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Projet de société

Le candidat unique de l’opposition, Jean Ping précise sa politique pour l’économie et l’emploi au Gabon

Le candidat unique de l’opposition, Jean Ping précise sa politique pour l’économie et l’emploi au Gabon
Le candidat unique de l’opposition, Jean Ping précise sa politique pour l’économie et l’emploi au Gabon © 2016 D.R./Info241

Jean Ping, candidat unique du Front uni de l’opposition à l’élection présidentielle du 27 août 2016, qui a reçu le 16 août dernier le soutien de deux poids politiques Guy Nzouba Ndama et Casimir Oyé Mba qui se sont retirés en sa faveur est désormais investi candidat du consensus pour une véritable alternance démocratique. Dans son programme politique intitulé : ’’Le Gabon à l’abri de la peur, le Gabon à l’abri du besoin", dont une copie est parvenue ce vendredi à notre rédaction, l’ancien président de la Commission de l’Union africaine égraine ses propositions en matière d’économie et d’emploi.

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L’emballement médiatique de la candidature unique de l’opposition ne doit pas minorer l’importance des programmes et de l’offre politique pour l’avenir du Gabon proposés par l’opposition gabonaise. En effet, outre les moult discours d’intentions d’Ali Bongo, en dépit de tant et tant de forums sur l’emploi et sur la lutte contre le chômage au Gabon et à l’étranger (France, Maroc), la courbe du chômage n’a pas baissé et ne s’est pas stabilisée. Il faut signaler qu’avec la chute des prix du pétrole que le Gabon doit affronter, la Banque mondiale anticipe un ralentissement économique pour la période 2015 – 2017.

Pendant cette période la croissance du Gabon ne devrait pas dépasser 2.49% par an en moyenne. Le taux de croissance annuel du Gabon est en recul continue depuis 2010. Il était de 7.44% et ne devrait plus s’établir qu’à 1.66% en 2017. Selon l’analyste économiste Mays Mouissi, "ce ralentissement économique amplifiera la baisse des ressources publiques, la baisse de la demande publique qui fait vivre de nombreuses entreprises, de nécessaires arbitrages dans les effectifs des compagnies pétrolières et leurs sous-traitants, etc’’. Ainsi s’interroge-t-il, "si le Gabon n’est pas parvenu à créer 20 000 emplois privés formels par an avec une croissance annuelle moyenne de 4.24%, comment parviendrait-il à en créer avec seulement 2.49% de croissance ?"

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Pourtant, le gouvernement a créé la Zone Economique spéciale (ZES) de Nkok, à la périphérie de la ville de Ntoum, pour une création massive d’emplois, puisque 62 entreprises devaient s’y installer. Or, moins d’une huitaine de structures économiques auraient pris leurs quartiers sur le site. Et, si le gouvernement a aussi lancé le programme Graine qui devrait créer au moins 15.000 emplois, ce projet ne porte pas moins en lui quelques incertitudes.

Le gouvernement a également organisé ou suscité divers Forums sur le sujet, notamment le Forum national de l’Emploi du 17 au 19 octobre 2013, tandis que l’actuel ministre du Travail, de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Simon Ntoutoume Emane disait être sur tous les fronts pour éradiquer le chômage. D’ailleurs, lors d’un passage sur la chaîne de télévision Africa 24, le ministre lui-même avait évoqué « les 80.000 chômeurs » (chiffre O.N.E.), 150.000 (chiffre Banque mondiale) que compteraient le Gabon. Force est de constater que le Fonds d’Insertion et de Réinsertion (FIR) qui devrait disposer d’un budget de 10 milliards de francs CFA, pour contenir ou améliorer le chômage n’a pas solutionné cette autre épine du bilan peu reluisant du septennat d’Ali Bongo.

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Ainsi, un rapport récent datant de 2015 de la Banque mondiale sur "la croissance et l’emploi en République gabonaise" identifie les raisons pour lesquelles la croissance économique a jusqu’ici généré peu d’emplois. L’étude propose également des recommandations pour aider les autorités à s’attaquer au défi du chômage. Même si le changement des politiques publiques dans le domaine de l’emploi n’a pas été amorcé par Ali Bongo malgré ces données et résolutions de l’organe onusien. Le rapport note que l’emploi formel au Gabon a baissé de manière continue entre 1986 et 2010, le chômage affectant aujourd’hui une personne active sur cinq. Les jeunes, les femmes et les personnes bénéficiant d’une éducation supérieure sont particulièrement affectés.

Le taux de chômage atteint ainsi 35,7 % chez les jeunes de 15 à 24 ans et 26 % chez les actifs de 25 à 34 ans, tandis qu’il est deux fois plus élevé chez les femmes que chez les hommes. Près d’un quart des actifs ayant un niveau d’étude secondaire sont sans emploi, preuve qu’être diplômé ne constitue pas un rempart contre le chômage. Ainsi, parmi les dix propositions concrètes formulées par Jean Ping en conclusion de son projet de société, sa proposition n°9 concerne les axes de politique économique. Il déclare : « Je lancerai des programmes de grands travaux et d’investissements publics et privés en vue d’accélérer la croissance économique, développer l’emploi, promouvoir les PME/PMI gabonaises et les secteurs économiques essentiels et porteurs tels que l’agriculture, l’élevage et la pêche, la transformation du bois, la tourisme et l’éco-tourisme, l’industrie et l’agro-industrie et les services  ».

En effet, Jean Ping s’accorde avec le rapport de la Banque mondiale, qui mentionne que l’activité pétrolière rapporte à elle seule plus de 40 % de la valeur ajoutée nationale et plus de 60 % des revenus de l’État. Or, de nos jours ses effectifs représentent moins de 5 % de l’emploi formel. Pour le candidat à la présidentielle de 2016, le système éducatif gabonais est inadapté aux besoins du marché, les jeunes diplômés ne disposent pas des compétences recherchées par les entreprises. Malgré un taux net de scolarisation de 92 %, le taux de redoublement au Gabon est de 37 %, l’un des taux les plus élevés au monde.

Considérant que « l’emploi à court terme doit figurer parmi les priorités des gouvernants de la Nouvelle République », l’investissement dans l’éducation et la formation constitue selon lui un point de départ sine qua non pour accroître le niveau de compétence et former la main d’œuvre gabonaise en adéquation avec les besoins des entreprises. Il souhaite aussi susciter chez les Gabonais et en particulier chez les jeunes, femmes et hommes, la volonté de « tenter l’aventure de l’entreprise privée  ».

Souhaitant moderniser la réglementation en vigueur, l’économiste ancien président de la Commission de l’Union africaine (UA) indique que «  le Code du Travail sera revisité afin de l’adapter aux exigences de ce domaine en pleine mutation  ». Pour aider chacun dans son parcours professionnel, il considère comme « indispensable » la réforme de l’Office national de l’emploi, « qui sera restructuré pour mieux répondre à la mission première que l’État lui a assignée », déclare-t-il.

Pour développer les campagnes et freiner l’exode rural en particulier chez les jeunes, l’agriculture et le tourisme sont pour lui des secteurs à privilégier. Le candidat unique du Front uni de l’opposition précise : « Le Gabon a besoin de mettre en œuvre une politique volontariste de diversification de son économie et d’accroissement de sa production hors pétrole, qui prenne en compte ses avantages comparatifs et son potentiel naturel : agriculture, pêche, élevage, industrie et services. » Pour certaines « filières d’avenir » qui seront choisies en concertation avec toutes les parties prenantes, il souhaite mettre en place des « incitations fiscales et un accompagnement institutionnel », ainsi qu’une « politique d’aide à l’exportation ».

De manière générale, Jean Ping se dit « déterminé à permettre le développement des activités de production de biens et de services par des entreprises privées dans un environnement compétitif, attractif et offrant toutes les garanties de sécurité et de stabilité, notamment juridique, dans un esprit de partenariat entre le public et le privé ». Apportant une grande attention à la gestion des ressources naturelles et à la protection de l’environnement, Jean Ping souhaite « développer des partenariats public-privé et appliquer les principes de gestion durable à l’ensemble des ressources naturelles du pays, renouvelables ou non ».

Le diplomate gabonais ajoute que « des plans stratégiques seront mis en place avec l’appui de l’ensemble des parties prenantes (administrations sectorielles, opérateurs privés, société civile, communautés locales et scientifiques)  » pour chacune des ressources identifiées et en fonction des zones concernées. Concernant la question pétrolière et le gaz, il souhaite relancer l’exploration pour acquérir de nouvelles réserves via des appels d’offres bien périmetrés et « dans un climat de confiance pour les investisseurs, qui sont de précieux partenaires ».

Concrètement, Jean Ping propose notamment : « d’assurer la sécurité, la stabilité et l’attractivité des investissements privés conformément aux dispositions pertinentes du droit OHADA ; d’offrir un accès égal et transparent aux marchés publics, conformément aux meilleures pratiques internationales en la matière ; de réformer le Code des impôts pour instaurer une fiscalité qui favorise l’investissement en allégeant l’impôt sur les bénéfices et en reportant cette fiscalité sur les dividendes ; de créer un fonds de développement des entreprises pour mettre à la disposition des promoteurs nationaux les capitaux disponibles pour la création et le développement d’entreprises, notamment à l’intérieur du pays ».

Ancien ministre d’État et directeur de cabinet d’Omar Bongo, Jean Ping a également mené une carrière internationale : d’abord représentant du Gabon à l’Unesco (1978-1984), après une carrière ministérielle dans son pays, il préside l’assemblée générale de l’ONU en 2004-2005 et est élu président de la commission de l’Union africaine en 2008, poste qu’il occupe jusqu’en 2012. Chose espérer que toutes ces idées et projets pour sortir du Gabon du marasme économique puissent être budgétisés et chiffrés avec une véritable projection économique. Mais avant, Jean Ping et tous ses colistiers de l’opposition doivent dans un premier temps, évincer dans les faits Ali Bongo du pouvoir présidentiel.

Même si certains observateurs politiques ont déjà commencé à relever les manigances de fraudes électorales avec des procès verbaux (PV) de bureaux de votes de la commune d’Akanda qui circulent déjà sur les réseaux sociaux. Nous y reviendrons. Il faut également noter que cette élection présidentielle comme toutes les autres est plus que pipée étant donné que toutes les institutions dites républicaines et l’ensemble des dirigeants de ces dernières en charge de l’organisation des élections sont tous des invertébrés fidèles du régime Bongo-PDG. C’est pourquoi tous les recours suites aux faux en écriture publique, le faux usage de faux concernant l’acte civil querellé d’Ali Bongo devant la Cour Constitutionnelle, la Cour d’Appel, et la CENAP ont été rejetés. Le peuple gabonais qui a soif de changement après 50 ans de règne sans fin d’un même régime au pouvoir depuis 1968 avisera le 27 août prochain.

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