Crise post-électorale

L’avocat du collectif gabonais saisit Angela Merkel sur la violation de l’état de droit du régime d’Ali Bongo

L’avocat du collectif gabonais saisit Angela Merkel sur la violation de l’état de droit du régime d’Ali Bongo
L’avocat du collectif gabonais saisit Angela Merkel sur la violation de l’état de droit du régime d’Ali Bongo © 2017 D.R./Info241

Le collectif des Gabonais de la société civile, des associations de la diaspora et des personnalités, avec l’action judiciaire de Me William Woll, avocat au Barreau de France, est décidé à démanteler la présidence controversée du régime autocratique d’Ali Bongo qui règne au Gabon après des violations outrancières des droits de l’homme et une ’’élection douteuse’’. A cet effet, les résistants gabonais accentuent la pression sur le Chef de l’Etat français, Emmanuel Macron. Au nom du collectif, Me Woll a écrit à Angela Merkel, Chancelière de la République fédérale d’Allemagne, au président du Conseil de l’Europe, Donald Tusk, et à la Haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères, Federica Mogherini.

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La stratégie diplomatique de Jean Ping et sa Coalition qui revendiquent toujours leur victoire à la présidentielle du 27 août 2016 est certes longue, toutefois, elle commence à faire germer lentement mais surement ses précieux fruits tant attendus. En effet, le peuple gabonais retient son souffle en misant son espoir autour de la crédibilité de l’Union européenne et la Commission des Droits de l’Homme de l’Union africaine sur l’issue de la crise post-électorale.

Rappelons que la dernière résolution du Parlement européen votée le 14 septembre 2017, « demande instamment à la France, en particulier, en raison de ses liens historiques forts avec le Gabon, de peser de tout son poids politique et économique sur le gouvernement gabonais et de jouer un rôle constructif au sein des institutions européennes à cet égard ; demande à la délégation de l’Union européenne au Gabon de continuer à suivre attentivement l’évolution de la situation dans ce pays et de s’appuyer sur tous les outils et instruments appropriés, ainsi que sur le dialogue politique renforcé, pour assurer le respect des éléments essentiels de l’accord de Cotonou et pour soutenir les mouvements pro-démocratiques ».

Dans le courrier à Angela Merkel, consulté par Info241, l’avocat a une fois de plus relaté le déroulé des élections au Gabon et la crise post-électorale qui s’en est suivie. Il l’a informée de la démarche du collectif des Gabonais auprès de la Commission des Droits de l’Homme de l’Union africaine en lui reprécisant les possibilités qu’offre cette saisine pour qu’elle aboutisse. Ceci, en s’appuyant sur les fraudes électorales dans le Haut-Ogooué, que l’ensemble des observateurs ont relevé.

Notre confrère d’Echos du Nord faisait déjà mention dans leur livraison du lundi 13 nombreuse dernier de cette réalité implacable : « De la Mission d’observation des élections de l’Union européenne(Moe), à l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), puis à son tour l’Union Africaine (UA), qui ira jusqu’à parler des ratures que contenait le rapport du Haut-Ogooué, toutes ces missions ont noté le manque de clarté et de cohérence dans les résultats du Haut-Ogooué ».

A côté de cela, Maître Woll indique à la Chancelière allemande l’impartialité de la Cour constitutionnelle ; notant son incapacité à agir avec équité. Dans ce courrier, l’avocat explique à cette dernière la nécessité des Etats de l’Union européenne de prendre des mesures conservatoires vis-à-vis du régime gabonais, ne fût-ce qu’en s’abstenant de recevoir Monsieur Ali Bongo. Il lui a fait observer que, en quête de légitimité, ce dernier saisit chacune des occasions où il se retrouve en présence d’un officiel, en Europe ou ailleurs, pour exploiter ces moments à des fins de propagande politique intérieure.

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Il a pris pour exemple l’exploitation que ces communicants ont fait dans ce sens de la poignée de main avec Emmanuel Macron. Fort de tout cela, l’avocat, en indiquant qu’un courrier sur cette requête avait été adressé à Emmanuel Macron le mois dernier, invite la Chancelière allemande, en des termes quasi identiques, à refuser de reconnaître le régime du monarque-président Ali Bongo.

En plus d’Angela Merkel, l’avocat a également saisi le président du Conseil de l’Europe, Donald Tusk, et la Haute représentante de l’UE Federica Mogherini ; sans omettre que de nombreux eurodéputés ont été destinataires d’un courrier informant de la démarche et demandant, sous diverses formes, leur appui auprès des Etats de l’Union européenne. Sur ce, Jo Leinen, eurodéputé allemand a déjà réagi sur son compte Twitter, jugeant inapproprié la présence d’Ali Bongo à la COP23 : « Ali#Bongo n’est pas bienvenu à la #COP23 à #Bonn. Sans légitimité du peuple gabonais, il ne représente que lui-même et son système répressif », peut-on y lire.

La saisine d’Angela Merkel et des plus hautes autorités devrait amener Emmanuel Macron à plus de circonspection sur le cas du président controversé Ali Bongo, d’autant plus que malgré les atours diplomatiques, l’Allemagne et de nombreux autres Etats d’Europe ayant ratifié les accords de Schengen, voient d’un mauvais œil la mainmise de la France dans le giron francophone. L’Allemagne, singulièrement, voit une Afrique qui pourra prendre son essor « en dépit de son instabilité chronique, de la corruption légendaire de ses cadres et plus généralement de son élite, et des fléaux de famine et d’épidémies qui lui collent encore à la peau », relevait le Courrier International (14/06) dans son édition en ligne.

Elle n’a pas dissimulé son intérêt pour ce continent qui a des possibilités de se développer si elles se débarrassaient de ses oripeaux. Pour illustrer le cas, les 12 et 13 juin 2017 à Berlin, lors du sommet du G20, Angela Merkel avait donné à neuf (9) chefs d’Etat africains l’opportunité d’y prendre part. Il serait donc très difficile que ce courrier passe inaperçu chez elle ou qu’elle y soit indifférente. L’on peut présumer de sa connaissance de la situation à partir des deux résolutions sur le Gabon par le Parlement européen, dont une intimant à la France de peser de tout son poids sur la question gabonaise.

Mais aussi via le travail mené par les eurodéputés allemands, sans oublier le passage de Jean Ping en Allemagne en juillet dernier. Il n’est donc pas à exclure que la Chancelière, foncièrement européenne, soit une voix qui devra compter dans le dossier gabonais. Mais surtout une voix opérationnelle afin que Macron comprenne que c’est avec des hommes libres de se choisir leurs dirigeants, comme il le fut par les Français, que les intérêts de la France seront en sécurité. Ne pas le comprendre ce serait les déposer sur des braises ardentes.

Avec Echos du Nord

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