Face à d’énièmes impayés, la Banque mondiale coupe une nouvelle fois les vivres au Gabon
Pour la deuxième fois sous l’ère de la transition, la Banque mondiale a suspendu ses financements au Gabon en raison d’impayés, c’est ce que révèle ce lundi Africa Intelligence. Cette décision, prise en amont du sommet extraordinaire de la Cemac à Yaoundé le 16 décembre, met en lumière les difficultés persistantes de Libreville à stabiliser ses finances publiques. Un nouveau camouflet aux autorités de la transition signé par l’institution de Bretton Woods pour non-respect de ses engagements financiers.
Déjà en juin 2024, lors de la première suspension, le gouvernement gabonais avait justifié les retards de paiement par un « aléa technique », avant de régulariser rapidement la situation. Cependant, ce nouvel épisode illustre une aggravation des tensions de trésorerie, à tel point que Libreville n’a cette fois pas été en mesure de redresser la barre. L’accumulation des impayés reflète une gestion budgétaire fragilisée, à un moment où le Gabon peine à répondre aux exigences de ses créanciers.
Le sujet a été évoqué lors du sommet de la Cemac, où Abebe Aemro Selassie, directeur Afrique du FMI, a insisté sur la vulnérabilité de la dette gabonaise. Ses remarques ont visiblement agacé le président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, qui, selon des sources proches du dossier, reprocherait à son ministre de l’Économie, Mays Mouissi, une gestion approximative de la dette publique et des rentrées fiscales. Ces tensions internes au sommet de l’État traduisent les défis auxquels le gouvernement est confronté pour maintenir la stabilité économique.
Cette suspension pourrait avoir des conséquences graves sur les projets financés par la Banque mondiale au Gabon, notamment dans les secteurs de l’éducation, des infrastructures et de la santé. En paralysant ces décaissements, l’institution met en danger plusieurs programmes de développement cruciaux pour la population gabonaise, déjà touchée par une conjoncture économique difficile.
Le manque de ressources budgétaires compromet également les réformes promises pour assainir les finances publiques. La situation est d’autant plus critique que les partenaires internationaux, comme le FMI et la Banque mondiale, s’attendent à des efforts accrus en matière de transparence et de gestion des fonds publics, notamment après le coup d’État d’août 2023. Le Gabon est aujourd’hui confronté à une perte de confiance croissante de la communauté financière internationale.
En parallèle, cette suspension met en lumière les défis structurels de l’économie gabonaise. Avec une dépendance marquée aux revenus pétroliers, le pays peine à diversifier ses sources de financement. Les retards de paiement aux partenaires internationaux témoignent des difficultés à générer des recettes suffisantes pour couvrir à la fois les besoins internes et les engagements extérieurs.
À l’aube de 2025, le Gabon se retrouve dans une situation délicate. Pour sortir de l’impasse, le gouvernement devra engager des réformes profondes, améliorer la mobilisation des recettes fiscales et restaurer la confiance des partenaires financiers. Faute de quoi, les suspensions de financements pourraient se multiplier, aggravant davantage les défis économiques et sociaux auxquels le pays est confronté.
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