René Ndemezo’o Obiang claque la porte du PDG pour celle de l’opposition gabonaise
L’escalade des démissions des ténors historiques du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) s’est de nouveau poursuivi hier après-midi à Akanda. Le tour est revenu au député de Bitam (nord du Gabon), René Ndemezo’o Obiang de troquer ses convictions politiques pour celles défendues depuis plus de 6 mois par le Front uni de l’opposition, principal rempart de l’opposition gabonaise pressée d’en découdre avec la prétendue hérésie politique du président Ali Bongo.
« Après une longue et profonde réflexion, j’ai donc pris, ce samedi 28 février 2015, la décision historique de quitter définitivement le Parti démocratique Gabonais », a déclaré René Ndemezo’o Obiang à son domicile d’Akanda face à la presse.
« Ma lettre de démission, adressée au secrétaire général de ce Parti, a été déposée ce matin même au siège du dudit Parti », a-t-il poursuivi signifiant qu’après sa démission du PDG auquel il a appartenu pendant 30 ans, fait de lui « un citoyen gabonais totalement libre dans sa pensée comme dans son action ».
Quelques membres du Front
« En quittant définitivement le Parti Démocratique Gabonais, j’ai donc pris la décision également historique, de rejoindre toutes celles et tous ceux qui dans notre pays se battent déjà courageusement pour la libération du Gabon au sein du Front uni de l’opposition pour l’Alternance », a clamé le natif de Bitam, annonçant par ailleurs sa démission du poste de député.
Abordant les raisons de son départ du parti qu’il a longtemps servi, l’ancien ministre des Sports a évoqué entre autres « les engagements non tenus face aux attentes légitimes des populations dans les domaines essentiels tels que l’Education, la santé, le logement, la route, l’emploi, la vie chère etc. »
Une banderole symbolique
René Ndemezo’o Obiang a aussi lié sa démission aux « dysfonctionnements organisationnels notoires au sein de cette formation politique ». Pour lui, « les instances soit –disant dirigeantes comme le comité permanent, le bureau politique et le conseil national sont devenues des simples chambres d’enregistrement pour les monologues du président du parti ».
De même, pour lui les primaires au sein du Parti pour le choix des candidats de ce dernier aux diverses élections, ont démontré une évolution qu’il a qualifié de « régressive ».
Quelques leaders de l’opposition présents
« On a vu ainsi, lors des dernières élections locales, et sénatoriales, des candidats ayant remporté brillamment les primaires, être écartés par le président du parti et remplacés par ceux qu’ils avaient régulièrement battu lors de la consultation interne », a-t-il fait observer ajoutant que « dans ces conditions, il est tout à fait évident que poursuivre une soi-disant lutte à l’intérieur du PDG pour y promouvoir des réformes est devenu totalement illusoire ».
En partant, Ndemezo’o Obiang n’a pas fermé la porte d’un dialogue préalable aux élections de 2016. Sous égide africaine, ce dialogue devrait ramener le pays à la Constitution de 1991 a indiqué l’ancien secrétaire général adjoint du PDG.
Prenant la parole à son tour, le président de l’union nationale, Zacharie Myboto a qualifié de « courageuse » la décision prise par le député de la commune de Bitam, tout en indiquant que son arrivée va constituer « plus qu’une valeur ajoutée au sein de l’Opposition ». La démission du député de la commune de Bitam n’est pas une surprise. Des hebdos proches de l’opposition avaient déjà annoncé sans l’ombre d’aucun doute le départ du « Capo ».
Le 24 Août 2012, celui que les Bitamois appellent aussi René, avait interpellé ouvertement le président de la République au sujet de la concrétisation des promesses faites aux populations Bitamoises, de la province du Woleu-Ntem et de l’ensemble du pays. Certains y avaient vu un chantage affectif d’un Ndemezo’o Obiang frustré d’être sorti du gouvernement quand les pro-opposition annonçaient sa démission imminente.
Nul doute que cette énième démission du parti d’Ali Bongo, soit une nouvelle démarche de défiance du leadership du président gabonais en proie à une saillante contestation politique qui semble avoir fait des émules sur le front social, marqué lui par de nombreuses grèves sectorielles pour réclamer plus de justice sociale et de bien-être. Le front de l’opposition tient bien là un nouvelle arme contre la gestion du parti d’Omar Bongo sous Ali Bongo. Front s’étant constitué pour sa grande part de l’ancienne baronnie fidèle à Omar Bongo.
Avec AGP
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