enrichissement illicite

Le Premier ministre gabonais vole maladroitement au secours de Mborantsuo

Le Premier ministre gabonais vole maladroitement au secours de Mborantsuo
Le Premier ministre gabonais vole maladroitement au secours de Mborantsuo © 2017 D.R./Info241

Interrogé hier par nos confrères de RFI, alors qu’il séjourne actuellement en France, le Premier ministre gabonais Emmanuel Issoze Ngondet a tenté maladroitement de décrédibiliser l’enquête préliminaire qui pèse depuis 3 ans sur la présidente de la Cour constitutionnelle gabonaise en France. Volant au secours de celle qui est accusée notamment de détournements de fonds publics et blanchiment en bande organisée, Issoze Ngondet a battu en brèche la compétence des juridictions françaises à juger du probable enrichissement illicite de cette très haute magistrate gabonaise.

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En pleine opération Mamba qu’il a lui même initiée en janvier dernier, Emmanuel Issoze Ngondet a souhaité défendre sur les antennes de RFI, Marie-Madeleine Mborantsuo, poursuivie en France pour des soupçons manifestes de recel de détournements, soustraction ou destruction de fonds publics et blanchiment en bande organisée. La gardienne de notre Loi fondamentale aurait une seconde vie d’homme d’affaires en Occident dont les capitaux proviendraient du Gabon.

Une défense maladroite méconnaissant les lois françaises

Pour le Premier ministre gabonais, « Les enquêteurs français n’ont pas d’autre chose à faire que d’enquêter sur la vie des personnalités politiques gabonaises ? ». Une défense bien minimaliste pour le premier responsable de notre Administration publique. Qui en a profité pour prodiguer quelques conseils et orientations à la justice française : « Je leur conseillerais plutôt, aux enquêteurs français, de s’intéresser d’avantage à ce qui se passe en France ».

Ce que feint d’oublier Emmanuel Issoze Ngondet est qu’en France, la justice est indépendante et ne reçoit pas les injonctions des hommes politiques pour faire son travail encore moins de chefs d’Etat et de gouvernements étrangers. De plus, il semble indiquer que la présidente de la Cour constitutionnelle soit une « personnalité politique gabonaise ». Ce qui du reste, serait une révélation dangereuse !

Emmanuel Issoze Ngondet, tel l’avocat attitré de Marie-Madeleine Mborantsuo, poursuit son réquisitoire de défense : « Je ne pense pas qu’il est sage de voir les juges d’un pays s’intéresser aux faits, s’ils sont avérés, et qui se sont déroulés dans un autre pays ». Pourtant dans cette affaire, l’enquête française porte sur des faits qui se sont bien déroulés sur son territoire notamment la possession de fortes sommes en liquide saisies dans un hôtel particulier parisien chez la fortunée Marie-Madeleine Mborantsuo.

Des opérations illicites en France

Ce qu’il faut savoir est qu’en France, contrairement au Gabon, l’utilisation d’espèces de billets de banque est strictement réglementée. Les enquêteurs ont saisis 100.000 € en espèces et en cash chez Mborantsuo, bien au-dessus des 15.000 € réglementaires (personnes qui ne sont pas domiciliées en France).

De plus, ces sommes se doivent d’être préalablement déclarées aux douanes françaises pour rester légales. Ce que n’a pas fait Mborantsuo qui alimente ses multiples comptes en France en cash par ce moyen. Une hérésie donc !

Mais le Premier ministre gabonais et ancien ministre des Affaires étrangères continue d’embrayer sur sa défense en arguant finalement : « Je pense que la compétence territoriale doit être la règle de base pour apprécier l’étendue des compétences des juridictions de nos pays ». En clair, la justice française n’aurait donc pas compétence à s’intéresser sur les mouvements de fonds qui ont lieu sur ou à partir de son territoire.

Plus de la moitié du budget gabonais prend des destinations inconnues chaque année

Plutôt que de s’interroger pourquoi notre Marie Madeleine a autant de comptes bancaires à l’étranger, Emmanuel Issoze Ngondet, préfère prôner la territorialité. Pourtant la Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite (CNLCEI) a affirmé vendredi, qu’au Gabon plus de la moitié du budget national prend des destinations inconnues.

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Un constat qui n’inquiète en rien le patron de l’administration gabonaise quant à ces révélations sur les mouvements de fonds en "bande organisée" auxquels se serait adonné Mborantsuo depuis 2014 en France, au Luxembourg, à Monaco, en Afrique du Sud, aux Etats-Unis. Quid de l’opération Mamba qu’il a lui-même diligentée.

Ces opérations illicites mériteraient donc le silence complice de la justice gabonaise qui n’a jamais traduit en justice et condamné les criminels financiers qui sévissent sur le budget de l’État chaque année. Silence donc du Parquet de Libreville ! Bouche cousue du Procureur de la République garant d’une justice qui semble orientée aux opposants du système Bongo-PDG. Affaire à suivre.

@info241.com
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