Crise post-électorale

L’ambassade du Gabon en France vole au secours du beau-père d’Ali Bongo

L’ambassade du Gabon en France vole au secours du beau-père d’Ali Bongo
Les deux victimes présumées après leur « agression » © 2017 D.R./Info241

Samedi soir, Edouard-Pierre Valentin (79 ans) et son bras droit Andrew Crépin Gwodock (43 ans) ont eu la peur de leur vie. Ils ont été surpris en terrasse, alors que les deux têtes pensantes de la toute récente Société commerciale gabonaise de réassurances (SCG-Ré) sirotaient jalousement un café dans un restaurant huppé de la capitale française. Ce qui a eu le chic de faire sortir de ses gongs l’ambassadeur du Gabon en France, Flavien Enongoué, un Ali-Bongoïste aguerri.

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Dans un communiqué écrit sûrement sous le coup de l’émotion dimanche, Flavien Enongoué vole clairement au secours des proches du président gabonais qui l’a fait nommé à Paris en tant qu’ambassadeur. Bien que les "victimes" ne soient ni des diplomates, ni des fonctionnaires en séjour officiel en France, l’ambassade gabonaise a donc fait le choix de se mêler de cette affaire hautement politique.

Un communiqué politique

En effet, la société qui les emploie nos "victimes" au Gabon, la SCG-Ré, est une filiale du Fonds Gabonais d’Investissements Stratégiques (FGIS) une des nombreuses agences créés et rattachées à la Présidence de la République par Ali Bongo à son arrivée au pouvoir. Valentin, pionner de l’assurance et Gwodock son bras droit peuvent ainsi compter sur le soutien de l’Etat face à cette "agression" où "l’irréparable se serait produit" si les victimes n’avaient pas été rapidement secourus par la police française, croit savoir l’ambassadeur.

Dans le communiqué, on apprend que le président du conseil d’administration (Edouard-Pierre Valentin) et l’administrateur directeur général (Andrew Crépin Gwodock) de la SCG-Ré étaient en séjour professionnel en France depuis une semaine. Flavien Enongoué surement doté d’une boule de cristal, affirme mordicus que les militants de la diaspora auraient "rageusement investi les lieux pour porter atteinte à l’intégrité physique, à la dignité et à l’honorabilité" des patrons du secteur des assurances au Gabon.

Ce qui oblige donc l’ambassade devant une altercation qui a concerné des gabonais entre eux, à prendre le parti du beau-père d’Ali Bongo. « Au regard de la gravité des faits, précise t-il, l’Ambassade Haute Représentation du Gabon en France (..) a requis d’assister messieurs VALENTIN et GWODOCK dans l’action judiciaire qu’ils ont immédiatement engagé contre les agresseurs ». Rappelons que les "victimes" ont eu pour seule agression, des propos d’indignation sur leur connivence avec le régime que dirige Ali Bongo.

Deux poids, deux mesures

En d’autres termes, pour avoir interloqué des soutiens du régime d’Ali Bongo, les foudres de l’Etat s’abattront sur les opposants d’Ali Bongo de la diaspora. Car ceux-ci ont osé troubler la tranquillité du couple Valentin-Gwodock un samedi soir. Enfin l’ambassade gabonaise « rappelle que la démocratie, au nom de laquelle ces compatriotes prétendent agir, suppose la forclusion absolue de la violence », une recommandation qui ne s’applique visiblement pas, bien entendu, aux autorités officielles gabonaises elles-mêmes.

On se souvient que pendant les contestations post-électorales d’août-septembre dernier, le gouvernement avait ordonné l’assaut au QG de campagne de l’opposant d’Ali Bongo, Jean Ping. Cette attaque militaire avait fait plusieurs morts parmi les civils, tous des partisans de l’opposant qui n’occupaient pourtant pas la place publique. Depuis, aucune enquête n’a été ouverte pour faire la lumière sur ces crimes d’état jusque-là impunis. Ces violences imputées à l’Etat gabonais ont requis dernièrement l’ouverture d’une enquête préliminaire de la CPI.

@info241.com
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