FGIS : Le nouvel ADG accusé d’avoir bidouillé son CV et ses expériences professionnelles
La nomination de Persis Lionel Essono Ondo au poste d’administrateur directeur général (ADG) du Fonds gabonais d’investissements stratégiques (FGIS) suscite de vives controverses. Désigné lors du conseil des ministres du 19 décembre 2024, le promu qui a pris ses fonctions une semaine plus tard, se retrouve au cœur d’une tempête médiatique, accusé d’avoir falsifié son parcours professionnel pour accéder à ce poste stratégique. Ces révélations ont été faites ce mardi dans une livraison de la très informée Africa Intelligence, ex- Lettre du Continent.
Présenté comme un banquier d’affaires aguerri, Persis Lionel Essono Ondo aurait, selon son curriculum vitæ, occupé des postes prestigieux dans plusieurs institutions. Il affirme avoir commencé sa carrière à Natixis Capital Equity à Paris, avant de travailler pour Nexus Capital Market au Luxembourg, puis de co-fonder Racine Investment Bank (RIB) à Londres en 2020. Pourtant, plusieurs enquêtes révèlent des incohérences majeures. Natixis Capital Equity n’a jamais existé, tandis que Nexus Capital Market est introuvable dans les registres luxembourgeois. Quant à la RIB, elle affiche des actifs nets de seulement 75 000 FCFA soit 100 livres sterling en 2023, la rendant assimilable à une coquille vide.
Des activités bancaires fantômes
La seule trace notable de Racine Investment Bank réside dans la création d’une filiale en Côte d’Ivoire et une visite en 2022 auprès de l’ancien Premier ministre guinéen, Bernard Goumou, pour proposer un plan de mobilisation de fonds publics. Ces éléments alimentent le doute sur l’expérience réelle du nouvel ADG. Interrogé sur ces accusations, Essono Ondo s’est engagé à répondre « avec des preuves ».
L’une des rares missions conduites fin octobre 2022 par RIB
Au-delà des questions sur ses références bancaires, Persis Lionel Essono Ondo traîne un bagage politique qui alimente les soupçons. Ancien porte-parole de Jean Ping et proche du vice-président de l’assemblée nationale de la transition, il avait été exclu le 11 novembre 2024 pour avoir soutenu le « oui » au référendum constitutionnel voulu par le président Oligui Nguema. Cette rupture avec ses anciens alliés, couplée à sa nomination surprise, renforce l’idée d’un choix davantage politique que basé sur des compétences avérées.
Une nomination sous pression
À la tête d’un portefeuille d’actifs évalué à 300 milliards FCFA (500 millions de dollars), Essono Ondo est censé incarner la vision de réforme et de transparence promue par Oligui Nguema. Pourtant, ces révélations sur son CV pourraient ternir l’image du FGIS, pilier de la relance économique gabonaise. Cette situation fragilise également la confiance des investisseurs locaux et internationaux dans la gestion des fonds publics.
La très récente installation de l’ADG
Les critiques fusent déjà au sein des cercles financiers et politiques. Plusieurs voix s’élèvent pour exiger une vérification approfondie des qualifications d’Essono Ondo. Pour certains, cette nomination illustre un échec dans le processus de sélection des dirigeants, tandis que d’autres y voient un acte purement politique.
Un défi pour la crédibilité du gouvernement
Brice Clotaire Oligui Nguema, qui a fait de la réforme et de la transparence des institutions une priorité, voit son projet entaché par ces accusations. L’affaire Essono Ondo constitue un test pour la crédibilité des autorités de la transition et du gouvernement sur leur volonté de rompre avec les pratiques douteuses du passé.
En poste depuis le 26 décembre, Persis Lionel Essono Ondo devra rapidement fournir des preuves tangibles pour dissiper les doutes. Faute de quoi, sa position pourrait devenir intenable, menaçant non seulement son poste, mais aussi la réputation du FGIS et, par ricochet, celle du gouvernement de transition.
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