Le Gabon compte désormais sur l’industrie du gaz pour maximiser ses recettes et conjurer les méfaits d’un possible déclin de la production de l’or noir qui représente 80% des exportations et 60 à 70% des recettes du pays.
Symbole emblématique de cette nouvelle vision : le premier forum du pétrole et du gaz organisé à Libreville du 22 au 23 octobre dernier en présence de tous les acteurs majeurs de la production pétrolière du pays ainsi que des potentiels opérateurs qui rêvent de se frayer une place dans le riche domaine pétrolier gabonais.
« Le Gabon est une ancienne province pétrolière d’avenir », répétait souvent l’ancien ministre du Pétrole, Richard Auguste Onouviet, qui suggérait aux analystes de repousser à plus tard la fin de l’aventure pétrolière du Gabon.
« Aujourd’hui, notre production est de l’ordre de 210.000 barils par jour. Il y a des nouvelles découvertes qui nous permettrons d’ augmenter cette production pour atteindre 250.000 barils par jour à très court terme », affirme le ministre du Pétrole Dieudonné Etienne Ngoubou dans une interview en marge du forum sur le pétrole et le gaz.
Le ministre soutient que l’augmentation attendue ne tient pas compte des nouveaux permis attribués récemment pour l’exploration de l’offshore profond et très profond.
Libreville table sur la haute mer pour réaliser des découvertes majeures comme c’est le cas au Brésil, un pays où le domaine sédimentaire a les mêmes caractéristiques que le Gabon, selon toutes les compagnies pétrolières du pays.
Au Gabon, la production pétrolière a atteint son pic en 1997 avec un plafond record de 18,56 millions de tonnes. Elle a gravement dégringolée au début des années 2000 pour se stabiliser 12 millions de tonnes et ceci grâce aux investissements réalisés sur les champs marginaux, rendus possibles par le cours élevé du baril.
Malgré l’espoir d’une remontée de la production, le Gabon veut ratisser large pour diversifier ses revenus. « Le Gabon n’a jamais principalement développé les infrastructures de gaz parce que nous étions essentiellement orientés vers la production d’huile », reconnaît volontiers le ministre du Pétrole. « Nous envisageons de développer une industrie de gaz pour le marché national dans un premier temps puis pour l’export », souligne M. Ngoubou.
Les ambitions gabonaises en matière d’industrialisation du secteur gazier semblent être légitimes. Ces dernières années, le Gabon a réalisé d’importantes découvertes de gaz.
« Total a trouvé du gaz en quantité acceptable. Shell a trouvé du gaz en énorme quantité. La compagnie italienne Eni a trouvé du gaz en énorme quantité et il y a une entreprise Gabonaise qu’on appelle Sum-oil qui a aussi trouvé du gaz en énorme quantité. Cela fait qu’aujourd’hui nous pouvons parler avec beaucoup d’assurance du marché national du gaz au Gabon », souligne le ministre.
« Nos recherches en la matière n’étaient pas poussées. Tous les efforts des compagnies étaient concentrés sur la production du pétrole d’où la méconnaissance de notre potentiel », explique Dieudonné Etienne Ngoubou, qui précise qu’à l’état actuel, la stratégie du Gabon est simple.
L’industrie gazière sera d’abord développée pour le marché national
Le Gabon veut notamment multiplier la construction des centrales électriques à gaz comme c’est déjà le cas à Libreville où le gaz produit au large de Port-Gentil (capitale économique) est acheminé par pipe-line vers deux usines à gaz déjà opérationnelles.
Port-Gentil, Gamba et Omboué au sud-ouest sont les trois autres villes gabonaises dont l’électricité est produite à base de gaz.
Dieudonné Etienne Ngoubou affirme également qu’une autre partie du gaz sera utilisée dans la production des engrais chiques par le groupe singapourien Olam qui construit actuellement à Port-Gentil un complexe pétrochimique.
Dans le passé, tout ce gaz était entièrement brûlé par des torchages
« C’est une très bonne chose pour le Gabon dont le pétrole représente 41% du PIB », s’est félicitée dans un entretien avec la presse la représentante de la Banque mondiale au Gabon, Zouera Youssoufou.
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