Etude d’impact

Bilan Olam 2010-2017 : l’entreprise doit encore améliorer ses pratiques au Gabon !

Bilan Olam 2010-2017 : l’entreprise doit encore améliorer ses pratiques au Gabon !
Une vue des panélistes, hier lors de la restitution de l’étude © 2018 D.R./Info241

Hier à Libreville, c’est devant un parterre de personnalités tant du gouvernement gabonais que du groupe Olam que le cabinet Mays Mouissi Consulting basé à Quebec (Canada), aidé de Marc Ona Essangui pour le volet social, a restitué les données de son « étude indépendante » sur la filiale singapourienne de ce géant de l’agroalimentaire. Bien que l’on puisse s’interroger sur l’opportunisme de cette opération marketing sur l’impact d’Olam sur l’économie gabonaise entre 2010 et 2017 et de celle-ci, l’étude a révélé des résultats mitigés de ce duo public-privé au cœur de la stratégie de diversification de cette entreprise controversée au Gabon.

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Olam est décidément une entreprise fleurissante qui peut se targuer d’avoir réussi au Gabon depuis l’arrivée au pouvoir d’Ali Bongo en 2009. D’abord présent au Gabon dans la filière bois depuis 1999, le groupe s’est diversifié en s’offrant plusieurs grands contrats avec l’administration d’Ali Bongo. En 2016, le groupe qui pesait 3,6% du PIB nominal du Gabon et 5% du PIB nominal hors pétrole brut et services pétrolier, rapporte une étude d’impact rendu public hier par le cabinet Mays Mouissi Consulting.

Cette étude commandée par Olam Gabon et donc financée par celle-ci, a été réalisée dans le but d’obtenir un bilan des impacts économiques et sociaux de leurs activités au Gabon. Certainement pour tenter d’améliorer l’image nationale de cette filiale singapourienne qui n’en finit plus de multiplier les partenariats public-privés avec l’Etat Gabonais dans l’optique de diversifier ses activités hors agro-industrie.

Le cabinet Mays Mouissi Consulting a ainsi fourni au commanditaire de cette étude indépendante une série de 25 recommandations. Et chose curieuse, celles-ci sont à la fois à l’endroit des gouvernants gabonais, présent hier en grand nombre à cette cérémonie de restitution, et aux dirigeants d’Olam Gabon. Ce, afin d’améliorer les pratiques et de mieux gérer la question de l’emploi au Gabon.

Mays Mouissi du cabinet du même nom, hier

A l’endroit des autorités, le rapport préconise d’envisager, entre autres, la création d’un fonds qui sera alimenté par les entreprises de la filière bois, afin de financer les Petites et moyennes entreprises (PME) nationales, spécialisées dans la transformation du bois. « Au niveau de la zone économique spéciale de Nkok, on enregistre 23 % d’entreprises gabonaises et 77% d’entreprises étrangères. Il faut que cela change », souligne le rapport. Aussi, l’État devrait rendre disponibles les informations sur leur contribution dans les activités d’Olam au Gabon. Il s’agit notamment de la publication régulière d’un rapport annuel, des états financiers, etc. Ceci afin d’éviter les suspicions de la population.

Autres recommandations économiques, l’utilisation de la commande publique comme un instrument stratégique pour le développement et la densification de la troisième transformation du bois ; raccorder la Zone économique spéciale (ZES) de Nkok au chemin de fer Transgabonais. « Pour cela il faudra construire une voie ferrée d’un kilomètre », a suggéré le rapport.

Il est également nécessaire de mettre en place une discussion avec le gouvernement devant aboutir à la réservation exclusive de la commande publique de meubles aux industries locales. « Cela reviendrait à l’interdiction de toutes importations de meubles, pour le compte de l’État, les administrations et ses démembrements », a déclaré Mays Mouissi, auteur de l’étude.

Sur le plan social, suite aux limites constatées lors de l’étude, parmi lesquelles l’uniformité des contrats sociaux sur l’ensemble du territoire, sans au préalable tenir compte des spécificités propres à chaque communauté villageoise, les experts gabonais préconisent des solutions permettant d’avoir une vision autre des investissements à réaliser dans l’arrière pays.

Ainsi donc, afin de capitaliser l’investissement du groupe Olam, les spécialistes proposent la sédentarisation de la population, en réalisant des investissements structurants dans plusieurs secteurs dont l’éducation, la santé, non sans pour autant revoir la problématique de la stabilisation de l’emploi. « 85 % sur les 16000 emplois à Olam, on enregistre un très grand nombre de CDD (Contrat à durée déterminée, ndlr). Il est important de basculer vers des CDI (Contrat à durée indéterminée, ndlr). Ensuite il faudra former ces personnes », ont souligné les experts.

Pour ces intervenants, Olam Gabon doit également faire un effort pour communiquer sur sa politique de rémunération et mettre en place un suivi médical spécifique, pour les agents du port qui sont régulièrement en contact avec le minerai de manganèse. Pour ce qui est de l’État, il devrait adapter l’offre de formation selon les besoins des entreprises. D’après les experts, 73 % de l’offre de formation au Gabon concernent les lettres et sciences humaines, le droit et les sciences économiques.

Pour finir, les spécialistes recommandent une étude indépendante tous les deux ans. « Il est important qu’Olam fasse cette étude tous les deux ans, pour évaluer l’efficacité de ce que nous faisons et actualiser les informations », ont-ils conclu.

@info241.com
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