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Des Gabonais contraints à l’exil pour fuir les affres de la « justice » gabonaise

Des Gabonais contraints à l’exil pour fuir les affres de la « justice » gabonaise
Alfred Mabika Mouyama (haut gauche), Hervé Ndong Nguema (haut droit), Yves de Saint Fidèle Mapakou (bas gauche) et Franck Ping (bas droite) © 2017 D.R./Info241

La justice gabonaise est à la recherche de plusieurs de ses justiciables installés à l’étranger. C’est le sens de l’annonce faite jeudi à Libreville par le procureur de la République, Steeve Ndong Essame Ndong. Parmi ceux-ci : Franck Ping, Alfred Mabika Mouyama, Yves de Saint Fidèle Mapakou et le récent fugitif Hervé Ndong Nguema. Des présumés coupables qui à leur tour, dénoncent une justice « politique » quand elle n’est pas juste qualifiée de partiale. Analyse des tribulations internationales de la justice gabonaise.

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La justice gabonaise aurait-elle du mal à voir ses mandats s’appliquer ? Les accords internationaux que le Gabon a signé avec d’autres pays font-ils encore sens ? Une chose est sûre, devant la partialité, un Parquet politisé en lien avec le Palais du Bord de mer, souvent décriés de la justice gabonaise, celle-ci peine à être audible. Ses mandats d’arrêt internationaux décernés à des personnalités gabonaises établies à l’étranger se heurtent à sa réputation "à deux vitesses" décriée par les mis en cause.

L’étranger, pour s’affranchir de la justice gabonaise

Rappelons que suite à des "enquêtes" de la Direction générale de recherches (DGR), souvent qualifiée de police « politique » du régime, et du Parquet lui-même, le Gabon cherche toujours à mettre la main sur 4 de ses justiciables établis à l’étranger. Des justiciables qui ont très tôt compris qu’ils seraient plus en « sécurité judiciaire » à l’étranger que dans leur propre pays.

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Il s’agit chronologiquement de l’homme d’affaires et d’église Yves de Saint Fidèle Mapakou (France) poursuivi pour escroquerie dans l’affaire BR Sarl ; l’apporteur d’affaires et fils de l’opposant gabonais Jean Ping, Franck Ping (Côte d’Ivoire), poursuivi pour corruption active dans l’affaire Synohydro ; l’ancien président directeur général de la Poste et ministre, Alfred Mabika Mouyama (France), poursuivi pour détournement de fonds publics dans l’affaire Poste Bank ; et l’ancien chargé de mission de la présidence gabonaise et président de l’ONG Convergence, Hervé Ndong Nguema (Cameroun), accusé de proxénétisme, viols sur mineurs, agressions sexuelles...

Une pluie de mandats d’arrêt internationaux insolubles

De l’autre coté, les mandats d’arrêt internationaux peinent à se traduire en extradition devant les arguments développés par les mis en cause dans leur nouvelle terre d’asile. Ceux-ci dénoncent la partialité de la justice gabonaise ou encore le caractère politisé des charges qui pèseraient contre eux. Des arguments pris en compte par la justice de ces pays qui se doit d’analyser la demande gabonaise. Depuis, celle-ci n’est que peu entendue en raison notamment du droit d’asile dont se réclament ces prévenus. Un droit reconnu internationalement lui-aussi.

Il faudra donc encore aux tribunaux gabonais, cultiver l’attente avant de pouvoir mettre le grappin sur ses concitoyens qui semblent avoir compris comment se protéger des affres de cette justice décriée comme à deux vitesses. Une qui laisse courir les grands délinquants financiers amis du régime et qui se révèle sans pitié pour toute personne tombée en disgrâce auprès de ce même régime.

La justice gabonaise victime de sa réputation

Pourtant au Gabon, il existe une séparation de pouvoirs entre celui exécutif et judiciaire. Cela n’a pas empêché le Premier ministre de lancer dernièrement et officiellement une opération judiciaire de grande ampleur dénommée "opération Mamba", censée traquer tous les délinquants financiers ayant mis la main sur des derniers publics.

On le voit, la justice gabonaise manque de respectabilité tant au Gabon et qu’à l’international. Ces justiciables décident de se soustraire à elle en prenant la poudre d’escampette ou en s’opposant à elle en demandant l’asile politique. Une situation qui met la justice face à ses responsabilités mais aussi à son imbrication politique.

Car comme le souligne un professeur de droit de l’UOB : « Mieux vaut une justice perfectible à tout point de vue qu’une justice politisée. Car au Gabon depuis l’ère présidentielle d’Ali Bongo Ondimba, la Justice gabonaise s’est muée à une arme d’attaque, de dissuasion de ceux qui s’opposent au système Bongo-PDG. Or, a-t-il martelé, la justice est scrupuleusement rendue au nom du peuple gabonais par la Cour Constitutionnelle, la Cour de Cassation, le Conseil d’Etat, la Cour des Comptes, les Cours d’Appel, les Tribunaux, la Haute Cour de Justice et les autres juridictions d’exception. La justice est une autorité indépendante du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif. Ce qui n’est pas le cas présentement au Gabon. »

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Des justiciables libres de leurs mouvements

Bien que des lenteurs administratives et judiciaires se greffent au manque de célérité des justices sollicitées, la justice gabonaise manque cruellement de crédibilité. Sinon comment comprendre que des procédures intentées par le Gabon dans ces pays dont la France, devenu avec le temps le refuge de plusieurs gabonais, soient toujours au point mort. Une justice qui, selon les mis en cause, tenterait de mettre hors d’état de nuire les anciens collaborateurs du régime tombés en disgrâce malgré eux.

Une autre chose est sure, les futurs pensionnaires de "sans famille" déclinent l’invitation d’y séjourner. Ils risquent malheureusement, malgré la gravité des charges qui pensent sur eux, de n’avoir pas grand mal à faire tourner en bourrique une justice gabonaise malade de ses propres turpitudes.

@info241.com
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