Communiqué de presse

Le CRAN dénonce le système mis en place par Ali Bongo

Le CRAN dénonce le système mis en place par Ali Bongo
Le président du CRAN Louis-Georges Tin © 2014 D.R./Info241

Une délégation du Conseil représentatif des associations noires (CRAN), ayant pour but de lutter contre les discriminations en France, a séjourné récemment au Gabon. Un séjour qui leur a servi à prendre le pouls du Gabon. Le CRAN a de ce fait publié aujourd’hui un communiqué de presse dans lequel il raconte leurs mésaventures et leur analyse politique « objective » du Gabon, visiblement proche de celle de l’opposition. Opposition avec qui naguère, son président Louis-Georges Tin, a séjourné le 9 août dernier à Nkolabona près d’Oyem.

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Nous vous livrons in-extenso leur communiqué alarmant sur le Gabon, la démocratie existante et son président en exercice :

De plus en plus engagé à l’international, le président du CRAN s’est rendu récemment au Gabon, où il a passé près de trois semaines. Invité par le président de la Mauritanie il y a quelques mois, ou encore à Chicago par Jesse Jackson en juillet dernier, il s’est rendu cette fois à Libreville pour un voyage ayant pour objectif d’étudier les conditions de la vie politique dans le pays.

Dès le début du voyage, le CRAN a pu constater la réalité objective de cet Etat policier. Pour commencer, les autorités consulaires ont refusé d’accorder le visa à Guy Samuel Nyoumsi, vice-président du CRAN, chargé des relations avec l’Afrique, et n’ont en rien motivé leur attitude, donnant ainsi une pénible impression d’arbitraire. Quant à Louis-Georges Tin, tout au long de son séjour, il a été soumis à une surveillance grossière. Par ailleurs, n’osant affronter directement le CRAN, ce qui aurait provoqué un incident diplomatique fâcheux, la police d’Etat a harcelé la pauvre propriétaire de l’appartement où se trouvait Louis-Georges Tin, afin qu’il quitte les lieux -une manœuvre tout à fait emblématique de l’état des libertés publiques dans le pays.

Cette entrée en matière a permis au président du CRAN de mesurer le déficit démocratique grave caractérisant le Gabon. Depuis les élections très contestées de 2009 (véritable « coup de force », comme le disait dans Le Monde Odile Biyidi, présidente de l’association Survie), et les émeutes meurtrières de Port-Gentil, Ali Bongo a installé son pouvoir, et plus de 5000 fonctionnaires ont été démis de leurs fonctions. La pauvreté demeure endémique dans tout le pays, plus de la moitié de la capitale n’a pas accès à l’eau courante (dans un pays où il pleut plus de 9 mois par an), les hôpitaux sont délabrés, les mouvements de grèves se multiplient, les étudiants sont réprimés, et s’il y a du pétrole au Gabon, il n’y a apparemment pas de goudron à Libreville. Et il faudrait évoquer aussi l’impunité étonnante dont bénéficient les auteurs de crimes rituels, dénoncés par l’Eglise elle-même.

Depuis 2009, un climat délétère s’est installé dans le pays. Michel Ogandaga, le conseiller en communication du président Bongo, a publié récemment des propos violents contre les Fang (principale ethnique du pays), résumés par le titre « tuez les tous ! » de l’hebdomadaire L’Aube, en janvier 2014. Par ailleurs, Ali Bongo fait planer un lourd climat de menace en accusant régulièrement Jean Ping, l’une des grandes figures de l’opposition et ancien président de l’Union Africaine, d’organiser l’insurrection, manœuvre grossière ayant pour but d’interdire toute critique et tout débat démocratique au Gabon.

Dans ces conditions, alors que la prochaine élection présidentielle est prévue en août 2016, les jeunes du Gabon semblent partagés entre le dégoût (« à quoi bon voter encore si le résultat est toujours truqué, avec la complicité de la France », ont-ils déclaré régulièrement au président du CRAN), et la révolte (incarnée par le slogan « ça suffit comme ça », relayé un peu partout dans le pays). Quant à l’entreprise chargée de mettre en place le système destiné à assurer la fiabilité biométrique des élections à venir, son travail au Gabon semble peu crédible, et elle a d’ailleurs été assignée en justice par Marc Ona Essangui, président de l’association Brainforest, et récipiendaire du prix Goldman 2009.

Face à un pouvoir autoritaire mais faible, par conséquent aux abois, la vitalité du débat démocratique est assurée malgré tout par des personnalités courageuses qui ont refusé le silence et la résignation, comme Marc Ona, Jean Ping, Zacharie Myboto (président de l’Union Nationale), ou Fabien Ekorezok (leader du courant souverainiste) que le CRAN a pu rencontrer. Au total, Louis-Georges Tin a pu constater qu’il y avait au Gabon à la fois un climat lourd, une situation de crise généralisée, pouvant basculer à tout moment vers la catastrophe, mais en même temps des hommes et des femmes courageux, responsables, et capables d’assurer la relève politique.

« Pays riche, peuple pauvre, tel est le Gabon que j’ai pu voir, a déclaré Louis-Georges Tin. Lors du récent sommet USA-Afrique, Barack Obama a lui-même durement critiqué le président du Gabon. Mais la France n’est pas pour rien dans la situation actuelle du pays, qu’elle n’a cessé d’exploiter depuis des décennies. Par conséquent, en tant que citoyens français liés à l’Afrique, nous avons le devoir de prendre part au processus de transition démocratique, au Gabon en particulier et en Afrique en général. Nous avons l’intention de poser des actes forts, qui seront révélés en septembre et dans les mois à venir », a promis le président du CRAN.

Au total, des rencontres émouvantes et des projets de grande envergure ont émergé de ce voyage, au cœur de la Françafrique. Un CRAN-Gabon est en cours de constitution (comme plusieurs autres CRAN au Maroc, au Bénin, au Cameroun et aux Etats-Unis), et un rendez-vous est prévu à l’Elysée début septembre pour que Louis-Georges Tin puisse rendre compte à François Hollande de ses observations et de la nouvelle donne nécessaire au Gabon en particulier, et en Afrique en général.

@info241.com
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