Tribune Libre

Alfred Mabika dénonce l’instrumentalisation de la justice gabonaise à des fins politiques

Alfred Mabika dénonce l’instrumentalisation de la justice gabonaise à des fins politiques
Alfred Mabika dénonce l’instrumentalisation de la justice gabonaise à des fins politiques © 2017 D.R./Info241

L’ancien P-DG de La Poste gabonaise, Alfred Mabika-Mouyama à l’encontre duquel le procureur de la République, Steeve Ndong Essame Ndong a lancé un mandat d’arrêt international pour malversations financières dans le cadre de l’opération ’’Mamba’’, livre dans cette tribune libre sa part de vérité sur cette poursuite judiciaire. Le natif de Mouila dénonce l’instrumentalisation des médias publics par l’entremise du ministre de la Communication-porte parole du gouvernement, Alain-Claude Bilie Ny Nzé et du Parquet de Libreville à des fins politiques. Tout en évoquant les faits qui fondent sa méfiance totale en la justice de son pays.

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J’ai appris par la presse et les réseaux sociaux qu’un mandat d’arrêt international venait d’être émis à mon encontre. Ainsi, après s’être servi des médias pour répandre mensonges et calomnies sur ma personne et sur ma gestion de La Poste, on voudrait à présent se servir d’une justice sur mesure pour m’empêcher de continuer à dire la vérité.

En thuriféraires du pouvoir, Monsieur Bilié By Nze, ses commettants et exécutants veulent se draper du manteau de la justice, pour en réalité régler leurs comptes politiques via l’appareil judiciaire. Or, à propos de notre appareil judiciaire national, je me suis déjà prononcé en indiquant que je ne lui fais pas confiance. J’ai vécu, comme de nombreux gabonais, des situations personnelles qui confortent cette défiance.

Justice à deux vitesses : une Cour constitutionnelle aux ordres du Palais présidentiel

A titre d’exemple, j’ai souvenance d’interventions surréalistes et de pressions que j’ai subies du pouvoir dans un dossier de recours judiciaire à l’occasion de l’élection municipale de 2013 à Mouila et dont Monsieur Bilié By Nze était un des témoins actifs. En effet, sous la menace du pouvoir, j’avais été contraint de retirer un recours en annulation de l’élection municipale que j’avais introduit auprès de la Cour Constitutionnelle.

Ledit recours visait une élue locale du PSD qui détenait en même temps un mandat de député à l’Assemblée Nationale et était susceptible de conduire au prononcé de son inéligibilité. Du simple fait que le Gabon ne voulait pas paraître comme un pays ayant une Assemblée Nationale monocolore, sans groupe parlementaire de l’opposition, je fus sommé par Monsieur Pacôme Moubelet et la Cour Constitutionnelle, intervenant pour le compte du pouvoir, de rédiger un acte de retrait de mon action qui était pourtant juridiquement fondée. Cela dans le but de favoriser l’élue locale-député du PSD, afin de satisfaire le pouvoir.

Dans cette situation de déni de droit et de justice, à laquelle j’ai longuement refusé de me plier, Monsieur Bilié By Nze était témoin et intervenant. Je peux donner plus de détails sur cette affaire, ses implications et ses conséquences. Je la raconte d’ailleurs en détails dans mon livre Du Cœur à l’ouvrage. Elle suffit pour me donner des raisons de ne pas croire à une justice gabonaise indépendante et qui ne soit pas instrumentalisée.

Dans un pays de justice, il est inimaginable que le requérant que j’étais pût être mis au courant par avance de la décision de la justice face à mon action au point où cette dernière elle-même me demande de retirer mon recours pour permettre qu’elle rende une décision différente qui soit favorable aux calculs et attentes du pouvoir. Comment, Monsieur Bilié By Nze ayant été témoin actif de tout cela peut-il lui aujourd’hui me demander de me remettre à la justice gabonaise pour rétablir la vérité dans l’affaire de La Poste ?

Une justice aphone : ni audition ni enquête contre Issoze-Ngondet et sur la responsabilité de l’Etat

Par ailleurs, comme deuxième exemple, en 2011 j’avais saisi la justice gabonaise pour contester la régularité et la légalité du protocole d’accord qu’avait signé, à l’insu de La Poste, le ministre du budget de l’époque, Monsieur Emmanuel Issoze-Ngondet, avec la société Internet-Gabon et qui a permis le détournement des subventions de La Poste. Cette dernière est restée aphone.

Enfin comme troisième exemple, j’apporte dans mon livre la preuve de plaintes que j’ai déposées depuis plusieurs mois contre des journaux du pouvoir (Le Douk-Douk, La Griffe, et le Nganga), au sujet de nombre d’articles diffamatoires et mensongers publiés sur moi dans cette affaire de La Poste. Ces plaintes n’ont jusqu’à présent pas connues de suites. Visiblement elles n’intéressent pas la justice gabonaise ! Et la même justice, en quelques semaines, semble pourtant prompte à me ’’clouer au pilori’’ !!!

Je peux ainsi multiplier les exemples à souhait… Au regard de tout cela, comment voulez-vous que je puisse avoir confiance en la justice de mon pays ? Et lorsqu’on me convoque moi, pourquoi ne convoque-t-on pas Monsieur Issoze-Ngondet ? Pourquoi aucune enquête n’est ouverte à l’encontre de l’Etat et de ses acteurs que j’accuse avec détails et preuves dans mon livre ? On donne là une image déplorable de la justice dans notre pays.

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En réalité ce mandat d’arrêt international est l’aboutissement d’une volonté d’élimination politique et sociale de ma personne en se servant de la justice comme instrument parce qu’elle est détenue par un pouvoir qui en use comme il l’entend. Pourquoi autant d’acharnement ? C’est là une question que se pose de nombreux gabonais !

Seuls les auteurs connaissent exactement les raisons pour lesquelles ils s’acharnent sur moi. Je peux simplement deviner, au regard de la violence des coups qui me sont portés et des nombreux actes de nuisance perpétrés à mon endroit, qu’il pourrait s’agir d’un problème d’égos, d’antagonismes personnels. Visiblement certaines personnes voudraient me faire payer les mauvais choix qu’elles ont faits dans leurs vies, leurs échecs politiques personnels, ce afin d’assouvir leurs ambitions politiques futures.

Les gabonais étaient prêts à retenir une chose de mon passage à La Poste : « c’est l’homme qui a redressé La Poste et a créé la banque postale ». Cela ne faisait pas plaisir à tous les politiques ! Il fallait tout anéantir, détruire ma réputation, me salir et nuire à cette image de réussite.

Par ailleurs, sans doute une rancœur persiste chez certains du fait qu’on ait trouvé dans les archives de feu André Mba Obame mon nom annexé à la fonction de potentiel Premier Ministre. On me reproche par ailleurs de ne pas avoir participé à la campagne présidentielle de 2016.

On me poursuit donc pour des raisons politiques et on fomente des motifs judiciaires en inventant des malversations financières. Au fond, la crise de La Poste met sur scène les passions, les querelles personnelles, la peur de l’autre, les luttes de pouvoir. La vérité fuit le terrain, le débat étant politique.
Alfred Mabika-Mouyama

@info241.com
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