Mission de la CPI au Gabon

Pour Bilie-By Nzé aucun crime commis ne pourra déloger Ali Bongo du pouvoir au Gabon

 Pour Bilie-By Nzé aucun crime commis ne pourra déloger Ali Bongo du pouvoir au Gabon
Une des scènes d’un meurtre commis à Libreville par la garde républicaine © 2017 D.R./Info241

La crise post-électorale suite à la contestation de l’élection d’Ali Bongo prend un autre tournant ce mardi 20 juin avec l’arrivée d’une mission de la Cour pénale internationale (CPI) au Gabon. En effet, trois experts de la CPI séjourneront à Libreville jusqu’au 22 juin dans le cadre d’un examen préliminaire pour recomposer les faits qui concourent aux crimes contre l’humanité perpétués après l’annonce des résultats de la présidentielle du 27 août 2016. Interrogé par RFI, le ministre le Communication, porte-parole du gouvernement a laissé entendre que malgré le présumé crime contre l’humanité commis au Gabon « personne ne peut destituer Ali Bongo »

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L’arrivée de la Cour pénale internationale (CPI) au Gabon serait-t-elle juste une procédure de façade selon le gouvernement d’Ali Bongo ? Est-ce une mission déterminante qui pourrait permettre au Gabon de faire parler la justice ? En effet, par l’entremise des trois analystes, à partir de ce mardi 20 juin un collège la CPI sera en mission d’inspection au Gabon, dans le cadre d’un examen préliminaire. Interrogé par nos confrères de RFI, Alain Claude Bilie-By Nzé a déclaré ce qui suit : « chacun reçoit aujourd’hui cette arrivée des fonctionnaires de la CPI, comme si le Gabon était sous tutelle. La CPI est aujourd’hui entre toutes les bouches, mais la CPI ne vient attraper personne. Il y a personne aujourd’hui qui va aller en prison parce que la CPI est arrivé. Donc il faut savoir raison gardée sur ce plan ».

Poursuivant ses explications : le porte-parole du gouvernement d’Ali bongo en justicier s’est fendu en ces termes :« La seconde chose, je vous dis qu’Ali Bongo est président de la république, il a été élu, il a prêté serment. Tout en insistant, il y a personne, il y a personne qui peut le destituer, il y a personne. Ceux qui attendent que quelqu’un à l’étranger proclame que c’est un tel qui a gagné c’est fini. Ca n’existe pas. La position du président Ali Bongo n’est pas impactée par l’arrivée au Gabon de deux fonctionnaires de la CPI. Pas du tout. Ce d’autant plus qu’il n’y a pas eu de la part d’Ali Bongo et de ses partisans crime ou génocide commis au Gabon ».

Le porte-parole du gouvernement se positionne-t-il en justicier en lieu et place de la Cour pénale internationale ? Est-ce un bras de fer que le régime d’Ali Bongo exprime face à la communauté internationale qui prône le respect des votes démocratiques dans tous les pays membres de l’ONU ? Interrogé par Info241, un analyste politique gabonais interloqué par la sortie publique du ministre de la communication s’est exprimé en ces termes :« Est-ce faut-t-il entendre par cette déclaration d’Alain Claude Bilie-By Nzé que même si les crimes présumés contre l’humanité étaient prouvés avec comme auteurs Ali Bongo et son régime, qu’ils useront de tous les moyens militaires pour préserver le fauteuil présidentiel ? A y voir de près, Ali Bongo n’a pas l’intention d’entendre raison et de laisser exprimer le respect du suffrage universel gabonais ».

Il faut préciser que cette procédure a été lancée premièrement à la demande de l’Etat gabonais, appuyée par un dossier déposé en 2016, après la répression militaire violente suite à la crise post-électorale qui a secoué le pays en août-septembre 2016 après l’élection présidentielle. Ali Bongo et Jean Ping se jette la responsabilité. Le but visé par la CPI est de rétablir les faits avérés qui ont suivi la contestation citoyenne de la réélection controversée d’Ali Bongo. Il s’agit dès lors, de se faire une meilleure idée de la situation et établir des contacts avec les protagonistes. Il faut relever un fait patent, le QG de Jean Ping, challenger d’Ali Bongo à la dernière élection présidentielle du 27 août a été bombardé à l’arme lourde.

Dans ce siège s’y trouvaient des Gabonais et Gabonaises venus célébrer comme partout ailleurs, la victoire de leur candidat qui était donné vainqueur selon les tendances officielles. Le 27 aout 2016, les gabonais se sont massivement rendus dans les urnes pour élire le président de la République. Au terme du scrutin présidentiel une grossière manipulation du résultat final du vote dans la province du Haut-Ogooué avec la complicité malveillante de la Commission Electorale Autonome et Permanente(CENAP), du Ministère de l’Intérieur et de la Cour Constitutionnelle.

Alors que 8 provinces sur 9 avaient publié leurs résultats définitifs donnant Jean Ping, candidat unique de l’opposition vainqueur avec environ 60 % des suffrages exprimés, le 31 aout 2016, la CENAP et le Ministère de l’intérieur sur la base de procès-verbaux frauduleux et de corruption d’agents électoraux de l’opposition, Ali a été proclamé vainqueur de la présidentielle avec un score de 98,63 % dans la province du Haut-Ogooué et un taux de participation de 95% . Ce résultat à la soviétique, fabriqué de toutes pièces a jeté un discrédit sur le processus électoral dans son ensemble. Ce constat a été également établi par la Mission d’observation de l’Union Européenne qui a déployé 70 observateurs internationaux pour suivre le déroulement de ladite élection.

Selon Georges Mpaga, président du Réseau des organisations libres de la société civile pour la bonne gouvernance au Gabon (ROLBG) qui a également déposé un dossier à la CPI contre le régime d’Ali Bongo,« les attentes sont nombreuses, il faut que la justice se fasse au nom de la lutte contre l’impunité, que les exactions et les crimes soient reconnus ». Le dossier déposé par Jean Ping est gardé confidentiel. Son avocat, Emmanuel Altit évoque plusieurs mois d’enquête, de dizaines d’attestations recueillies. L’avocat de Jean Ping décrit un dossier solide et accablant pour Ali Bongo et ses colistiers, avec des preuves confondantes, prouvant l’existence d’un crime contre l’humanité. Selon lui, les responsables seraient dans la chaîne de commandement, jusqu’au plus haut niveau. Affaire à suivre.

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