Modern Express : l’hébétude du gouvernement gabonais face à la présumée exportation de bois
Le Premier ministre, Daniel Ona Ondo, a échangé mardi dernier à Libreville avec le ministre en chargé de l’Economie, Régis Immongault, au sujet de l’affaire du bateau Modern Express battant pavillon panaméen pour faire la lumière sur ce dossier qui fait la une de l’actualité dans la presse française et les réseaux sociaux.
Au cours de cette rencontre, le membre du gouvernement était accompagné du directeur général des Douanes, Alain Ndjoubi Ossamy et du patron de Nécotrans Gabon, Geert Van Gansbeke. Selon le ministre Régis Immongault, ses services ont, après le déclenchement de cette affaire, immédiatement diligenté une enquête administrative à l’effet de déterminer la chaîne des responsabilités.
Les autorités gabonaises se disent surprises que depuis quelques jours, cette affaire fait les choux gras des réseaux sociaux, notamment les médias français, qui selon les responsables ministériels allèguent, qu’ils ont affirmé sans preuve aucune que le bateau Modern Express mis en cause transportait du bois sous forme de grumes en provenance du Gabon.
« Le navire battant pavillon panaméen dont il est question, a précisé le ministre de l’Economie, était en provenance d’un pays frère et ami de la sous-région de l’Afrique centrale ». De sources bien informées, ainsi que l’a précisé le membre du gouvernement, le port gabonais n’aurait été qu’un simple port de transit pour ce navire dont la cargaison embarquée était composée de bois tranché et de quelques engins lourds.
Selon la primature, les autorités gabonaises ont, outre l’enquête administrative diligentée par la direction générale des Douanes, saisi Interpol via le ministère de l’Intérieur à l’effet de l’ouverture d’une enquête à l’échelle internationale pour vérifier au moment du déchargement du navire, si le contenu du navire incriminé est bel et bien composé de bois sous formes de grumes en provenance du Gabon.
Le ministre Régis Immongault a rassuré l’opinion nationale et le Premier Ministre, que les autorités gabonaises vont suivre l’évolution d’un dossier qu’elles jugent plus que préoccupant au regard de la tournure prise par cette affaire, qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive, étant entendu que le Gabon a interdit, depuis 2010, l’exportation de bois sous forme de grumes. De son côté, le directeur général de Nécotrans Gabon qui a engagé sa responsabilité personnelle et celle de son entreprise au cours de cette rencontre, a affirmé que sa société a chargé à bord du navire mis en cause que du bois scié au Gabon.
Pour rappel des faits, le navire transporte 3 600 tonnes de bois. Un chargement qui a créé la polémique au Gabon, pays dans lequel il avait chargé sa cargaison. Car, depuis 2010, l’exportation du bois en grume, non transformé, est interdite par le président gabonais Ali Bongo Ondimba.
L’exportation de bois, qui représente pour le pays près de 45 000 emplois directs et indirects (la forêt couvre 80% du territoire), est strictement réglementée. L’exportation de kevazingo, une essence de bois précieux, est au cœur d’un scandale qui a éclaté en novembre 2015 : plusieurs fonctionnaires du pays sont soupçonnés d’un trafic de ce « bois sacré » avec la Chine. Mais également avec d’autres pays, européens notamment.
Attendu dans le port du Havre (Seine-Maritime), le Modern Express est arrivé à Bilbao (Espagne), mercredi 3 février 2016. L’opération de remorquage de l’imposant navire (164 mètres de long), qui était la dernière tentative avant un inévitable échouage sur les côtes françaises, est une réussite.
Mis à l’abri dans le port espagnol, le bateau doit désormais faire l’objet d’expertises, pour déterminer son état et les causes du sinistre. Le cargo, armé par le Sud-Coréen Cido et immatriculé au Panama, a soudainement penché à tribord, alors qu’il naviguait dans l’Atlantique, le 26 janvier.
Avec Ecofin.
@info241.com