Portrait

Marc-Saturnin Nan Nguéma, le destin contrarié d’un digne fils du Gabon

Marc-Saturnin Nan Nguéma, le destin contrarié d’un digne fils du Gabon
Marc-Saturnin Nan Nguéma, le destin contrarié d’un digne fils du Gabon © 2020 D.R./Info241

Bien avant les indépendances, un nombre non-négligeable d’étudiants gabonais firent leurs formations dans les universités et grandes écoles de France mais pas que. D’autres étant multi-diplômés. Opposés pour la quasi-totalité aux manœuvres et tractations politiques des dirigeants de leurs pays, ils vont militer au sein d’associations et mouvements anti-néocolonialistes pour dénoncer les dérives et pratiques visant à perpétuer l’inféodation du Gabon à l’autorité coloniale française. Rentrés au pays, certains continueront le combat sur place et d’autres, choisiront de prendre leurs « distances » avec le pouvoir. C’est ainsi qu’ils bâtiront leur notoriété à l’international et dans de grandes firmes occidentales. Avec l’avènement du multipartisme en 1990, ils participeront activement à la vie politique avec bravoure et droiture sans atermoiements : Marc-Saturnin Nan Nguéma (1934-2012) était l’un d’entre eux.

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 Présentation générale du protagoniste

Marc-Saturnin Nan Nguéma est venu au monde le 13 avril 1934 dans la vile de Lambaréné, chef-lieu provincial et administratif du Moyen-Ogooué. Son père était Fang faisant partie de l’importantissime groupe ethnique bantou du Gabon de par la population le constituant et de par ses innombrables intellectuels. Mais il s’établit plus tard dans la ville de Port-Gentil, semant souvent la confusion dans l’esprit de bon nombre de gabonais qui pensait qu’il était originaire de la capitale économique du pays ; il a été paroissien à l’église catholique Saint-Louis et a grandi dans la pure éducation catholique, chose commune à l’époque.

C’est d’ailleurs dans cette cité pétrolifère qu’il laissa une marque indélébile de son passage sur terre. Très tôt, il a convolé en nuit de noces avec une femme prénommée Eliane qui l’aura accompagnée tout au long de sa vie, malgré les turpitudes dont il fera l’objet et les malencontreuses aventures politiques qu’il connaîtra. Dame Eliane Nan Nguéma sera le pilier qui soutiendra l’existence de cet illustre homme politique et économiste de renom.

Il a eu quatre enfants notamment Abyale Nan Nguéma, Wen Nan Nguéma, Stan Nan Nguéma et l’aîné de tous, une fille du nom de Sandrine Bessora Nan Nguéma, romancière et nouvelliste assez connue en occident qu’il eût quand il était étudiant en France avec une jouvencelle suisse. Nan Nguéma fut aussi le parrain politique et le chérubin de Gabriel Tchango, actuel locataire de l’hôtel de ville de Port-Gentil. C’est Marc-Saturnin Nan Nguéma qui aurait fait intégrer sieur Tchango dans les effectifs de Elf Gabon au courant des années 1980.

Nan Nguéma serait aussi l’idéologue de la réussite sociale et sociétale de ce dernier. On en veut pour preuve de cette relation fusionnelle, l’octroi du nom « Nan Nguéma » à l’un des fils de Gabriel Tchango qui est identifié à l’état civil comme étant « Marc Logan Tchango Nan Nguéma ». Nan Nguéma était un féru de sport de combat précisément le karaté, discipline dans laquelle il possédait une ceinture noire 7ème Dan, et était membre de la Japan Karate Association traduit littéralement par Association Japonaise de Karaté. Diplômé de l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) en France, il assistait souvent aux différents évènements organisés par celle-ci pour célébrer ses anciens lauréats.

 Parcours scolaire

Comme beaucoup de parents africains de la période précoloniale, l’idéal pour un enfant était qu’il fasse des études pour embrasser plus tard une carrière administrative, lucrative et stable. C’est ce choix qui a été au centre des disputes entre les parents maternels et paternels du jeune Nan Nguéma. Bien qu’il ait réussi avec brio sa formation d’enseignement primaire en obtenant son Certificat d’Etudes Primaires Elémentaires (CEPE), certains de ses consanguins voulaient qu’il intègre le clergé catholique mais d’autres prônèrent des études plus réalistes pour qu’il soit un commis d’Etat subvenant aux besoins des siens et non un homme d’église annonçant l’évangile loin de sa famille et à travers le pays et/ou au-delà.

Finalement, Marc-Saturnin Nan Nguéma intègrera le collège Félix Eboué et non le petit séminaire des 3 épis à Sindara. Direction Brazzaville pour le petit Marc-Saturnin. Plus tard, il s’envole pour la France pour continuer ses études secondaires ; Nan Nguéma avait toujours entretenu le rêve d’être un jour gouverneur de province et avait pour inspiration de réussite le très craint et respecté homme politique franco-gabonais, Jean-Hilaire Aubame.

Arrivé en hexagone, il est admis au Lycée Louis Legrand en région parisienne. En ces temps, le Gabon, comme tous les territoires français d’Afrique, appartenait à l’empire français et les populations autochtones surtout celles qui formaient l’élite indigène de l’époque ne bénéficiaient pas de facto de la nationalité française. C’est au sortir de la Seconde Grande Guerre que l’Union Française est créée, abolissant l’indigénat dans les colonies au profit de l’octroi de la citoyenneté française.

C’est donc en tant que citoyen français que Marc-Saturnin Nan Nguéma reçoit les enseignements académiques de circonstance tels que ceux reçus par ses « compatriotes » de l’hexagone. Il s’intéresse à l’économie et c’est sans encombre qu’il finit parmi les détenteurs du très prestigieux « doctorat d’état » en économie. Mais Nan Nguéma est un amoureux du savoir et veut pluraliser ses compétences dans d’autres domaines. Déjà docteur en économie, il opte pour une formation en politique et décide de rejoindre l’institut d’études politiques communément appelé Sciences Po, célèbre établissement public de Paris.

A l’institut d’études politiques (Sciences Po), il finit diplômé de sciences politiques. Plus tard, il diversifie encore plus son savoir-faire et décide de rejoindre l’Ecole Nationale d’administration (ENA). Mais c’est par voie de concours qu’on y accède. Il est certes très difficile d’être admis à ce concours qui nécessite un potentiel et des connaissances hors-normes mais il n’en est rien pour Nan Nguéma. Sûr de ses dispositions intellectuelles, il finit par être accepté à l’ENA et se classe 3ème. A la fin de sa formation, c’est avec aisance et confiance qu’il est lauréat de cette prestigieuse école ; il s’y était inscrit pour apprendre « l’administration des affaires publiques ».

Il occupe une nouvelle fois la 3ème place des récompensés de la promotion dénommée « Saint-Just ». Nous sommes en 1961. Mais comme à son habitude, Marc-Saturnin Nan Nguéma a faim de savoirs et compte s’inscrire à l’école polytechnique de Paris. Mais il se ravise : il est temps pour lui de débuter sa carrière professionnelle et ne doit pas trahir ses convictions d’ « homme d’administration ». C’est aussi durant ces années d’études que Nan Nguéma fera sa conscription (service militaire) comme l’exigeait la loi Jourdan-Delbrel qui dès 1798, institua « la conscription universelle obligatoire » pour tous les hommes français âgés de 20 à 25 ans.

Quand il sera expulsé du Gabon en 1963, il trouvera refuge aux Etats-Unis et accroîtra son intellect en décrochant des Philosophiae doctor ou Piled Higher and Deeper (PhD ou Ph. D) en mathématiques et en informatique. Le terme « PhD » désigne dans le système universitaire anglo-saxon ou franco-canadien, l’intitulé le plus courant d’un diplôme de doctorat.

 Etudiant engagé

N’étant pas insensible aux épouvantables conditions sociales et économiques dans lesquelles les gabonais restés au pays étaient engluées, ayant pour cause première l’accaparement des richesses par les autorités de Libreville et leur « employeur français », Marc-Saturnin Nan Nguéma n’hésite pas une seule seconde à militer au sein des associations estudiantines et des mouvements nationaux de libération. C’est ainsi que ce dernier avec d’autres africains lettrés et soucieux d’éradiquer l’impérialisme coloniale, traduit depuis les indépendances comme étant le néocolonialisme, se rassemblent pour ne faire qu’un.

Nan Nguéma et compagnie mettent sur pied une organisation estudiantine qui marquera les esprits des hommes politiques africains et français, acteurs majeurs et idéologues de la françafrique. On assiste donc à la création de la Fédération des Etudiants d’Afrique Noire en France (FEANF). Nan Nguéma mène un combat est noble, il a à cœur d’apporter sa contribution pour accélérer la transformation de son pays et dénonce la précarité et le retard de développement qui gangrène sa patrie.

Nan Nguéma ferraille aussi aux côtés de nombreux mouvements gabonais de résistance qui se sont inspirés des doctrines aux caractères marxiste, socialiste et révolutionnaire prônés par des porte-drapeaux de la cause des pays du Sud à l’instar de Jomo Kenyatta ou encore de Amilcar Cabral. Il s’active dès lors au sein de l’Association Générale des Etudiants Gabonais (AGEG) anciennement appelée Association des Etudiants Gabonais (AEG) mais aussi avec les responsables du Mouvement National de la Révolution Gabonaise (MNRG) et du du Mouvement Gabonais d’Action Populaire en tête desquels feu Germain Mba Nguéma.

Nan Nguéma a le mal du pays, il souhaite rentrer dans le pays de ses ancêtres en espérant certainement changer les choses de l’intérieur. En tant qu’économiste certifié, il veut bonifier la distribution des richesses par le contrôle et le suivi des comptes financiers et économiques du pays. C’est à ce moment que certains de ses compagnons de lutte l’accusent de se rendre définitivement « au banquet des sorciers » en avançant des arguments fallacieux sur les raisons de son retour au pays. Notons qu’au moment où le Gabon devient indépendant en 1960, Nan Nguéma accepte de travailler au sein de la représentation diplomatique du Gabon en France, en tant que conseiller économique, sous la direction de Aristide Anguilé qui était alors l’ambassadeur titulaire. Cette décision fut très mal prise par la communauté nationaliste et révolutionnaire gabonaise présente en France.

 Retour au pays

Marc-Saturnin Nan Nguéma rentre au Gabon durant l’année 1963. Il a l’intention de mettre ses services au profit de la nation, surtout qu’elle a grandement besoin des hommes de haut rang comme lui notamment sur le plan intellectuel. Il est aussitôt propulsé Directeur des Affaires Economiques dont le ministère de tutelle était aux ordres de sieur Anguilé. Mais une mésentente avec le régime de Léon Mba, l’obligera à quitter le Gabon et à continuer sa carrière à l’international auprès d’organismes et d’institutions mondiales.

En effet, Nan Nguéma, fort de son expérience et de ses compétences dans le domaine de la gestion financière, proposa l’instauration d’une « épargne nationale » composée des bénéfices supplémentaires (plus-values) issus de la toute nouvelle activité pétrolière et de celle liée à l’exportation du bois tel que l’okoumé. Cette façon de penser déplut à Léon Mba et à ses proches collaborateurs qui pesèrent de tout leur poids pour obtenir la tête de Nan Nguéma : ce fut l’expulsion du territoire pour lui. Le régime voulait avoir une mainmise sur les deniers publics pour s’en servir afin de satisfaire ses besoins personnels, et cette pratique économique voulue par Nan Nguéma l’aurait privé d’importantes ressources financières.

 Carrière

Comme souligné plus haut, Marc-Saturnin Nan Nguéma débute sa carrière professionnelle en tant que fonctionnaire français avant l’indépendance du Gabon dans la Banque Nationale de France (BNP) ; il officiera aussi en qualité de sous-préfet de la région parisienne. En 1960, il devient conseiller économique de l’ambassade du Gabon en France. En 1963, il regagne le Gabon et comme dit précédemment, Nan Nguéma occupe le poste de Directeur des Affaires Economiques. La même année, il est éconduit aux frontières de son pays car ses réformes économiques ne plaisent pas aux caciques du pouvoir. Il élit domicile en terre étasunienne.

Fort de son doctorat en Sciences Economiques, il trouve de l’emploi dans les universités de Howard (Washington D.C) et Columbia (New-York) pour y animer des conférences. En 1964, il occupe le poste de spécialiste des affaires économiques au département des affaires économiques et sociales de l’Organisation des Nations-Unies (ONU). A partir de 1965 jusqu’en 1968, il intègre la Conférence des Nations-Unies pour le Commerce et le développement (CNUED) et y travaille comme expert dans la direction des affaires commerciales du CNUED.

En 1968, il est nommé comme représentant permanent du Gabon auprès de l’Office des Nations-Unies à Genève. En 1970, Marc-Saturnin Nan Nguéma s’engage avec la compagnie pétrolière française « Elf Aquitaine » et laisse malheureuse la multinationale anglo-néerlandaise « Shell » qui souhaitait vivement s’attacher ses services. Il est embauché à Elf Gabon pour occuper le poste d’ingénieur en chef. C’est en effet une occasion pour lui de découvrir et d’étudier un autre domaine du savoir : le secteur d’activité pétrolière.

Mais en 1972, il se voit obliger de répondre à l’appel des chefs d’Etats africains qui lui demande, à la vue de son expertise et de ses acquis cognitifs, d’occuper le poste d’administrateur de l’Organisation commune Afrique et Malgache (OCAM) ; c’était un fait inédit à l’époque car pour la première fois, ladite organisation avait choisi de confier l’administration de cette entité à un des 18 pays africains qui lui étaient affiliés. Très peu intéressé au départ, il finit par accepter l’offre car le doyen des présidents d’Afrique Noire, le chef d’Etat ivoirien Félix Houphouët-Boigny, avait dû s’employer pour le persuader.

Mais Nan Nguéma avait tout de même gardé son poste et ses avantages professionnels au niveau de Elf. De 1972 à 1975, il a été conseiller technique au département économique du Fonds Monétaire Internationale (FMI) devenant l’un des premiers noirs africains à officier dans cet éminent organisme international. Entre 1975 et 1976, il devient Secrétaire Général ensuite Directeur Général Adjoint à Elf-Gabon, en charge des finances. Il est durant ce laps de temps, représentant du Gabon au conseil d’administration de la commission exécutive de l’OPEP. En 1981, Marc-Saturnin Nan Nguéma devient le Secrétaire Générale (SG) de l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP), lui qui prenait constamment part aux travaux de cette organisation intergouvernementale en lui apportant son expertise.

 Nomination au mérite ou par voie de népotisme ???

C’est le 1er juillet 1981 que Marc-Saturnin Nan Nguéma voit sa carrière à l’international connaître le summum ave sa nomination au Secrétariat Général de l’OPEP. En effet, le système de nomination du Secrétaire général de l’OPEP est souvent interprété par les « non-initiés » de la science économique comme un alléchant présent politique de récompense.

Rien ne laissait paraître une relation exiguë entre le nouveau président gabonais, Albert Bongo, et Nan Nguéma qui rappelons-le avait été viré de son pays comme un vulgaire étranger pour la seule et bonne raison qu’il voulait sécuriser et mieux mécaniser le système de redistribution des deniers publics pour faire profiter le plus grand nombre. Exilé au pays de l’oncle Sam, il y commence une carrière internationale puis reviens au Gabon par le canal de Elf Gabon, qui l’a embauché au détriment de Shell.

Début des années 1980 : Nan Nguéma qui a pris ses distances avec le microcosme politique qui est aux commandes, est nommé par le président pour devenir le « patron » de l’OPEP. Les cancans vont bon train, il semblerait que Marc-Saturnin Nan Nguéma ait rejoint le camp qu’il a combattu pendant qu’il était en France. Certes, il avait rejoint le Gabon pour combattre élégamment le système sur place mais il avait vite été évincé par la machine dictatoriale.

Mais pour expliquer la nomination de Nan Nguéma à l’OPEP, il faut souligner un fait important : il est bien vrai que c’est le président du pays nommé pour diriger l’organisation qui choisit le candidat qui pourvoira au poste mais il y a des exigences à respecter. Le président Bongo chercha dans son entourage politique, un de ses collaborateurs, à même de prétendre occuper cet épineux fauteuil de responsabilités. Mais il ne trouva pas un seul de ses « généraux » répondant aux critères d’accession au poste de SG de l’OPEP. Bongo jouera des pieds et des mains pour sauver la face du Gabon : Nan Nguéma était le seul homme capable d’assurer une telle fonction mais il était sous contrat avec Elf-Gabon et se réalisait pleinement au sein de sa société. Approché par Bongo, Nan Nguéma conditionna une réponse affirmative par le fait que « ses acquis professionnels » au sein de Elf restent en l’Etat. Cette condition sine qua none obligea le président à mener des tractations avec le « Board » de Elf pour que Nan Nguéma obtienne gain de cause. Ce qui fut le cas. Bongo sauta aussi sur l’occasion pour faire de Nan Nguéma son conseiller, après que ce dernier ait achevé son mandat de SG à l’OPEP le 30 juin 1983. Par ailleurs, il a lieu de dire que les deux hommes n’étaient pas « ennemis » et Nan Nguéma s’était même vu accorder des nominations par Bongo qui savait que son compatriote méritait d’occuper ces fonctions diplomatiques qu’il a su remplir avec fierté et éclat. C’était une relation de respect, sans que jamais le diplômé de Sciences Po ne s’immisce vraiment dans la vie politique gabonaise, qui depuis 1968 n’avait connu que le monopartisme.

 Vie politique

L’arrivée au pouvoir du président socialiste français, François Mitterrand, jette un pavé dans la marre des présidents autocrates africains. Le discours que Mitterrand prononce à la Baule marque le début de la démocratisation de la vie politique africaine depuis belle lurette. Nos chers tyrans africains se voient donc dans l’obligation de s’aligner devant les « injonctions » de leur patron. Pour ce faire, les chefs d’Etat d’Afrique noire organise des « conférences nationales » pour réformer dans leur ensemble leurs pays respectifs. Mais c’est surtout la vie politique qui connaît une transformation profonde. C’est l’avènement du multipartisme.

Le Gabon n’est pas en reste et Marc-Saturnin Nan Nguéma décide de s’engager politiquement. Il fonde en mars 1990 avec d’autres politiciens portgentillais, comme Me Pierre-Louis Agondjo Okawe ou Benoît Mouity Nzamba, le Parti Gabonais du Progrès (PGP). C’est même Me Agondjo accompagné d’un des filleuls politiques de Nan Nguéma, Guy Nang Bekale, qui avait sollicité ses services afin d’œuvrer ensemble à la fondation du parti. A la suite des tensions et des incompréhensions avec certains membres du PGP, il quitte ladite formation politique au milieu de l’année 1992 et crée le Parti Libéral Démocrate (PLD).

Le PLD fut d’abord appeler Parti Libéral Démocrate-Chrétien du Gabon (PLCDG). Nan Nguéma avait toujours nourri l’idée de mettre sur pied un parti de démocratie chrétienne, étant très attaché à la réligion. Cependant, c’est en mai 1991 que Marc-Saturnin Nan Nguéma lance son journal d’opposition intitulé « Gabon Libre ». Il était aussi le patron de Gabon Presse et Communication (GPCOM) qui assurait l’édition dudit journal. Pour comprendre sa séparation avec le PGP, il faut revenir aux faits.

En 1990, le brutal assassinat de l’opposant Joseph Rendjambé va provoquer une vague de contestations et d’affrontements entre opposition et majorité. Des pillages, des incendies et des luttes armées vont être principalement enregistrés dans les villes de Port-Gentil et de Libreville. A Port-Gentil, on assiste au kidnapping du Consul Général de France ; enlèvement orchestré par plusieurs ténors du PGP dont Nan Nguéma. Pour lui, il n’était pas question de relâcher le diplomate qui devait servir de moyen de pression pour faire fléchir le régime de Bongo.

Ce représentant diplomatique français devait donc servir de « monnaie d’échange » dans les pourparlers avec les autorités de Paris pour obtenir la « tête de Bongo ». Mais, il n’en fut rien car le diplomate fut relâché et plusieurs barons du PGP décidèrent d’entamer des discussions avec le pouvoir.

Nan Nguéma n’était point d’avis avec cette démarche et décida de claquer la porte du parti qui pour sauver la face annonça son exclusion. C’était un signe clair et limpide du maintien du pouvoir bongoïste par ses propres frères d’armes. Nan Nguéma décida alors de se présenter à la première élection présidentielle multipartite prévue pour le 5 décembre 1993 sous la bannière de son nouveau parti, le PLD qu’il met en place avec Joseph Moutandou Mboumba, Medhi Teale et Guy Nang Bekale.

Il arrive finalement 10ème à cette présidentielle en récoltant 0.86 % des suffrages exprimés. Cependant, sans mot dire, Nan Nguéma connaissait déjà l’issue de la présidentielle. Un de ses amis, bien introduit dans les arcanes du régime, lui avait communiqué les résultats du scrutin avant même que l’élection n’ait eu lieu avec pour chaque candidat, des voix attribuées à l’avance. Marc-Saturnin Nan Nguéma devient par la suite président du Congrès pour la Démocratie et la Justice (CDJ) en 1993, poste qu’il occupe jusqu’à l’an 2000. En effet, le PLD se restructure et devient le CDJ. Lorsque Nan Nguéma quitte le parti en 2000, c’est Jules-Aristide Bourdes Ogouliguende qui est porté à la tête du CDJ en occupant désormais le poste de Secrétaire Général.

 Dernière persécution politique

Le lundi 29 novembre 2004, Marc-Saturnin Nan Nguéma âgé de 60 ans est arrêté par des éléments de la Police Judiciaire et, sans explications dans une totale violation des textes de loi, il est présenté devant le parquet de Libreville avec des supposés « complices » puis placé sous mandat de dépôt par le juge d’instruction. Ce n’est par le quotidien d’informations L’Union, paru le 1er novembre 2004, que les faits qui lui sont reprochés sont révélés. D’après les enquêtes, Nan Nguéma posséderait une artillerie d’armes dont la mission première serait de déstabiliser le régime Bongo.

Ces faits auraient été expliqués par ses supposés acolytes qui auraient délié leurs langues au moment des interrogations orchestrés par les agents chargés de l’affaire. L’artillerie se composerait de 11 fusils et d’une centaine de munitions de guerre retrouvés chez les fameux « complices » et au domicile de Nan Nguéma, à Port-Gentil. L’opinion est donc mieux éclairée sur les chefs d’accusation qui pèsent sur l’opposant. Ils sont au nombre de deux et il s’agit premièrement de la « détention illégale d’armes à feu » et d’une « tentative de déstabilisation du chef de l’Etat ».

Une source proche du dossier révélait à l’époque que c’est au moment de l’interpellation de plusieurs individus en possession d’armes, soupçonnés de commettre des braquages à Lambaréné, avaient affirmé que c’est Nan Nguéma qui leur avait remit ces armes. Mais très vite, l’histoire fut moquée et taxée d’utopique. En effet, cette pratique antidémocratique et autoritaire des autorités était courante en ces temps. Pour incarcérer et faire taire les challengers de Bongo, une nouvelle ruse judiciaire fut mise place : le démantèlement des « armes et d’arsenaux de guerre » dont la coïncidence voulait qu’ils soient toujours en possession des derniers opposants qui osaient encore faire entendre leurs voix pour critiquer vertement Omar Bongo.

Lorsque Nan Nguéma fut présenté devant le juge, il reconnut tout de même avoir acheté ces armes au tout début des années 1990 pour assurer sa protection lors des évènements d’ébullition politique de 1990 après le meurtre de Rendjambé ; tout en réfutant tout acte de tentative de prise du pouvoir. Mais il croupira en prison et en sortira faible, humilié et couvert de honte. Nul n’ose imaginer ce qu’il a eu à subir en prison. Déjà malade, son passagr par la case prison va contribuer pleinement à aggraver sa santé.

 Décès et édifice éponyme

Marc-Saturnin Nan Nguéma tire sa révérence le mercredi 7 novembre 2012 dès suite d’une affection médicale. Il était alors âgé de 78 ans. Des jours plus tard, il est inhumé dans sa ville d’adoption où il aura bâti sa stature et sa légende : Port-Gentil.
Inauguré le 18 janvier 2014 par le président Ali Bongo Ondimba, l’Institut du Pétrole et du Gaz (IPG) Marc-Saturnin Nan Nguéma, a été sorti de terre pour participer pleinement à la formation des gabonais dans les métiers du pétrole.

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