Crise post-électorale

La résolution du Parlement européen sur la présidentielle gabonaise votée ce jeudi à Bruxelles

La résolution du Parlement européen sur la présidentielle gabonaise votée ce jeudi à Bruxelles
La résolution du Parlement européen sur la présidentielle gabonaise votée ce jeudi à Bruxelles © 2017 D.R./Info241

Le Parlement européen votera ce jeudi dans la capitale européenne une résolution d’urgence sur « la crise de l’état de droit en République démocratique du Congo et au Gabon ». Info241 a assisté surplace à la présentation des groupes européens qui ont soumis les contours de leurs résolutions examinées mercredi à Bruxelles . Les eurodéputés exigent l’application de l’accord de Cotonou qui permet à l’UE de prendre des sanctions ciblées (gel des savoirs, interdiction du sol européen, impératif de rétablir l’état de droit, enquête contre les exactions du 31 août au 02 septembre 2016) envers un régime qui a mis en mal l’état de droit comme ce fût le cas au Gabon.

Moov Africa

Lire aussi >>> Résolution du Parlement européen sur le Gabon : le groupe PPE recommande des sanctions ciblées

Tous les présidents des groupes ont défilé sur le perchoir du Parlement européen pour présenter les grandes lignes de leurs propositions. Avant la réunion informelle du Conseil européen du 3 février, les députés ont débattu mercredi après-midi, après 17 heures, de la pression migratoire croissante actuelle en Méditerranée centrale , mais aussi sur "la crise de l’état de droit en République démocratique du Congo et au Gabon’’, en présence de la Haute représentante, chef de la politique étrangère de l’Union Européenne, Federica Mogherini.

L’accord de Cotonou UE/ACP donne du poids à la résolution du Parlement européen

L’ensemble des présidents des groupes européens qui ont examiné la situation de crise post-électorale gabonaise s’appuie sur les clauses de l’assemblée parlementaire Union Européenne/Afrique Caraïbe Pacifique (ACP) qui permet de régir cet accord de Cotonou qui est en vigueur depuis 2000. En effet, se fondant sur les acquis des 25 dernières années de coopération entre l’Europe et les pays du Sud, marqué par la nouvelle donne internationale résultant de l’aggravation de la situation économique, de la mondialisation des échanges internationaux, de l’effondrement du bloc communiste et de la perte de crédibilité de l’aide publique au développement, l’Accord de Cotonou constitue un tournant dans les relations de coopération entre l’Union européenne et les pays ACP.

Les eurodéputés ont rappelé les dispositions de l’article 9, alinéa 2, de l’Accord de Cotonou précisant que certains éléments sont essentiels au fonctionnement de l’accord. Il s’agit du respect des droits de l’homme, des principes démocratiques et de l’Etat de droit. Si un Etat manque à une obligation découlant de ces éléments essentiels, une procédure de consultation est mise en œuvre dont la clôture intervient au plus tard après soixante jours. Si les consultations n’aboutissent pas, ou en cas d’urgence particulière, des " mesures appropriées ", qui peuvent aller jusqu’à la suspension de la coopération, sont prises (contenues dans l’article 96).

L’Union européenne souhaite que la " bonne gouvernance " constitue un élément essentiel de l’accord. Lors de débats très vifs au sein du Parlement européen, mercredi, en début de soirée, les députés ont évalué l’escalade de la violence et les besoins humanitaires urgents qui en résultent au Soudan du Sud, ainsi que la violence électorale et les tensions politiques en République démocratique du Congo et au Gabon, avec le commissaire européen en charge de la coopération internationale et du développement, Neven Mimica, représentant Mme Mogherini.

Selon plusieurs eurodéputés interrogés sur place au siège du Parlement européen de Bruxelles, sur la session qui a porté "la crise de l’état de droit en République démocratique du Congo et au Gabon’’, «  la mouture de la résolution qui sera votée cette fin de journée invitera le Conseil à exiger aux autorités gabonaises le recomptage des voix de l’élection présidentielle du 27 août 2016, sous la supervision de l’UA et de l’ONU. Mais aussi, cette résolution envisage d’imposer des sanctions ciblées aux responsables des violences post-électorales, des abus des droits de l’homme et du sabotage du processus démocratique dans le pays  ».

La proposition de résolution du Groupe confédéral de la Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique (GUE/NGL) qu’Info241 a consulté sur place au siège du Parlement européen de Bruxelles, suite à la crise post-électorale du Gabon, «  considère que le soutien de la France au régime d’Ali Bongo (notamment via sa coopération militaire) et les liens qu’ont quasiment l’ensemble de la classe politique gabonaise laissent à craindre fortement la perpétuation de cette politique de la « Françafrique » au détriment du peuple gabonais ; déplore le fait de traiter dans une même résolution deux situations différentes que sont celles de la Républiques démocratique du Congo et du Gabon  ».

Lire aussi >>> Résolution PE : La Gauche unitaire européenne dénonce l’ombre de la France en soutien à Ali Bongo

Le groupe Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (ALDE) «  condamne fermement toute tentative visant à se maintenir au pouvoir contre la volonté du peuple en enfreignant la constitution et les autres lois du pays. Le groupe est favorable au renforcement du dialogue entre pays ACP en vue de veiller au respect de l’état de droit et des constitutions des pays ; invite l’Union européenne et les pays ACP à s’appuyer sur le dialogue politique renforcé prévu à l’article 8 de l’accord de Cotonou pour résoudre toute éventuelle crise politique à venir  ».

Pour l’ensemble des eurodéputés, l’élection présidentielle d’Ali Bongo Ondimba est controversée à tout point de vue. En effet, en scrutant le processus électoral qui a été marqué par la fraude électorale prouvée dans la province du Haut-Ogooué à travers le rapport final de la Mission d’observation de l’Union européenne, ayant permis la réélection du candidat du parti au pouvoir depuis 1968, mais aussi les violences des droits de l’homme après la contestation citoyenne, l’intervention de l’article 96 de l’accord de Cotonou sera essentielle pour trouver une solution durable à cette crise post-électorale. Selon certains eurodéputés dont Jo Leinen, la France ferait un blocus à une résolution contraignante du Parlement européen contre le régime d’Ali Bongo Ondimba.

La diaspora gabonaise n’est pas restée en reste, une manifestation citoyenne pour réclamer le respect de l’état de droit, du vote du peuple gabonais a été organisé devant le siège de la Commission et du Conseil de l’Union Européenne. La société civile gabonaise est présente dans la capitale européenne. Avec des pancartes, où on pouvait lire ’’Respect du vote du peuple gabonais’’, ’’Ali Bongo est un assassin’’, ’’Non à la dictature d’Ali Bongo Ondimba’’, ’’L’UE doit aider le peuple gabonais’’, ’’Le vote démocratique du peuple gabonais doit être respecté.

Les opposants gabonais et les partisans du respect du vote démocratique retiennent leur souffle, car Jean Ping qui revendique toujours sa victoire à l’élection présidentielle semble jeter tout son dévolu envers la communauté internationale. Le chef de file de l’opposition gabonaise exige que le traitement de la crise politique en Gambie soit le même au Gabon pour éviter le deux poids, deux mesures quand il s’agit de faire respecter l’état de droit et le choix démocratique du peuple en Afrique.

@info241.com
Moov Africa

Newsletter de Info241.com

Inscrivez-vous maintenant pour recevoir notre newsletter quotidienne


Info241.com s'engage à ne pas vous envoyer de messages non sollicités. Si vous changez d'avis, vous pourrez vous désabonner de cette newsletter à tout moment.

Commenter l'article