Grèves à répétitions de l’UOB : la jeunesse estudiantine gabonaise est-elle sacrée ou sacrifiée ?
L’actualité de l’université Omar Bongo de Libreville, est-elle condamnée à nous offrir la même rengaine thématique ? C’est du moins, ce que l’on observe régulièrement dans les médias nationaux qui remplissent leurs plus belles pages des péripéties saisonnières de ces mouvements d’humeur.
Depuis quelques jours encore dirait-on, le plus ancien des "temples du savoir" universitaire gabonais nous ressert son sempiternel spectacle avec en toile de fond les allocations de bourses, problèmes que les différents gouvernements depuis 1990, ont failli par leur incapacité à empêcher leurs répétitions.
Cette énième saison des turpitudes revendicatives de l’UOB, est montée hier d’un cran, où étudiants et forces de l’ordre ont perpétré des destructions massives sur les installations universitaires. Info241 a recueilli et glané pour vous les premières impressions sur ce sujet important qui touche profondément la relève de toute une nation : sa jeunesse étudiante .
Curieusement, relève un étudiant interrogé mercredi sur le site de l’UOB, fuyant les bombes lacrymogènes tout en lançant des projectiles aux gendarmes mobilisés, « cette situation rocambolesque ressemble a un sacrifice de la jeunesse étudiante gabonaise dite ‘’sacrée’’, expression consacrée par le feu président Omar Bongo et dont les certains politiciens gabonais, arguent uniquement pour des fins électoralistes. Ces manœuvres sacrificielles sont consenties et perpétrées aisément par chaque autorité rectorale et gouvernementale en place depuis l’installation du système PDG au pouvoir ».
[caption id="attachment_1310" align="alignleft" width="640"] Les traditionnels pneus consumés des barricades[/caption]
Car, s’interroge un autre étudiant, « comment comprendre qu’il s’agit toujours d’années en années des mêmes revendications parmi lesquelles le récursif paiement des allocations d’études (bourses), harmonisation du système LMD, construction des latrines (toilettes-WC), installation d’un réseau wifi public, exclusion abusive d’étudiants. Nous pensons que la jeunesse gabonaise étudiante est sacrifiée et expressément affaiblie. Car les enfants des hommes au pouvoir ne sont pas formés ici à l’UOB. Tout est conçu pour que cette noble institution qui a formé la majeure partie des cadres gabonais, tombe en ruine aussi bien dans les valeurs que sur le fonctionnement académique. »
Une situation aux solutions éphémères
Selon le porte parole des étudiants de la ligue estudiantine des droits de l’homme, « toutes les promotions d’étudiants passées par l’UOB ont tous connu un mouvement de grève qui s’accompagne toujours des affrontements violents entres les étudiants grévistes et ce que nous appelons dans notre jargon ‘’les ennemis’’, les forces de l’ordre de gendarmerie nationale. Et l’actuel premier ministre du gouvernement a déjà fait les frais, lorsqu’il était recteur. C’est dire qu’ils connaissent tous les réalités et difficultés de l’étudiant gabonais. C’est du jamais vu au monde, des forces de l’ordre qui viennent chaque année mater les étudiants jusqu’au sein des campus universitaires du fait de la revendication uniquement de leurs droits »
Depuis déjà plus d’une semaine, un théâtre d’instabilité généralisée règne au sein du « temple du savoir ». L’escalade du mouvement d’humeur a atteint son apogée depuis le lundi 17 mars dernier. Et s’est progressivement accentué ce mercredi à en croire les images de casses au sein même des campus et résidences universitaires étudiantes et des brûlures de poubelles et pneus en bordure de route.
La répétition paradoxale
A en croire, un professeur interrogé, « tous ces incidents répétitifs constituent paradoxalement et intolérablement un état naturel pour tous les gouvernements en place depuis l’ère Bongo. Et à chaque fois, ce sont les mêmes revendications logiques et basiques qui sont pointées par les étudiants grévistes, entre autres, paiement de bourses. L’appareil institutionnel de l’UOB est chaque année ankylosé par ces habituels mouvements de grèves. Le 19 mars dernier encore le théâtre fût le même, échanges de projectiles et gaz lacrymogènes entre étudiants et gendarmes. L’image des étudiants et généralement de notre institution est, chaque année éclaboussée ».
Rappelons que l’assemblée générale (AG), des étudiants de l’université Omar Bongo conduite par la « Ligue estudiantine des droits de l’Homme », tenue le 17 mars dernier avait égrainé les revendications de cette jeunesse estudiantine. On peut citer, « le paiement intégral des bourses d’études, l’arbitraire décision d’exclusion des 34 étudiants de la faculté des droits et des sciences économiques, le rétablissement des franchises universitaires levées depuis 2012, la réfection de la bibliothèque universitaire, le déploiement du wifi sur le campus et le remboursement des frais de scolarité conformément à l’article 32 du décret portant attribution des bourses au Gabon ».
Tout prête à croire que la jeunesse estudiantine gabonaise est donnée en sacrifice à l’autel de chaque gouvernement, pour quels bénéfices ? Certains étudiants ont clairement pointé cette réalité sociale, « les hommes politiques veulent nous sacrifier pour que leurs progénitures, formées à l’étranger ,viennent reprendre leurs places au moment où ils seront retraités, et plusieurs exemples au sein de la classe politique gabonaise font légion dans le pays. » Un regain de patriotisme (réaliste) est plus qu’urgent pour les hommes politiques aux manettes, car un pays qui ambitionne à être émergent en 2025, doit absolument miser sur la qualité de sa formation universitaire et les compétences novatrices développées par sa jeunesse. Il suffit juste de jeter un regard vers les pays tels que le Brésil ou l’Inde pour s’en convaincre.
I241/HAMN/2014.
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