Investissement étranger

Issoze Ngondet et ses ministres à Paris : la diaspora gabonaise dénonce une présence « illégitime »

Issoze Ngondet et ses ministres à Paris : la diaspora gabonaise dénonce une présence « illégitime »
Issoze Ngondet et ses ministres à Paris : la diaspora gabonaise dénonce une présence « illégitime » © 2017 D.R./Info241

Le chef du gouvernement d’Ali Bongo, président contesté du Gabon, Emmanuel Issoze Ngondet est en opération de charme à Paris en quête des nouveaux investisseurs étrangers. En réponse à cette action, la Communauté gabonaise de France organise des sit-in devant le Pavillon Dauphine et face au siège du Mouvement des entreprises de France (MEDEF) pour dénoncer selon les organisateurs « la participation du gouvernement illégitime gabonais à ces rencontres » en lançant une semaine de la résistance qui commence demain mercredi 22 mars jusqu’au 24 mars 2017 à Paris.

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Dès lors, précise le communiqué de presse du comité d’organisation parvenu ce mardi à la rédaction d’Info241, ’’les mercredi 22 et jeudi 23 mars 2017, de 8h à 18h, la communauté gabonaise organise un sit-in devant le Pavillon Dauphine, situé Place du Maréchal de Lattre Tassigny à Paris. Le vendredi 24 mars 2017, c’est devant le siège MEDEF, situé au 55 avenue Bosquet dans le 7e arrondissement de Paris, qu’elle se donne rendez-vous de 8h à 14h."

Ces rendez-vous d’affaires parisiens sont organisés par le Conseil des investisseurs français en Afrique (CIAN), organisation patronale privée française qui rassemble les entreprises industrielles et de services, grands groupes ou PME-PMI, investies en Afrique. Il compte plus de 150 entreprises membres qui réalisent un chiffre d’affaires de 60 milliards d’euros, soit 80% de l’activité économique française en Afrique.

D’où certains chefs d’entreprises gabonais dénoncent l’absence des membres du patronat gabonais dans la délégation gouvernementale en y pointant les réseaux mafieux d’affairistes de la tristement célèbre ’’Franceafrique". Cette dernière est considérée comme le mal du siècle franco-africain. Car elle vise à soutenir des dictatures africaines au seul nom des intérêts économiques français. Et ce, au détriment du respect des valeurs démocratiques, de l’état de droit et surtout du développement des pays francophones d’Afrique.

Pour les mouvements associatifs de la diaspora gabonaise, ’’le gouvernement illégitime gabonais s’invite en France alors que le Gabon traverse une crise politique, économique, sociale et environnementale sans précédent et que le peuple gabonais réclame toujours le respect de l’élection qui leur a été volée le 27 août 2016. Tout en rappelant que l’Union Européenne a adopté une résolution contre le Gabon qui remet en doute la légitimité d’Ali Bongo Ondimba. Reconnaissant de ce fait, des graves exactions dont il s’est rendu coupable et demande au Conseil de l’Union Européenne d’envisager des sanctions ciblées contre les principaux responsables gabonais de cette forfaiture et de ces crimes, dans le cadre de l’article 96 de l’accord de Cotonou. « 
L’affiche officielle de la semaine de la résistance

Par ailleurs, à l’occasion des 10èmes ’’Rencontres Internationales des Partenariats Publics Privés’’ (PPP) qui se dérouleront à Paris les 22 et 23 mars 2017, au cours de ce grand rendez-vous annuel dédié aux PPP, réunissant l’ensemble des acteurs publics et privés impliqués dans la mise en œuvre de contrats de partenariat, une manifestation de contestation de la diaspora sera organisée. Car durant ces rencontres expliquent les organisateurs de la semaine de la résistance »des représentants des intérêts du système Bongo-PDG, de la pieuvre holding et Delta Synergie ont été conviés en vue de défendre les opportunités d’investissements en infrastructures au Gabon. Il ne s’agira aucunement des intérêts du Gabon, mais ceux d’une oligarchie d’apparatchiks qui tienne le pays en otage depuis 50 ans. C’est pourquoi Ali Bongo et son régime putschiste refusent le verdict des urnes. "

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Parmi les participants, le CIAN a annoncé la présence du Premier ministre gabonais, Emmanuel Issoze-Ngondet, Madeleine Berre, Ministre de la Promotion de l’Investissement, du Commerce, du Tourisme et de l’Industrie, de Régis Immongault, Ministre de l’économie, de la Prospective et de la Programmation du développement et d’Alex Bongo Ondimba, Directeur général de l’Agence Nationale des Infrastructures Numériques et des Fréquences (ANINF). Un rendez-vous d’expertise professionnelle sur 2 jours entre acteurs publics français et étrangers (fonction territoriale et de l’Etat) et privés (industriel, finance, conseil, utilités, avocats, BTP...) concernés par toutes formes de partenariats public-privé auquel le Gabon est mis à l’honneur.

Tandis que le vendredi 24 mars 2017, de 8h30 à 10h30, aura lieu la rencontre restreinte du Comité Afrique du MEDEF organisée autour Emmanuel Issozet-Ngondet, Premier ministre gabonais. Pour les mouvements associatifs de la diaspora gabonaise qui ont déclenché une semaine de la résistance : « ces invitations des ambassadeurs illégitimes d’un pouvoir dictatorial vieux de 50 ans, constitue un affront supplémentaire fait au peuple gabonais, une étape de plus dans le paradigme néocolonialiste qui dicte les relations économiques entre le Gabon et les grandes entreprises françaises. »

La crise post-électorale au Gabon est loin d’avoir attint son épilogue. En effet, le 27 août 2016, alors que le peuple gabonais s’était mobilisé pour aller voter et sécuriser son vote, dans un déni de démocratie effarant, le ministre de l’intérieur, d’après les résultats de la Commission Électorale Nationale et Permanente (CENAP), annonce qu’Ali Bongo est réélu le 31 août 2016. Alors que les tendances donnaient Jean Ping gagnant avec une avance de 60.000 voix, la province du Haut-Ogooué (G9) a servi de variable d’ajustement (avec un taux de participation de 95% dont 47 abstentions, Ali Bongo y est vainqueur avec 99,93% des suffrages).

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Ainsi, lors de la journée du 31 août 2016, après l’annonce de ces résultats, une manifestation pacifique de contestation a été réprimée avec violence. Dans la nuit, c’est le Quartier Général de Jean Ping qui a été pris d’assaut, des dizaines de personnes ont été tuées, un millier de personnes a été arrêté et emprisonné et l’on compte encore aujourd’hui de nombreux disparus. Pour les organisateurs de ces mouvements de contestation, « Ali Bongo a utilisé les forces de sécurité et de défenses nationales contre les Gabonais qui revendiquaient pacifiquement la reconnaissance de leur choix démocratique porté sur Jean Ping, Président légitimement élu. De nombreuses exactions ont été commises, des représentants de l’opposition tout comme de simples citoyens sont enlevés, emprisonnés, voire torturés depuis plusieurs mois et les organes de presse non favorables au régime sont muselés. »

Pour le comité d’organisation des sit-in parisiens contre la participation des membres du gouvernement d’Ali Bongo Ondimba à ses messes d’affaires françaises, "le peuple gabonais s’insurge contre cette arrivée d’ambassadeurs illégaux qui veulent laisser croire que tout va bien au Gabon, il revendique sa souveraineté, exige le respect de son vote et révoque tout contrat signé sous la présidence illégitime d’Ali Bongo. Le Gabon traverse une crise politique, économique, sociale et environnementale sans précédent."

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