Jean Ping a officiellement déposé sa candidature à la présidentielle gabonaise
Le dossier de candidature de Jean Ping pour la présidentielle 2016 a été déposé ce vendredi à Libreville, au siège de la Commission électorale nationale autonome et permanente (CENAP). Il a par ailleurs été jugé complet par René Aboghe Ella, président de l’institution électorale. Pour ses proches, l’ancien président de la commission de l’Union africaine semble avoir déjoué tous les pièges du régime d’Ali Bongo.
Selon un proche de l’ancien président de la Commission de l’Union africaine, " Jean Ping a montré sur le plan national et aux yeux du monde, sa détermination et son engagement politique à se mettre au service du peuple gabonais, qui rêve d’une alternance à la tête de l’état après 50 ans d’un même régime Bongo-PDG". Tout en soulignant, "qu’il a bravé vents et marées pour y parvenir. Sans compter tous les écueils fomentés par Ali Bongo et son régime afin de le disqualifier de la course à la présidentielle d’août prochain".
Malgré l’optimisme affirmé du camp de Jean Ping explique un juriste gabonais ’’au regard de l’actualité politique gabonaise, du déménagement de la CENAP, du ministère de l’intérieur, du commandement de la police dans la même commune d’Akanda, au sein des mêmes locaux à Delta postale, et tous les travers constatés suite à sa candidature, quand bien même il faut savourer ce dépôt officiel, raison gardée, il convient d’attendre la validation officielle, sans aucun doute de la candidature de Jean Ping par cette même CENAP.’’ Qu’à cela ne tienne, il nous paraît opportun de brosser le parcours à l’image des 12 travaux d’hercule qui a conduit à cette avant dernière étape fatidique pour la présidentielle de 2016.
Le récépissé de dépôt déclaration de candidature
Le parcours politique
Pour le rappel des faits, dans le cadre d’une mini-primaire du Front, Jean Ping avait déposé le 4 janvier à Libreville au siège du Front uni de l’opposition pour l’alternance, principale coalition de l’opposition gabonaise, sa candidature en vue d’être désigné candidat unique de cette élection présidentielle. Même si, l’Union nationale et l’UPG, tendance Moukagni-Iwangou, avaient invalidé cette procédure de désignation.
A cette époque, quelques membres fondateurs du Front uni avaient refusé d’être sous le leadership de Jean Ping, nouveau-venu dans l’opposition. Simplement parce que l’ancien président de la Commission de l’Union africaine clamait l’importance de quadriller le terrain électoral. En se lançant dans la bataille, pendant que d’autres pairs opposants qui l’ont finalement suivi, des mois plus tard dans cette démarche prônèrent, la fameuse DTE (destitution, transition et élection) qui jusqu’à nos jours demeure dans les tiroirs des discours, sans effets concrets. A cause de l’absence de la Haute cour de justice que doit constituer selon les dispositions constitutionnelles, le président de la République.
Et durant ce moment, les opposants gabonais opposés à Jean Ping et de tout bord, se sont mis à se canarder en public par presse interposée. « Cette impitoyable guerre des chefs ferait les affaires du pouvoir », regrettèrent plusieurs universitaires, observateurs de la vie politique. Pendant ce temps, souligne un politologue gabonais, « le président gabonais Ali Bongo, visiblement en précampagne électorale, multipliait des sorties publiques très médiatisées avec les moyens de l’Etat. Il était devenu omnipotent et omniscient aussi bien dans la presse locale à sa solde qu’à l’international avec des rendez-vous mondiaux dont le Gabon n’en tire aucun bénéfice ».
Au même moment, Jean Ping s’était résolument engagé à occuper l’espace public avec l’entame critiquée jadis de sa tournée de prospection du Gabon profond. En effet, il a sillonné l’ensemble du territoire gabonais durant plusieurs mois à travers une tournée provinciale et une campagne de terrain. Dans le même cours, Jean Ping avait été désigné le 15 janvier à Libreville, candidat unique de l’opposition pour la présidentielle de 2016. Ce vote s’était fait après une audition au sortir de laquelle, il fût plébiscité à l’unanimité par les seize membres (sur 27) du Front uni de l’opposition pour l’alternance (FUOPA).
"Sur 27 partis et personnalités du Front, 16 avaient voté et tous les 16 ont choisi, ma personne", avait déclaré Jean Ping, quelques heures après le vote qui avait eu lieu au siège du Front dans le quartier de Glass à Libreville. Jean Ping avait officialisé sa candidature à l’investiture de l’opposition le 5 janvier 2016, prenant de court le rappel à l’ordre du président en exercice du Front, le Pr André Kombila Koumba.
Jean Ping avait poursuivi sa campagne d’explication de son projet de société et des changements qu’il promettait au peuple gabonais par sa tournée à l’intérieur du pays, durant laquelle il expliqua sa vision pour une alternance et un changement démocratique. Ainsi, lors du meeting de clôture de sa tournée provinciale dans l’Estuaire, Jean Ping avait décliné clairement son projet politique. En affirmant : « Je voudrais également formuler pour notre pays, les vœux d’espoir, d’alternance et de changement. L’année 2016 doit être celle où, à l’unisson nous instituons une Nouvelle République afin que les Gabonaises et les Gabonais puissent vivre désormais à l’abri de la peur et du besoin. »
Parlant de l’engouement populaire pour le changement des autorités politiques gabonaises à la tête de l’Etat, Jean Ping indiquait que, « cette mobilisation exceptionnelle des peuples de l’Estuaire en faveur de l’alternance démocratique tant attendue par les populations gabonaises depuis un demi-siècle, est, à n’en point douter, le témoignage vivant de votre foi inébranlable et votre attachement indéfectible à notre chère République Gabonaise qui est Une et Indivisible ! » Le challenger assuré pour la présidentielle de 2016 faisait remarquer aussi que ,« cette mobilisation exceptionnelle des populations gabonaises en faveur de l’alternance démocratique est assurément un camouflet et une mémorable défaite politique de cet Etat-PDG moribond, honni, rejeté, impopulaire et volontiers. »
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L’ancien président de la Commission de l’Union africaine, sûr de son background politique, et de son curriculum vitae, bondé de son expérience en tant que diplomate international, sans oublier son carnet d’adresses, avait affirmé et tenté de démontrer, au cours d’un point de presse que sa candidature faisait le poids pour chasser Ali Bongo du pouvoir. D’où il avait présenté son projet de société qui vise à mettre « le Gabon à l’abri de la peur et du besoin ». Tandis que, le président sortant de son côté avait rendue publique, son ambition de briguer un second septennat.
C’est en cela que Jean Ping a poursuivi son positionnement par la fédération autour de lui de plusieurs partis politiques et associations de l’opposition, dont le Parti gabonais du progrès (PGP), présidé pa l’ancien diplomate universitaire Pr. Benoît Mouity Nzamba, colistier des défunts leaders historiques de l’opposition gabonaise, frère aîné et cousin de Jean Ping, Maître Louis Agondjo Okawé et Joseph Rendjambe Issani. Mais aussi, de l’Alliance pour la Renaissance Nationale (ARENA) présidé par l’économiste statisticien Richard Moulomba Mombo, ancien technocrate secrétaire général de l’Union du Peuple Gabonais (UPG), fidèle dissident du défunt opposant historique Pierre Mamboundou.
Cette ascension politique jonchée d’embûches qui semble réussie a connu son épilogue hier Jeudi. En effet, Jean Ping, poursuivi en correctionnel par le président et le gouvernement gabonais a pu se libérer de cette rocambolesque affaire dite de cafards. Poursuivi pour diffamation présumée, le tribunal correctionnel de Libreville a finalement retenu, l’exception de l’inconstitutionnalité qui frappe Ali Bongo dans ce procès. La cour s’est donc ainsi dessaisie de l’affaire car le président de la République ne peut être ni poursuivi ni plaignant d’un tribunal ordinaire. Après les tapages et les menaces du ministre de la communication, porte-parole du gouvernement et du procureur de la république, l’absence inconstitutionnelle de la Haute cour de justice, orchestrée par le palais du Bord de mer les a rattrapé.
Slaves de réactions après la réception du dossier de Jean Ping par la CENAP
Aussitôt que Jean Ping a communiqué sur sa page Facebook, la conformité de son dossier de candidature à la présidentielle, reçu par la CENAP, plusieurs réactions partagées ont fusé sur la toile. Pour M. Boulingui, parlant du diplomate gabonais, « vous avez prouvé aux yeux des Gabonais votre détermination à devenir Président. Vous n’avez pas hésité de vous investir corps, âme et financièrement. Vous avez parcouru le Gabon mieux que tout autre candidat que je connaisse dans l’histoire de notre pays. Fort de cela, je vous accorde pleinement mon soutien. »
S’exprimant avec euphorie, Jean Bernard Issiga a affirmé « C’est ça le début de la victoire du peuple Gabonais avec vous Mr le Président » et Steve Kinga de dire, « Félicitations monsieur le Président Jean Ping, nous vous prions de préserver notre paix. Attention le Gabon n’est ni a toi ni à la famille Bongo et ni aux autres candidats mais il appartient au peuple gabonais. Vous avez dit que vous restaurerez l’état de droit, la bonne gouvernance, la limitation des mandats présidentiels, le partage équitable des richesses du pays à toute la nation gabonaise, l’éducation, la santé pour tous les gabonais, c’est en cela que nous vous soutenons »
D’autres sons de cloche pessimistes n’ont pas tardé, selon M. Nong, « En fait, Jean Ping s’est plié aux ’’nouvelles exigences’’ illégales de la CENAP, notamment la curieuse présence du certificat de nationalité au lieu de l’acte de naissance et la déclaration de non double nationalité, alors que la loi du code électoral ne l’exige pas.. Si ceux sont là, les pièces à fournir pour être candidat à la présidence gabonaise, considérez qu’Ali Bongo sera bien évidemment candidat, la CENAP validera son dossier malgré la contestation de la coalition des membres de l’opposition ».
Et comme il sera candidat, poursuit-t-il « et que ces élections seront organisées par ses hommes, naturellement tous acquis à sa cause et à la tête de toutes les institutions en charge de l’organisation des élections, considérez qu’il va réussir son énième passage en force. Jean-Ping n’aura donc fait que nous distraire en parlant d’acte de naissance d’Ali puisque finalement pour ne pas handicaper ce dernier, il accepte en déposant précipitamment son dossier de ne pas réclamer d’acte de naissance au candidat sortant. Vous qui criez bravo, vous serez malheureux très bientôt. Ping est suspect pour moi, désormais ».
Chose espérer que la présidentielle de 2016 qui s’annonce avec plusieurs rebondissements puissent pour une fois dans l’histoire du Gabon être organisée en respectant toutes les dispositions constitutionnelles. Il faut noter que la constitution, la loi organique et le code électoral sont déjà bafoués avec des nouveaux documents exigés par la CENAP. Et qu’à cette heure, le code de la communication en période électorale qui exige l’impartialité des médias publics, la probité des institutions dites républicaines en charge de l’organisation des élections sont sujets à débats. Affaire à suivre !
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