Après les premiers scrutins de la Ve République, seuls 10 partis assurés de rester légaux au Gabon !
Après les toutes premières élections politiques de la Ve République au Gabon, l’heure est au bilan. Une épée de Damoclès pèse désormais sur la survivance de l’ancienne centaine de partis légalement reconnus, dont seule la moitié a effectivement pris part aux joutes électorales. Sur les 104 partis existants, seuls dix sont désormais assurés de rester officiellement fonctionnels et de conserver leur statut. La purge introduite par la loi sur les partis politiques a ainsi réduit de plus de 90 % un paysage longtemps hypertrophié, emportant au passage plusieurs formations sans ancrage réel.
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Cette réforme accélère une rationalisation spectaculaire de la carte politique. Longtemps marqué par une inflation de structures partisanes — jusqu’à 104 formations recensées avant la transition — le paysage s’oriente désormais vers un noyau réduit. À l’issue des législatives, sénatoriales et locales, dix partis émergent comme les principales forces appelées à structurer la vie publique : cinq qualifiés de « représentatifs » au sens strict de la loi et cinq autres maintenus dans le giron des partis reconnus malgré une représentativité limitée.
Une purge de fait, plus qu’une disparition juridique
Dans l’esprit du législateur, l’objectif est clair : mettre fin à la prolifération d’organisations sans ancrage électoral réel. Avant la transition, le Gabon comptait une multitude de partis, dont beaucoup existaient surtout sur le papier pour faire le jeu du régime déchu. La réforme produit ainsi un effet de purge politique massif, avec une contraction de plus de 90 % du paysage réellement influent, au profit d’un noyau appelé à structurer durablement la Ve République.
Il s’agit toutefois d’un tri par la représentativité et l’influence institutionnelle, plus que d’une vague immédiate de radiations. Autrement dit, plusieurs partis sont désormais dans le rouge d’une existence légale en plus de ne pas appartenir à la short list des formations désormais considérées comme centrales et prioritairement conviées aux grandes consultations officielles.
Cinq partis désormais « représentatifs »
À l’issue des différents scrutins, seules cinq formations répondent aux critères de représentativité. L’Union démocratique des bâtisseurs (UDB) de Brice Clotaire Oligui Nguema et le Parti démocratique gabonais (PDG) de Blaise Louembé demeurent solidement implantés. Le Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM) d’Alexandre Barro Chambrier s’impose comme troisième force, avec cinq élus nationaux (trois députés et deux sénateurs), auxquels s’ajoute un siège sénatorial partagé avec le Bloc démocratique chrétien (BDC), et plus de 110 élus locaux.
L’Union nationale (UN) de Paulette Missambo rejoint ce cercle avec quatre élus nationaux (deux députés et deux sénateurs) et un peu plus de 70 élus locaux. Enfin, l’Union pour la République (UPR) de gervais Oniane complète ce quintette avec trois élus nationaux (deux députés et un sénateur) et 47 conseillers locaux.
| Statut après les scrutins | Partis concernés | Lecture institutionnelle |
|---|---|---|
| Partis représentatifs (critère : ≥ 3 élus nationaux et ≥ 25 conseillers locaux) | UDB ; PDG ; RPM ; UN ; UPR | Formations appelées à être privilégiées lors des rassemblements officiels et des consultations d’intérêt national |
| Partis reconnus mais non représentatifs | SDG ; PSD ; FDS ; BDC ; RNR | Présence juridique maintenue malgré une représentation électorale limitée |
Cinq autres partis maintenus, mais sous pression de résultats
Sur la cinquantaine de partis ayant effectivement participé aux scrutins, cinq autres formations se situent aux marges de la représentativité : les Sociaux démocrates (SDG), le Parti social démocrate (PSD), le FDS, le BDC et le RNR. Leur poids électoral reste modeste, avec un à deux élus nationaux et moins d’une vingtaine d’élus locaux. Leur existence juridique demeure toutefois assurée dans l’immédiat, ce qui leur laisse une marge de manœuvre pour se relancer avant les prochaines échéances.
Le texte prévoit par ailleurs un second verrou. L’article 71 stipule que tout parti politique perd son statut juridique s’il ne présente pas de candidats à deux élections législatives ou locales consécutives. Ce mécanisme ne sanctionne donc pas automatiquement les formations faibles à l’issue d’un seul cycle électoral, mais les réduits à n’être finalement que des partis en voie de disparition sur le cadre légal.
Bilie-By-Nze et Ndong Sima hors du noyau central
Dans ce contexte, certaines formations récentes se retrouvent surtout écartées du cercle des partis désormais au cœur du jeu institutionnel. Ensemble pour le Gabon (EPG), porté par l’ancien Premier ministre d’Ali Bongo, Alain Claude Bilie-By-Nze, apparaît comme l’un des exemples les plus visibles. Le retrait de candidats intervenu après de faibles performances électorales à ces 3 grandes élections a empêché le parti d’engranger des élus. Conséquence immédiate : l’EPG ne figure pas parmi les formations appelées à structurer l’offre politique officielle issue de ce premier cycle de la Ve République, même si son statut légal n’est pas mécaniquement remis en cause à ce stade.
Même lecture pour l’Alliance patriotique (AP) de l’ancien Premier ministre de la transition Raymond Ndong Sima. Faute d’un nombre d’élus conséquant, la formation reste en dehors de la short list des partis désormais centraux. Elle conserve toutefois son existence juridique, tout en faisant face à une obligation politique de reconstruction si elle veut retrouver une place dans la configuration institutionnelle que dessinent ces élections. Au final, la Ve République s’installe dans un format resserré : cinq partis pleinement représentatifs, cinq partis reconnus mais déjà sommés de muscler leur ancrage, et une multitude de formations reléguées à la périphérie du jeu sans être, pour autant, immédiatement frappées d’illégalité.
@info241.com
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