Candidature unique de l’opposition gabonaise : De la folie des grandeurs au naufrage collectif
Dans une brillante analyse postée sur les réseaux sociaux, le citoyen gabonais Germain Ndouna pointe le manque de réalisme du « personnel politique se réclamant de l’opposition » en vue de parvenir à une candidature unique pour la présidentielle gabonaise de 2016. Il déplore la prévalence de menus candidats de l’opposition dont « l’aura ne dépasse guère le cercle familial, la tribu ou le parti ». Les invitant à la sagesse et d’ainsi surseoir leurs ambitions le temps de parvenir à la libération du pays des griffes politiques du PDG. Nous vous livrons in extenso, l’intégralité de cette analyse qui ne manquera pas de faire réfléchir plus d’un.
Dans la psychanalyse freudienne, respecter le principe de réalité « consiste à prendre en compte les exigences du monde réel et les conséquences de ses actes ». Ce principe désigne avant tout « la possibilité de s’extraire de l’hallucination, du rêve » et des pulsions. (Cf. Wikipedia). Il suppose donc la prise de conscience des limites personnelles.
Mais tous les entrepreneurs politiques gabonais sont-ils seulement capables d’une telle prise de conscience ? Le foisonnement de prétendants à la magistrature suprême au Gabon tendrait malheureusement à prouver le contraire.
Au vu du contexte politique extraordinairement délicat qui prévaut actuellement et au vu de l’enjeu majeur que la prochaine élection présidentielle constitue pour le devenir du pays, le commun des Gabonais pour qui chasser les Bongo et le PDG du pouvoir est la mère des priorités était pourtant en droit d’espérer plus de clairvoyance et de réalisme de son personnel politique se réclamant de l’opposition.
Même dans l’hypothèse où Ali Bongo ne serait pas candidat à sa propre succession, emporter la victoire face au PDG et présider aux destinées du Gabon dans la foulée de l’élection présidentielle dans une période transitoire pleine d’incertitudes en tous genres est-il objectivement à la portée de tout le monde ? Il est pourtant évident que non.
Dès lors, de quelle objectivité peut se prévaloir un candidat déclaré ou ambitionnant de l’être dont le soutien politique reste invariablement confidentiel ou dont l’aura ne dépasse guère le cercle familial, la tribu ou le parti ?
Qu’il est dommage de constater que les opposants gabonais ne retiennent pas les leçons des processus politiques ayant cours dans les autres pays africains.
Que les dernières élections présidentielles tenues en Afrique aient presque toutes été emportées par d’anciens apparatchiks des pouvoirs déchus n’est pas le fruit du hasard. C’est la démonstration de la maturité des citoyens, de la classe politique et de la société civile des pays concernés qui ne se sont pas trompés de priorités.
Si de nombreux Gabonais penchent en faveur de Jean Ping, ce n’est pas tant parce que c’est un homme providentiel. Ce n’est pas tant parce qu’il serait irréprochable.
C’est par réalisme qu’ils estiment que dans le contexte actuel Jean Ping est l’homme qui réunit comparativement le plus d’atouts pour être leur porte-étendard dans la bataille « finale » qu’ils s’apprêtent à livrer contre les Bongo-PDG et qui donne le plus de gages de succès. Il sera toujours temps de manifester ses ambitions personnelles une fois la libération acquise.
Entrer en lice en août 2016 en étant conscient de ses limites n’est pas seulement une faute politique. C’est un acte de trahison envers le peuple et la patrie.
*Titre originel du post : « De la folie des grandeurs au naufrage collectif. Le principe de réalité est-il étranger aux Gabonais ? »
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