à la DGSS où nous sommes enfermés dans des cachots minuscules, dans le noir complet et sans aucune idée de ce qui se passe réellement.

Info241 : Avec le recul, avez-vous perçu des signes avant-coureurs de ce coup d’Etat ?

Noureddin Bongo Valentin : Oligui était très proche de mon père et de mon grand-père, et j’ai toujours eu de bonnes relations avec lui. Du moins, c’est ce que je croyais.  Il y a évidemment eu plusieurs coups d’État en Afrique avant celui du Gabon, mais personne n’aurait soupçonné Oligui d’en organiser un. Je comprends en revanche avec le recul que les renseignements qui parvenaient à mon père étaient de toutes façons faussés puisque c’est Oligui qui les lui rapportait.

Info241 : À la télévision, on vous a vu exhibé devant des valises remplies d’argent liquide, vous parlez d’une mise en scène grotesque. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Noureddin Bongo Valentin : Je veux que le peuple gabonais sache qu’il s’agissait d’une opération de communication de la part des auteurs du coup d’État qui voulaient me diaboliser et créer l’illusion que cet argent m’avait été personnellement confisqué. Il s’agissait d’un événement mis en scène et les fonds ne m’appartenaient pas, pas plus qu’ils n’ont été découverts lors d’une perquisition à une adresse liée à moi directement ou indirectement . Des militaires de la Garde Républicaine m’ont sorti d’un cachot de la DGSS à l’état-major de la GR et ont menacé de violer ma femme et mes fils si je n’obéissais pas.

Ils m’ont emmené devant un bâtiment du Palais Présidentiel et ont fait venir 2 photographes et 1 caméraman de la presse présidentielle que j’ai reconnus instantanément . Ils m’ont aligné avec Ian Ghislain Ngoulou devant des valises de billets. J’ai dit au procureur Mr André Patrick Roponat, qui était présent lors de la mise en scène, que ces valises ne m’appartenaient pas, il m’a répondu « Ne vous inquiétez pas, il y aura la présomption d’innocence. ». Je peux imaginer la colère des gabonais lorsqu’ils ont vu ces images mais ce n’était pas mon argent et d’ailleurs je n’ai jamais volé d’argent de ma vie, c’est pourquoi la justice gabonaise a été incapable de prouver le moindre détournement.

Info241 : Vous avez été détenu dans plusieurs lieux. Pouvez-vous nous en dire davantage ?

Noureddin Bongo Valentin : J’ai d’abord passé 13 jours à la DGSS dans une cellule si petite que je ne pouvais pas étendre mes jambes. J’ai ensuite passé 8 jours à la DGR dont une nuit au B2. À partir du 19 septembre 2023, je suis envoyé à l’annexe 1 de la Prison Centrale de Libreville en isolement total jusqu’au 1er avril 2024. Durant les mois de novembre 2023, décembre 2023 et janvier 2024, je suis presque quotidiennement emmené aux locaux de la Garde Républicaine au sous-sol du Palais pour y être torturé. 

À partir du 1er Avril 2024, je suis définitivement séquestré avec ma mère dans le bureau de l’aide de camp du Président Oligui, le Capitaine Dimitri Raivire de la Garde Républicaine.  Le 1er mai 2025, ma mère fait une tentative de suicide et nous sommes alors conduits tous les deux à l’Hôpital militaire des armées. Là-bas, ma mère reçoit beaucoup de pression pour partir en résidence surveillée auprès de mon père mais elle refuse de me laisser derrière. Le 09 mai 2025 finalement nous sommes tous les deux conduits en résidence surveillée aux côtés de mon père. Nous quittons tous les trois le Gabon le 15 mai 2025 grâce à l’intervention de plusieurs chefs d’Etat, y compris le Président Joao Lourenço qui nous accueille ensuite et envers qui je serai éternellement reconnaissant.

Info241 : Vous affirmez avoir subi des tortures.  Que pouvez-vous nous en dire, notamment sur les lieux où ces faits se seraient déroulés et sur vos bourreaux ?  Étaient-ils tous des militaires ?

Noureddin Bongo Valentin : Les mois de septembre et octobre 2023, que ce soit à la DGSS, au B2 ou à la PCL [prison centrale de Libreville], j’ai été sans cesse affamé, menacé, humilié. Les gardes de la prison inondaient régulièrement ma cellule pour m’empêcher de dormir. J’ai reçu plusieurs fois le Lieutenant Colonel Davy-Steeve Yalis, le Capitaine Mannix. P Engone Ovoundza et le Capitaine Unisse Ankama (le frère de Lukamar Ankama, lui-même parent de Brice Oligui Nguema) qui m’ont interrogé violemment, en pressant un couteau sur mes parties génitales en prison. 

À partir du 09 novembre 2023, je suis emmené de la Prison Centrale au sous-sol du Palais dans la salle de tir de la GR pour être torturé par le Lieutenant Colonel Davy-Steeve Yalis, le Capitaine Mannix. P Engone Ovoundza, le Lieutenant-Colonel Lukamar Ankama et le Lieutenant-Colonel Pierre Bibang Bi Nguema (frère du Président Oligui) ainsi que d’autres éléments de la GR et de la SIS. Jusqu’en janvier 2024 je suis torturé quasi quotidiennement   : étranglé, fouetté avec un tuyau de plomberie, battu avec un marteau, un pied-de-biche et un bâton en bois, noyé avec de l’eau et de l’alcool, électrocuté à plusieurs reprises avec un pistolet Taser. Ils m’ont broyé les parties génitales et m’ont fait bien pire que je ne dirai pas ici.

Je n’étais pas le seul à être torturé, à vrai dire ils nous torturaient souvent en groupe. Je me rappelle que Jessye Ella Ekogha avait été tellement frappé à la tête en décembre 2023 qu’il s’évanouissait plusieurs fois par jour pendant des semaines jusqu’à ce que les militaires décident de l’emmener à l’hôpital. Il a été libéré quelques semaines plus tard pour cette raison. Lors de ma nuit au B2 en septembre 2023 j’y ai vu les anciens Ministres Vincent de Paul Massassa et Léon Armel Bounda Balonzi. J’ai vu que Mr Massassa avait été violemment torturé : il était dans un état de choc, complètement traumatisé, sa jambe était très enflée.

Je les ai revus en novembre 2023 dans le bureau du Capitaine Dimitri Raivire, où Ankama, Engone, Bibang et des militaires de la GR devant moi les ont tabassés, tasés, agraphé leurs oreilles pour leur faire avouer de l’argent qu’ils n’avaient clairement pas.  C’est ce même groupe qui a fracturé la main d’Abdul Oceni avec un coup de marteau. Je me rappelle même de cette fois en décembre 2023 lorsque Ankama nous mettait chacun son tour au sol pour se faire fouetter avec des tuyaux par les autres (Jessye Ella Ekogha, Mohammed Ali Salioux, Abdul Oceni Ossa, Cyriaque Mvourandjiami, Ian Ghislain Ngoulou, Vincent de Paul Massassa, Léon Armel Bounda Balonzi) et si l’on ne s’exécutait pas ce sont les militaires qui nous fouettaient avec des cordes à nœuds. 

Ma mère a été étranglée et frappée par  Pierre Bibang  Bi Nguema devant moi. Je m’attends à ce qu’on leur fasse démentir mes propos en public, mais ce n’est pas grave j’aurais dénoncé ce que j’ai vu de mes propres yeux. C’était uniquement des militaires qui nous torturaient, mais ils enlevaient souvent le treillis pour le faire.
 

Info241 : Vous avez été spolié de plusieurs biens. Pouvez-vous préciser lesquels ?

Noureddin Bongo Valentin : En Novembre/Décembre 2023 on m’a fait vider mon compte du Maroc vers un compte nommé RGT à la CDC et on m’a fait signer des ordres de virement blanc de mon compte BGFI qui a immédiatement été vidé, au profit de qui ? Je ne sais pas. Kedy Alex Obame Obame, informaticien de la DGSS, m’a fait vider mon compte à Dubaï soit 240 000 euros vers son compte personnel qu’il a ouvert quelques jours avant au Maroc. Il a extorqué ma femme et les femmes des autres co-détenus pour qu’elles puissent nous avoir quelques minutes au téléphone lorsque nous étions au sous-sol du Palais. J’ai vu qu’il a depuis ouvert un restaurant à Libreville et qu’il voyage souvent à Dubaï.. On a rasé mes restaurants de Mayena que j’avais construits progressivement depuis 2012 et on m’a volé le terrain. J’ai aussi vu qu’un particulier a construit sur le terrain en face de Mayena qui appartenait à ma famille également depuis 2010. Quant à ce que j’ai hérité de mes parents, j’ai dû signer la cession de tout.

Info241 : Nous avons appris qu’une femme proche de Brice Oligui Nguema - Victorine Tchicot pour ne pas la citer - se serait rendue à votre domicile pour y voler notamment de la vaisselle et des rideaux. Confirmez-vous cette information ?

Noureddin Bongo Valentin : La maison où je logeais avec ma femme et mes enfants était l’ancienne maison de mes parents, elle leur appartenait toujours. C’était une maison privée qui n’a jamais appartenu à l’Etat et qui avait été décorée et aménagée 10 ans plus tôt par mes parents. En novembre 2023 elle a été vidée par l’Intendance des Palais Présidentiels, prétextant que ce qui était dans la maison tel que la vaisselle appartenait à l’Etat . Plusieurs sources confirment que c’est bien Victorine Tchicot, Directrice de cabinet privé de Oligui, qui était en charge du dépouillement de nos propriétés. J’imagine que vous avez entendu parler des oiseaux, des sacs, des montres etc qui ont disparu..

Info241 : Durant votre détention, le général Oligui Nguema, qui vous aurait qualifié de « neveu préféré », a-t-il donné des instructions pour améliorer vos conditions ?

Noureddin Bongo Valentin : Je vais vous donner une anecdote. En Octobre 2023, le Directeur de la Prison Centrale de Libreville m’a fait enregistrer une vidéo à destination du Général Oligui, dans laquelle je le suppliais d’accepter que je sois nourri davantage que le bol de riz et la sardine, ration journalière. Malheureusement cela n’a rien changé. Nous discutons d’ailleurs de cette vidéo dans l’audio qui a circulé sur la toile, du Directeur de la Prison, ma mère et moi en décembre 2024. Je me rappelle aussi qu’en peine séance de torture le 10 Novembre 2023, le Colonel Pierre Bibang Bi Nguema m’avait passé le Général Oligui au téléphone qui m’avait dit « Je te sais intelligent, mais il y a plus intelligent que toi, tu ne m’as pas vu venir » avant de m’instruire de donner tout ce que j’ai .

Info241 : Pouvez-vous nous raconter dans quelles circonstances vous avez été libéré ?

Noureddin Bongo Valentin : Les auteurs du coup d’État nous avaient promis à maintes reprises de nous rendre notre liberté, mais chaque fois, cela n’aboutissait à rien, si bien qu’au bout d’un certain temps, on finit par perdre espoir. À Londres, cependant, ma femme Léa refusait de baisser les bras. Elle avait constitué une équipe d’avocats et un comité de soutien pour contester notre détention devant les tribunaux parisiens, ce qui a commencé à faire beaucoup de bruit au niveau international. Les médias ont révélé que nous étions torturés et les gens ont commencé à s’interroger sur les motivations d’Oligui et de ses collaborateurs. Cherchaient-ils vraiment à construire un avenir meilleur pour le Gabon ou étaient-ils motivés par leur cupidité personnelle ?

La pression internationale continuait de monter, et les dirigeants de l’Union Africaine ont commencé à faire pression sur Oligui pour obtenir des réponses. Il était clair pour la communauté internationale, et en particulier pour les voisins du Gabon, que les accusations de détournement de fonds portées contre ma mère et moi-même étaient un écran de fumée et sans fondement. Après l’élection officielle d’Oligui à la présidence, un élan s’est créé pour trouver une solution. Le président angolais est intervenu et a exigé notre libération. À peu près au même moment, ma mère a tenté de mettre fin à ses jours et nous avons tous deux été transférés à l’hôpital militaire que ma mère a refusé de quitter sans moi. Finalement, après quelques jours, nous avons été convoqués au palais présidentiel pour voir Oligui. 

Avant de nous libérer, il voulait s’assurer que nous ne parlerions jamais des tortures que nous avions subies, d’où l’engagement sur l’honneur que les autorités judiciaires nous ont fait signer la veille, sur instruction d’Oligui et dont la vidéo a fait le tour de la toile. Finalement, après quelques jours de résidence surveillée nous avons, mon père, ma mère et moi-même été conduits à l’aéroport et mis dans un avion à destination de l’Angola.

Info241 : On vous a souvent présenté comme un « prince héritier ». Est-ce une image que vous assumez, ou bien une analyse erronée ?

Noureddin Bongo Valentin : Toute personne qui me connaît vous dira que cette image est complètement erronée. Je n’ai jamais eu d’ambitions politiques et hormis la parenthèse de 18 mois à la Présidence à Libreville, ma vie était en Angleterre dans le secteur privé.

Info241 : On a beaucoup parlé de la « Young Team », ce groupe de proches qui auraient eu de l’influence sur les affaires de l’État à travers vous.  Quelle est votre version des faits ?

Noureddin Bongo Valentin : Contrairement à l’idée répandue par la junte, le pouvoir n’était pas aussi centralisé, il y avait un Premier Ministre, un gouvernement, des Directeurs Généraux, des Présidents d’institutions, etc.. et c’est le Président de la République qui décidait. Ce groupe était ses collaborateurs et non les miens. Par ailleurs, je prendrais avec des pincettes les « révélations » faites lors du procès, sachant qu’ils étaient tous sous contrainte des militaires.

Info241 : Deux ans après le renversement de votre père, quel regard portez-vous sur la  gouvernance de Brice Oligui Nguema ?

Noureddin Bongo Valentin : Ce n’est pas à moi de critiquer le gouvernement actuel. Je me concentre sur la reconstruction de ma propre vie. Mais j’espère que le Gabon et son peuple pourront prospérer. Les gabonais méritent la prospérité et le bonheur.

Info241 : Envisagez-vous un retour au Gabon ?

Noureddin Bongo Valentin : Non, ma vie et ma liberté seraient en danger si je rentrais. Je n’ai aucune envie de retourner sous la garde des personnes qui m’ont torturé si cruellement, mais je mentirais si je vous disais que le Gabon ne me manquait pas.

Info241 : Envisagez-vous de vous engager en politique, notamment dans l’opposition à Brice Oligui Nguema ?

Noureddin Bongo Valentin : Je n’ai jamais eu d’ambitions politiques et cela n’a pas changé. Je suis heureux de laisser la politique aux autres.

Info241 : Le journal l’Union vous a décrit récemment comme « un activiste de luxe » un commentaire ?

Noureddin Bongo Valentin : Tout comme le pouvoir judiciaire, j’imagine qu’il existe des médias qui vivent dans la peur pour leur vie et se sentent obligés d’écrire tout ce qui fera plaisir au Général Oligui. Je prends ces articles avec beaucoup de recul.

Info241 : Que souhaitez-vous pour l’avenir du Gabon ?

Noureddin Bongo Valentin : J’espère que le Gabon deviendra une économie florissante, offrant un meilleur niveau de vie à tous. De plus, sa position de véritable paradis terrestre lui permet de continuer à influencer le débat mondial sur la neutralité carbone. Ces deux aspects ne s’excluent pas mutuellement, mais la gestion de la transition entre des modèles de croissance à forte intensité carbone et des modèles durables constituera un défi majeur dans le cadre du développement économique du pays. J’espère également que les autorités s’attacheront enfin au respect de l’indépendance de la justice et au respect des Droits de l’Homme.

Info241 : Enfin, quel est votre mot de la fin ?

Noureddin Bongo Valentin : Depuis ma libération, j’ai reçu beaucoup de soutien de la part de citoyens du Gabon et d’ailleurs qui reconnaissent que j’ai été victime des circonstances. Ce soutien compte beaucoup pour moi, et je tiens à ce que ces personnes sachent que je leur suis reconnaissant pour leur gentillesse. Enfin, pour avoir été un otage politique pendant 625 jours, je n’imagine pas mon avenir sans me dédier à ce combat pour les autres, c’est donc ce que je ferai.

Propos receuillis par Jocksy Andrew Ondo-Louemba, envoyé spécial à Londres.

@info241.com
Moov Africa

-

Commenter l'article